Fermeture des frontières - Le vol de la discorde débarque à Ivato


Un vol d’Air France bondé de passagers a débarqué à l’aéroport d’Ivato, hier. Mercredi, le conseil des ministres a pourtant, édicté la fermeture des frontières pour tout voyageur venant de l’étranger. Stupeur générale, hier. Un avion de la compagnie Air Fran­ce a atterri à l’aéroport d’Ivato, en milieu de matinée, avec à son bord des passagers. Ils étaient au nombre de deux cent quatre vingt selon les informations. Un fait qui a suscité un tollé de la part de l’opinion publique. Mercredi, en effet, le conseil des ministres a édicté que « plus aucun voyageur venant l’étranger ne pourra entrer à Madagascar, quel que soit son lieu de départ ». Ceci, pour protéger le pays contre la propagation des variantes du coronavirus. Déjà que le virant sud-africain de la Covid-19 fait des ravages, tous redoutent le risque d’une incursion du variant brésilien et du variant indien. Des cas de ces variantes particulièrement meurtrières sont déjà signalés en Europe. Convoquant la presse au pied levé, en début de soirée, hier, Joel Randriaman­dranto, ministre des Trans­ports, du tourisme et de la météorologie, a essayé de calmer le jeu en avançant des explications. Il soutient que le vol d’hier a obtenu une autorisation bien avant le discours présidentiel du 18 avril. Le ministre Randriaman­dranto plaide, aussi, que tous les passagers de l’avion sont des Malgaches ou des diplomates résidents à Madagascar. Seulement, la décision prise en conseil des ministres est sans ambages. Dans sa version en malgache, notamment, les mots utilisés impliquent un effet immédiat de la mesure. Elle ne fait aucune distinction entre citoyen malgache, résident, ou touriste. Motif impérieux Sur sa page Facebook, hier, Rinah Rakotomanga, directrice de la communication et des relations publiques de la présidence de la Répu­blique, indique qu’il s’agit de respecter un accord déjà acté. En cette période d’état d’urgence sanitaire, toutes les mesures spéciales édictées par l’État sont motivées par le souci de préserver la santé publique. Protéger la population ne serait-il un motif impérieux pour casser un accord et annuler un vol potentiellement dangereux ? Éviter une éventuelle friction diplomatique vaut-il la peine de jouer cette partie de poker sanitaire ? Les partenaires n’en auraient, probablement, pas tenu rigueur à Mada­gascar étant donné le contexte. Le ministre des Trans­ports a assuré, hier, qu’il s’agit du dernier vol débarquant à Madagascar, avec des passagers à bord. Qu’ils ont embarqué avec un test PCR négatif et ont été de nouveaux testés PCR à l’arrivée. Il atteste, aussi, que tous les passagers ont directement été transférés dans deux hôtels pour une mise en quarantaine stricte, jusqu’à ce que les résultats de leur test fait hier, soient connus. Les faits d’hier, ont toutefois douché la confiance de l’opinion publique en l’intransigeance des autorités sur l’application des mesures sanitaires. Les doutes sur le fait qu’ils s’agissent des derniers voyageurs à débarquer au pays foisonnent. La fermeture des frontières a, d’autant plus, déjà été édictée depuis plusieurs semaines, mais il y a toujours eu des dérogations. Le vécu depuis le début de la crise sanitaire conforte, par ailleurs, les inquiétudes sur la rigueur la mise en quarantaine. Les variantes de la Covid-19 sont réputées, par ailleurs, être difficiles à dépister par les tests classiques. Dans un débat lancé sur sa page Facebook, dimanche, la directrice Rakotomanga a avancé l’idée de « donner une seconde chance avec des mesures sanitaires et préventives strictes », aux citoyens et résidents coincés à l’étranger. Ceci au motif qu’ils y rencontreraient des difficultés administratives et financières. À Madagascar des étudiants et travailleurs coincés dans les circonscriptions en quarantaine veulent, également, rentrer chez-eux. Ils rencontrent, également, des difficultés économiques et professionnelles. Seulement, les autorités appliquent de façon stricte les mesures sanitaires. Même les droits et libertés fondamentaux sont sacrifiés sur l’autel de la guerre sanitaire. À cela s’ajoutent les sacrifices socio-économiques des confinements. Faire un choix pourrait être cruel. La détresse de quelques centaines de personnes vaut-elle la peine d’exposer la population à un risque délétère ? Les faits d’hier, accentuent, du reste, la psychose populaire. Tous ont encore en tête que les dérogations accordées aux vols internationaux, en mars 2020, sont, en partie, responsables de l’invasion du coronavirus à Madagascar.
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