Retour sur terre


L’illusion des fêtes est passée. Malgré ses innombrables difficultés au quotidien, la population n’a pas laissé passer l’opportunité de pouvoir se destresser des charges de plus en plus lourdes de son existence. La plupart ignorent certainement quoi fêter et ne se seraient même pas posés cette question. Beaucoup ne savent pas le sens de l’indépendance et sont loin de mesurer l’importance des luttes indépendantistes qui ont coûté la vie à de nombreux martyrs. La majorité se contente de faire une fête au même titre que Noël, Nouvel an ou Pâques. Il est vrai que les événements de 1947 sont vieux de 75 ans pour être à la portée de la nouvelle génération. Ceux de 1972 datent d’il y a un demi-siècle. C’est d’autant plus inintéressant pour les jeunes que les figures de proue de la lutte pour l’indépendance et la liberté ont tous disparu qu’il n’y a plus personne pour servir d’icône, au moins d’un modèle. C’était donc juste une fête comme une autre. Aujourd’hui n’est pas un autre jour. Tout le monde va se retrouver avec les dures réalités de la vie. Ceux qui ont un peu de souvenir de la période coloniale ou de la première République estiment que finalement l’indépendance n’aura servi à rien et étant donné qu’il nous a permis à mieux nous dépendre de l’étranger et à perdre sur tous les plans y compris les lambeaux de culture qui restaient. L’indépendance a rendu la vie plus difficile en matière d’éducation, de santé, d’énergie, de carburant, de sécurité, d’entrepreneuriat, de pouvoir d’achat, de liberté, de moralité, d’administration… En fait, la fausse indépendance était offerte alors qu’on n’était loin de pouvoir l’assumer. Un cadeau empoisonné en somme. Mais c’est surtout les années après l’ère Tsiranana qui ont enfoncé le pays avec des tâtonnements, des crises à répétition, une banalisation de la fonction politique, des élections contestables et des institutions qui ne le sont pas moins. Les acquis de la première République ont tous disparu ou ont été anéantis y compris les principales valeurs morales et éthiques de la société. On va de nouveau faire face au délestage, à la hausse des prix, à l’insécurité, aux grèves … après deux jours de trêve. C’est le sursis accordé par la Jirama. Hélas, il ne s’agit pas de téléréalités ni de réalités virtuelles mais d’histoires vraies. Un retour sur terre fracassant.
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