Avis aux amateurs


Référendum ou pas? Pour le moment aucun décret n’a été pris par le gouvernement pour son annulation ou pour son maintien. Il faut savoir que la Haute Cour Constitutionnelle n’a émis qu’un simple avis qui vaut ce qu’il vaut. Le président de la République est parfaitement libre de s’y conformer ou pas. Pour le moment, il a fait savoir son indignation, son amertume sur son compte Twitter. Des réactions épidermiques reprises par son entourage à l’encontre de la Haute Cour Constitutionnelle dont on a demandé l’avis ? Fallait-il que la HCC valide le projet coûte que coûte malgré les imperfections flagrantes ? Quand on demande un avis, c’est comme on organise un référendum. Il y a deux réponses possibles, oui ou non. Si on n’est pas satisfait, un président de la République digne de son rang n’ira pas mettre en cause l’intégrité d’une institution, voire la dénigrer. Un Président est différent d’un candidat à la présidence qui peut se permettre de critiquer les méthodes de la Ceni ou de contester les résultats publiés par la HCC . Un Président c’est une autre stature, une autre étoffe, un autre esprit. C’est d’autant plus vrai que pour avoir fait le coup d’État de 2009, Rajoelina n’est pas mieux placé pour affirmer que la HCC, par son avis, a bafoué le choix du peuple. Ou de déclarer par dessus le marché que l’avis de la HCC va retarder la décentralisation effective. Il aurait dû tout simplement mettre les gouverneurs dans cette Constitution qu’il a conçue en 2010 s’il avait vraiment cette conviction. La HCC n’a fait que montrer comment lire les articles dans une Constitution. À l’image de l’alphabet, il faut commencer par A et ansi de suite et surtout pas débuter par Z comme cela a été le cas. Remettre en cause la nomination des juges de la HCC, c’est faire preuve de petitesse dans une grande affaire. Comment le Président va-t-il encaisser ce coup de massue? Il ne peut que s’en prendre à lui-même et à ses proches conseillers qui l’ont poussé dans ce cul de sac à en juger certaines déclarations à la presse persuadant que l’acte était parfaitement conforme à la Constitution. Heureusement que le Président a eu le réflexe de demander l’avis de la HCC lorsque cela a senti le roussi. Les dégâts auraient été irréparables si la HCC avait opté carrément pour l’annulation sans être consultée. Il faut qu’il affiche de l’élégance, prenne de la hauteur et montre qu’il est bel et bien à sa place. Il faut dire qu’il ne suffit pas de se préparer à gagner une élection, il faut surtout apprendre à bien enfiler la veste d’un Président. Oublier qu’il n’est pas seulement le Président de ses partisans, de ses zélateurs, de son parti, de ses employés mais aussi de ceux qui ne l’aiment pas et n’ont pas voté pour lui, de ceux qui passent leur temps à le critiquer. Depuis le début, cette affaire a été mal enclenchée. Annoncer un référendum de but en blanc à l’issue d’un conseil des ministres spécial après avoir déclaré urbi et orbi à maintes reprises que le changement de Constitution n’était pas sa priorité pour au moins deux ans, c’était une audace juste périlleuse. La publication de plusieurs communiqués différents à l’issue du conseil des ministres laisse croire qu’il manque vraiment une coordination et des profes­sionnels au sommet de l’État. On n’oublie pas les nominations aussitôt abrogées pour des raisons jamais élucidées. Face à ces dérapages incontrôlés à répétition et au tâtonnement manifeste dans la gestion des affaires de l’État, la HCC ne peut qu’émettre un avis aux amateurs. Maintenant, il ne faut pas passer de l’erreur à la bêtise. C’est mentionné dans un article sans numéro de la loi fondamentale que personne n’a évidemment ni vu ni lu.
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