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Sécurité – Le défaut de la cuirasse

Deux morts et quatre vingt-quatre blessés. Tel est le bilan des attentats qui ont endeuillé les festivités du retour à l’indépendance, censées être sous haute sécurité.

Failles. Les célébrations du 56e anniversaire du retour à l’indépendance de Madagascar étaient pourtant annoncées sous haute sécurité, afin de permettre à la population de se réjouir en toute quiétude. Au final toutefois, les deux jours de fêtes se concluent par un attentat avec « une grenade offensive », ayant fait deux morts et quatre vingt-quatre blessés.
Depuis plusieurs jours pourtant, les responsables des forces de sécurité dans la région Analamanga ont affirmé l’existence de renseignements indiquant des préparatifs d’actes visant à chambouler les festivités d’indépendance. Lors d’une dernière conférence de presse d’avant-fête, vendredi, le général Florens Rakoto­mahaninina, commandant de la circonscription interrégionale de la gendarmerie nationale (CIRGN), a même déjà fait état de renseignements indiquant des intentions d’attentat à la grenade.
« Ce sera une sécurisation totale », a été annoncée à la presse, vendredi, au camp de Fiadanana. Plusieurs centaines d’éléments déployés sur terrain, triple rideau de sécurité sur le chemin allant d’Anosy au stade de Maha­masina, fouilles systématiques des personnes entrant dans le stade ont été de mise, hier. Au micro de la télévision nationale, le général Anthony Rakoto­arison, directeur de la sécurité et des renseignements auprès de la gendarmerie a mis en avant l’arrestation d’individus en possession de bombe lacrymogène.
« Vous dites que nous exagérons, voire inventons les renseignements. En voilà des preuves que nous n’exagérons ni n’inventons rien », a déclaré l’officier général, hier en marge du défilé militaire de Mahamasina. Samedi vers 4 heures et hier vers 8 heures, deux explosions ayant causé des dégâts minimes se sont produits à Anosy.

Commandité   
« La conjoncture politique, particulièrement en ce moment, a imposé des mesures de sécurité particulièrement drastiques. Au moins, une centaine d’agents de renseignements étaient parmi les spectateurs du défilé », a indiqué une source militaire au sein du comité d’organisation des festivités du 26 juin.
Il est fort probable que le même quota d’informateurs était au milieu des fêtards l’après-midi. Le fait qu’une « grenade offensive » ait été introduite dans le stade de Maha­masina indique, cependant, qu’il y a eu une faille ou un relachement dans le dispositif de sécurité censé avoir été blindé, pour justement éviter les drames d’hier. Certes, mais comment une telle chose a pu se produire   Qui sont les responsables   Conjuguant déflagration meurtrière d’hier au stade de Mahamasina avec les deux d’Anosy, certaines sources avancent que « ce sont des actes prémédités ».
Les mêmes questions et hypothèses ont été soulevées après l’attentat du 25 janvier 2014. Jusqu’ici, pourtant, aucune réponse n’a été apportée par ceux qui devaient être en charge de l’enquête. Des investigations qui se sont perdues en route. Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, a déploré « l’usage d’arme de guerre ». La source militaire d’hier soutient : « Il m’étonne que des civils puissent avoir accès ou être en possession de bombes lacrymogènes ».
Hier, lors de sa visite aux victimes au Centre hospitalier universitaire Ravoa­hangy Andrianavalona (CHU-HJRA), Hery Rajao­nari­mampianina, président de la République, en qualifiant l’acte d’hier de « terrorisme », a déclaré qu’il a donné comme consigne de « traquer les responsables, afin qu’ils soient jugés et punis des charges les plus lourdes permises par la loi ». Des propos repris par le Premier ministre, qui a requis la célérité de l’enquête.
Outre identifier les auteurs et probables « commanditaires » des actes d’hier, le souhait de l’Exécutif pourrait s’expliquer par celui de clarifier les faits. L’inter­vention du locataire de Mahazoarivo semble, en effet, surtout avoir été dans le but de répondre aux « allégations », imputant « l’instigation » de cet « acte terroriste » à des proches du pouvoir. Dans sa contre-attaque, le Premier ministre Mahafaly affirme clairement ses soupçons contre « des opposants politiques qui visent à discréditer le pouvoir par un  acte terroriste ». Avant toute accusation, il faudrait, préala­blement, que l’enquête arrive à terme cette fois-ci.

Garry Fabrice Ranaivoson