Bemiray - Espace - La Lune, cinquante ans déjà


Bemiray ne peut pas faire l’impasse sur le cinquantième anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune. Tom Andriamanoro évoque, avec quelques détails techniques, cette épopée de Neil Armstrong, d’Edwin « Buzz » Aldrin, et de Michael Collins. Plus terre à terre, le chroniqueur suggère la possibilité de la pratique du surf sur nos côtes. [caption id="attachment_83998" align="alignright" width="300"] Les astronautes d'Apollo 11 en route vers leur fusée Saturne 5,
le 16 juillet 1969.[/caption] Ma chandelle est morte Je n’ai plus de feu Ouvre-moi ta porte Pour l’amour de Dieu Que reste-t-il du temps où la Lune appartenait à Pierrot, aux doux rêveurs, et aux auteurs de fiction depuis Jules Verne jusqu’à Hergé, le père de Tintin ? Le 20 juillet 1969, la Lune retournait à sa triste réalité minérale quand, pour la première fois, un homme foulait son sol. « Un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’Humanité », la phrase de Neil Armstrong entrait dans l’Histoire. Ils étaient trois astronautes triés sur le volet à composer l’équipe de la mission Apollo 11 : Neil Armstrong, commandant de la mission, également aux commandes du module lunaire (LEM) Eagle jusqu’au contact avec la surface. Diplômé de l’Université de Purdue (État de l’Indiana), Armstrong était un pilote de chasse, ancien de la guerre de Corée. Devenu pilote d’essai à la Naca, ancêtre de la Nasa, il a été recruté comme astronaute en 1962. Dans le cadre d’une autre mission, celle de Gemini, c’est lui qui réalisa le premier amarrage avec un autre vaisseau spatial.   [caption id="attachment_83997" align="alignleft" width="300"] Le module de commande Columbia en orbite lunaire, photographié depuis le module lunaire Eagle.[/caption] Edwin « Buzz » Aldrin, un sortant de l’Académie militaire de Westpoint, également pilote de chasse, ancien de la guerre de Corée. Il a entamé, en 1959, un cycle d’études supérieures en ingénierie spatiale et a décroché un doctorat en Sciences astronautiques. En 1966, il était le patron de la mission Gemini 12 dont l’objectif était de démontrer la possibilité de travailler dans l’espace. Michael Collins, pilote du module de commande Columbia. Également un sortant de l’Académie militaire de Westpoint, il fut sélectionné en 1963 et effectua deux sorties dans l’espace lors de la mission Gemini 10.   [caption id="attachment_84002" align="alignleft" width="300"] Michael Collins dans le module de commande et de service, le 16 juillet 1969.[/caption] Apollo 11 avait pour insigne un oiseau pygargue (aigle pêcheur), emblème des États-Unis, portant dans ses serres des rameaux d’olivier. Leur objectif principal était de réaliser le but fixé par le Président John Kennedy dans son discours du 25 mai 1961 : réaliser, avant la fin de la décennie, une sortie sur le sol lunaire et revenir sain et sauf sur la Terre. La charge émotionnelle de ce défi présidentiel pour la « grande » Amérique était telle que même l’indéniable portée scientifique de la mission s’en trouvait reléguée au second plan… Les trois hommes focalisèrent l’attention du monde entier dans cette aventure sans précédent, mais les supports au sol étaient aussi primordiaux. Des équipes se sont relayés vingt-quatre heures sur vingt-quatre au Centre de contrôle de Houston. Cliff Charlesworth, Glynn Lunney, Gene Kranz, et Milt Windler étaient les premiers responsables chargés de prendre les décisions importantes. Le contact entre le sol et l’équipage était assuré par un groupe d’astronautes maitrisant leur sujet et dénommés les « Capsule Communicators ». [caption id="attachment_84001" align="alignleft" width="300"] Buzz Aldrin aux pieds du LEM Eagle,
lors de la mission Apollo 11.[/caption] Des contraintes Cela peut sembler aller de soi, mais le site d’alunissage devait répondre à un grand nombre de contraintes, au point que trente endroits on été passés au crible par un Comité de sélection se basant sur des observations réalisées au télescope à partir de la Terre. Parmi ces contraintes on retiendra : - être sur la face visible à partir de la Terre pour permettre les échanges radio, - être à une latitude inférieure à 5° car cela influe sur la quantité de carburant consommée, - ne pas être cerné de reliefs trop élevés ou de cratères profonds qui pourraient fausser les mesures du radar d’atterrissage du module lunaire, - avoir une pente inférieure à 2° pour limiter le risque d’un atterrissage violent, - bénéficier de bonnes conditions d’éclairage. Le site retenu, car répondant à ces critères, se situe dans la Mer de la Tranquillité. Dans la continuation de la grande Première réalisée par Apollo 11, douze astronautes, tous Américains ont également foulé le sol lunaire entre 1969 et 1972. Le dernier homme à avoir marché sur la Lune était Eugene Cernan de la mission Apollo 17, le 14 décembre 1972. Depuis la mort d’Alan Bean le 26 mai 2018, ils ne sont plus que quatre à être encore en vie. [caption id="attachment_83999" align="alignright" width="300"] À bord du porte-avion américain USS Hornet,
le Président des États-Unis, Richard Nixon
parlant avec les astronautes d'Apollo 11
dans leur confinement de quarantaine,
le 24 juillet 1969.[/caption] [caption id="attachment_84000" align="alignleft" width="300"] La récupération des astronautes
dans l'océan Pacifique, le 24 juillet 1969.[/caption] Les premiers pas sur la Lune ont indiscutablement constitué un « pic » dans la conquête de l’espace. Ils ne doivent, néanmoins, pas faire oublier toutes les étapes franchies tant du côté américain que soviétique dans le contexte de la Guerre Froide, et qui ont permis à la technologie spatiale de parvenir à ce stade. On n’oubliera pas la « préhistoire » de la grande épopée avec la chienne soviétique Laïka qui fut le premier « être » vivant à réaliser une orbite en 1957. Elle mourut, au bout de quelques heures, devenant du même coup la première à décéder dans l’espace. Comment oublier aussi la première femme cosmonaute Valentina Terechkova qui, pour y parvenir, dut suivre une formation qui découragerait plus d’un homme normalement constitué : vols en apesanteur, tests d’isolement et de centrifugeuse, entraînement de pilote de combat sur Mig-15 UIT, cent-vingt sauts en parachute ?… Et les programmes américains d’exploration, qui ont permis aux sondes de survoler des planètes aussi lointaines que Pluton ? Mais la figure la plus emblématique de la conquête spatiale restera à jamais le premier homme à avoir effectué un vol orbital : Youri Gagarine et son visage poupon d’éternel adolescent. Il écorna malheureusement son capital-sympathie par cette phrase qu’il aurait pu garder pour lui-même : « Je suis monté au ciel mais je n’ai pas vu Dieu ». [caption id="attachment_84005" align="alignleft" width="300"] À défaut de surf tout court, le kitesurf est déjà pratiqué
du côté de Nosy Be.[/caption] Mer et loisirs - Le surf, un sport de rois Discipline tout sauf facile car pouvant se définir comme un défi aventureux aux fortes vagues, le surf a été découvert au début des années 1900 à Hawai. C’était un sport réservé aux nobles qui s’entrainaient et se mesuraient entre eux dans une surenchère de témérité dans des figures essayées « à flanc » de vagues ou en s’engouffrant dans d’impressionnants tunnels liquides. La taille de la planche utilisée était fonction de l’importance et du rang social acquis par celui qui la montait. Le surf s’appelait alors « He’e’nalu », et le roi avait tout naturellement la planche la plus imposante.   [caption id="attachment_84006" align="alignright" width="300"] John John Florence, surfeur professionnel américain est considéré comme l'un des plus talentueux surfeurs hawaïens de sa génération.[/caption] L’arrivée des missionnaires bouleversa toute cette tradition. Beaucoup d’aspects de la culture locale furent frappés d’interdiction, et le surf en faisait partie. Il était en effet perçu comme une communion à caractère païen entre l’homme et des puissances occultes habitant dans les vagues. La relance eut lieu plus tard, quand le surf parvint à s’affranchir de cette sacralité qu’on lui attribuait à tort. On était au début du XXè siècle et le surf commençait sa conquête du continent américain. Le premier « ambassadeur » du surf était un nageur hawaïen du nom de Duke Kahanamoku, comme quoi les pratiquants de ce sport tenaient encore aux attributs d’une certaine aristocratie. Le « Duke » étendit sa… croisade jusqu’en Australie, un pays-continent très tourné vers la mer où l’implantation se fit sans problème. Au fil de l’engouement suscité par ce sport aux allures d’art, tout un style de vie se greffa sur le surf, lequel n’atteignit la France que tardivement. On était alors en 1950. Le Graal !   [caption id="attachment_84007" align="alignnone" width="300"] Carissa Moore, surfeuse professionnelle
est devenue la plus jeune championne
du monde de surf, en 2011, à l’âge de 19 ans.[/caption] Les passionnés voyageaient beaucoup, motivés par la recherche de nouvelles vagues et de nouvelles confrontations alliant la performance et l’esthétique. L’Indonésie des années 1970, par exemple devenait un hot spot très couru malgré un déficit encore flagrant en infrastructures. Le mouvement hippie des années 60 et 70 tenta de récupérer une activité sportive dans laquelle il trouvait quelques affinités pour ne citer que l’appel de la nature. Mais, sport de liberté par excellence, le surf sut préserver cette qualité. Aujourd’hui encore, il se dit que les surfeurs sont les sportifs les plus écolos qui puissent se trouver. Le surf connut des évolutions techniques notamment dans la forme et les dimensions de plus en plus petites da la planche. Il est vrai que de moins en moins de rois le pratiquent ! Le pratiquant définit sa passion comme une véritable communion avec la vague, une communion atteignant son apogée lors de l’entrée spectaculaire dans cette caverne d’eau qu’on surnomme aussi le « tube ». Une quête du Graal ! Tout comme le tennis et son ATP, le surf possède son circuit où sont classés les quarante-quatre meilleurs compétiteurs mondiaux. Le calendrier du championnat du monde de « short board » comporte douze étapes mensuelles. Le short board, ou petite planche, est plus maniable et permet d’exécuter des figures sportivo-artistiques qu’on croirait sans limites. Parallèlement, il existe des Festivals comme celui de Biarritz qui est le cadre d’une compétition de « long board », la grande planche plus proche du surf originel. Les plus grands pays de surf sont actuellement l’Australie, l’Afrique du Sud, l’Indonésie, et le Brésil dont les favélas, l’équivalent de nos « bas quartiers », ont déjà produit de grands champions du monde. On peut y ajouter les Fidjii, les îles Cook, et toute la Polynésie française. Madagascar peut s’en inspirer avec ses cinq mille kilomètres de côte où l’on peut trouver des mers pour tous les goûts et, pourquoi pas, pour le surf. Les meilleurs spots potentiels se trouvent sur la Côte Est et le Sud-Ouest. Une niche, une de plus, à exploiter pour le tourisme sportif. [caption id="attachment_84004" align="alignright" width="300"] Ce socle, œuvre de Bruno Decorte, marque le passage du Tropique du Capricorne à 18 km de Toliara.[/caption] Tropique - Capricorne, une ligne mythique Le Tropique du Capricorne est le plus méridional des cinq parallèles principaux indiqués sur les cartes. Pour être plus précis, il s’agit du parallèle de 23°26’14’’1 de latitude Sud. Cette ligne fictive traverse dix pays à savoir : la Namibie, le Botswana, l’Afrique du Sud, le Mozambique, Madagascar, l’Australie, le Chili, l’Argentine, le Paraguay, et le Brésil. Certains grands voyageurs avides de détails insolites savent qu’à Madagascar, le Tropique passe à moins de quinze kilomètres du centre-ville de Toliara, et qu’au Brésil il coupe littéralement la route menant à l’aéroport de Sao Paulo. Sa latitude permet d’apercevoir le soleil au zénith, c’est-à-dire très exactement à la verticale de l’observateur lors du solstice de décembre : il est alors midi, heure solaire, le 21 du dernier mois de l’année. Dans le Sud-Ouest malgache, le passage du Tropique du Capricorne est marqué par un socle de deux mètres de hauteur et de huit mètres de longueur que surplombent deux cornes géantes de zébu. Ce monument, œuvre de l’architecte Bruno Decorte, a été réalisé avec le concours de la Coopération allemande. On est ici dans l’aire protégée de Tsinjoriake, classée en 2012, qui s’étend de la Montagne de la Table jusqu’au majestueux fleuve Onilahy. La RN7 n’a alors plus que quelques kilomètres à comptabiliser avant de parvenir à son terminus : Toliara. [caption id="attachment_84003" align="alignleft" width="300"] Le Joola au port de Ziguinchor
Sénégal, en 1991.[/caption] Rétro pêle-mêle Un imbroglio judiciaire : le Joola story. Le Joola était un bateau effectuant la liaison régulière entre Dakar et la région sénégalaise de la Casamance séparée du reste du pays par la Gambie. Surexploité, victime peut-être aussi d’une maintenance défaillante, il fit naufrage le 26 septembre 2002, faisant plus de 1 800 victimes dont vingt-deux Français. Le cas de ces derniers fut le détonateur d’une surenchère judiciaire inédite entre les justices française et sénégalaise. Acte 1, fort des prérogatives que lui accorde le droit français, le juge parisien Jean Wilfrid Michel délivre neuf mandats d’arrêt contre de hautes personnalités sénégalaises pour enquête sur leurs responsabilités. Acte 2, réplique sénégalaise. S’appuyant sur une loi sénégalaise permettant aux juridictions sénégalaises de se saisir des cas de crimes et délits subis par des ressortissants de ce pays à l’étranger, une famille dakaroise, dont des membres ont péri dans l’incendie d’un hôtel parisien, a saisi le Procureur de la République du Sénégal pour que les responsabilités françaises dans cette affaire soient situées. Acte 3, portant le bouchon encore plus loin, un mandat d’arrêt international est lancé par Dakar à l’encontre du juge Jean Wilfrid Michel « suite à l’ouverture d’une information judiciaire pour forfaiture et acte de nature à jeter le discrédit sur les institutions sénégalaises ». La parole au Président Abdoulaye Wade : « Ces juges (français) qui inculpent même des chefs d’État à tour de bras, il faudrait que quelque chose les arrête (…) Toutes les victimes du Joola ont été indemnisées et seules les victimes européennes ont refusé que le procès se tienne au Sénégal. En vertu de quoi ? Par mépris pour notre justice ? » Lettres sans frontières - Dox De son vrai nom Jean Verdi Salomon Razakandraina, Dox était un des grands de la littérature malgache. Mais d’où lui est donc venu ce nom de plume sonnant comme un sobriquet ? Pour la petite histoire, Doxieville était l’enseigne d’une petite épicerie jouxtant le collège protestant où il faisait ses études, devenue le quartier général de toute sa petite bande. D’autres y voyaient un diminutif de « paradoxe » dont il s’est toujours voulu être l’antithèse. Des plaisantins, enfin, y reconnaissaient l’anglais « ox » car une des préoccupations des poètes serait, comme celle des bovins, de contempler le monde. C’est dans ce Collège Paul Minault qu’il développa une fibre poétique nourrie à la coupe des Paul Verlaine, Victor Hugo, et autres Sully Prudhomme. Sans oublier l’influence de sa grand-mère Razoasy qui lui inculqua l’amour de la langue malgache et des Hain-teny. Chants capricorniens O combien d’énigmes pose ta provenance Ainsi que celle de tes premiers habitants ! Un certain Hernst Hoeckel dit qu’avec Ceylan Tu restes les vestiges d’une lointaine existence. Celle d’un grand continent dans les mers asiatiques Je rêve à cela en pensant à l’Orient Comment s’est-il créé cet océan Indien D’où nous vint le déluge inondant nos tropiques Est-ce du maléfice du Cancer lui-même ? Le Capricorne, touchant à notre Sud extrême Nous a-t-il détournés du cataclysme fatal ? Est-ce ainsi que notre île à longue chevelure Belle de ses forêts, née dans une aventure Enfantera sans cesse ? O mystère triomphal !    
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