Inno...sang


Il fallait s'y attendre. Avec le verrouillage à triple tour effectué par le pouvoir pour museler l'opposition, pour annihiler tout germe de contestation, pour anéantir tout support de communication défavorable, l'extrémisme naît de lui-même sans avoir besoin d'aucun mode d'accouplement. Quand tout meeting est interdit, quand la pressse et les réseaux seront bientôt bâillonnés, la violence reste le dernier mode d'expression auquel recourent ceux qui ne partagent pas la politique du pouvoir. Quand on ferme la porte de l'écoute et du dialogue, la violence entre par la fenêtre sans prévenir à l'instar des...voleurs. Après le vote au Sénat du code de la communication qui sonne le glas pour la presse avec des articles particulièrement astreignants, l'État a montré hier à Mahamasina qu'il ferait tout pour maintenir la stabilité du pouvoir et la légalité. Ainsi pour mater certaines intentions de conspuer le Président, des militaires et des centaines d'agents de renseignements étaient postés dans les gradins déjà remplis préalablement d'élèves et de spectateurs indemnisés, pour surveiller les éventuels perturbateurs. Même Ratsiraka, qualifié de dictateur, n'a jamais procédé à une pratique digne de Staline. Bien évidemment, le Président n'a essuyé aucun sifflet évitant l'affront mais il n'a pas non plus eu droit ni à des hourras encore moins à un standing ovation. Visiblement ce n'était pas dans le contrat et puis, c'est difficile de faire semblant quand cela ne vient pas du cœur. Le pouvoir pensait  avoir gagné sur tous les tableaux avec les mandats d'arrêt, le vote du code de communication, mais il est très vite rattrapé par le spectre des attentats qui montrent que ses adversaires sont aussi prêts à tout, quitte à tuer des inno..sangs. C'est donc visiblement parti pour une spirale de violences comme c'est le cas lors des attaques meurtrières perpétrées par des dahalo contre les gendarmes dans le Sud. Le Premier ministre de l'époque  avait carrément lancé une chasse aux dahalo et criait vengeance. Ces derniers rendaient coup pour coup et leur dernier fait d'arme remonte à la semaine dernière tuant trente-sept passagers d'un taxi-brousse à Beroroha. Il y a deux ans, juste après la cérémonie d'investiture à Mahamasina, un avertissement avait été lancé à l'endroit de Rajaonarimampianina à travers des grenades lancées sur la foule à Anosy tuant deux enfants et blessant plusieurs personnes. Aucune arrestation, aucun procès malgré les indices recueillis sur les éclats qui auraient pu permettre de connaître l'origine des grenades et pourquoi pas leurs propriétaires. Visiblement le mode opératoire était le même hier à Mahamasina. Les auteurs du crime pourraient donc être les mêmes. Ils seront punis sans la moindre pitié selon le Président comme si le code pénal le permettait. Il faut d'abord avoir le courage et la volonté des les attraper. Ce qui n'est pas certain à en juger ce qui s'est passé hier. Les forces de l'ordre avaient affirmé par dessus le marché que la sécurité était totalement maîtrisée dans toute la ville en général et à Mahamasina en particulier. Comme d'habitude, les vrais terroristes ne sont jamais attrapés, seuls les apprentis se font prendre bien avant de commettre leur forfait. Il faut sanctionner aussi bien les coupables que les responsables défaillants qui parlent plus qu'ils n'agissent. Une grenade offensive n'est pas un feu d'artifice ni un pétard qu'on peut acheter au bord de la rue. Elle a un «pedigree» qui indique d'où elle vient et à qui elle appartient. Mais comme la vente de pétard, soi-disant interdite, n'a pu être empêchée, on doute fort qu'on puisse retracer les «parents» d'une grenade. Par Sylvain Ranjalahy
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