Crise - Les négociations bloquées


Les députés d'opposition rembarrent les négociations démarrées au bureau de l'Union africaine et campent sur leur revendication. Rivo Rakotovao ouvre la porte à un compromis politique, mais balaie la démission présidentielle.Fin de non recevoir. Les informations glis­sées par certaines indiscrétions, mercredi, ont été confirmées publiquement hier, par les « députés pour le changement ». Ces derniers refusent le dialogue initié au bureau de l'Union africaine, Ankoron­drano, dans la soirée de mercredi. Ils ont boycotté une seconde rencontre prévue hier en fin d'après-midi. À entendre le récit de maître Hanitra Razafima­nantsoa, vice-présidente de l'Assemblée nationale, le dialogue qui a eu lieu à Ankorondrano mercredi aurait été « à la demande du président de la République ». Selon ses dires, la délégation des « députés pour le changement » n'aurait pas su préalablement que l'invitation à venir au bureau de l'Union africaine était pour un face-à-face avec Rivo Rakotovao, président du Sénat et du parti « Hery vaovao ho an'i Madagasikara » (HVM). « Nous ne nous sommes pas convenus préalablement de cette démarche. C'est par politesse que nous avons répondu à votre invitation. Pour vous écouter. Ce n'est pas parce que le résident d'Atsimondrano [en référence au chef de l'État] veut une concertation, par ailleurs, que nous allons y participer », scande la membre du bureau permanent de la Chambre basse. Peu avant les prises de parole à Ana­lakely, Rivo Rakotovao, invité de l'édition du midi du journal de BBC a pourtant affirmé qu'« un espace de discussion a commencé hier ». Préalable Selon le président du parti au pouvoir, les deux parties à l'échange de mercredi se seraient « entendues sur des démarches qui restent dans le cadre légal et l'État de droit, tout en acceptant qu'il y ait des discussions politiques ». Tablant sur le cadre légal des discussions, le numéro un du Sénat ferme la porte à la démission revendiquée sur le parvis de l'hôtel de ville. « Il n'est pas question de démission. J'ai bien dit dans un cadre légal, (…) c'est pour que nous puissions aller dans une voie démocratique par l'élection », réplique-t-il. Rivo Rakotovao laisse toutefois une ouverture pour « un compromis politique », citant l'exemple des débats sur les lois électorales. Seulement, il pose comme préalable l'apaisement. « Il faut d'abord rechercher l'apaisement, parce qu'on ne peut pas négocier sous la pression », avance le président du HVM. Sur l'ancienne place du 13 mai, le leitmotiv reste la demande de la démission du président de la Répu­blique, du gouvernement et des présidents des deux Chambres parlementaires. Les discours sur le parvis de l'hôtel de ville écartent, par ailleurs, toute idée d'apaisement. « Vous nous demandez de calmer l'opinion, mais nous avons déjà tiré la sonnette d'alarme sur ces lois discriminatoires, et prévenu que nous allions faire un rapport à la population le 21 avril, mais ni l'État, ni la communauté internationale n'a réagi, alors voilà le résultat », soutient maître Razafimanantsoa. « Il n'y a pas de dialogue, ni d'apaisement qui tienne. Il y a eu des morts et des blessés », renchérit la députée Christine Razanamahasoa. Devant les manifestants du parvis de l'hôtel de ville, il a été scandé, « nous ne dialoguerons pas tant que la population ne nous autorisera pas à le faire. Nous ne discuterons pas si ce n'est pas pour réaliser le souhait de la population ». Les médiateurs de la tension politique actuelle, de prime abord, auront fort à faire pour amener chaque partie à une issue consensuelle. Chissano critiqué Les orateurs, durant la manifestation sur le parvis de l'hôtel de ville hier, ont critiqué la décision de la Communauté de développement des États d'Afrique australe (SADC), d'envoyer « en urgence » Joachim Chissano, ancien président mozambicain, pour dénouer le bras de fer politique. Ils affirment que les médiations faites par l'envoyé de la SADC durant la crise de 2009 à 2013 auraient amené d'autres problèmes. L'ancien chef d'État mozambicain ne devrait cependant pas être le seul médiateur international qui tentera d'amener les protagonistes de la tension politique actuelle à trouver un terrain d'entente. Dans une déclaration datée du 23 avril faite à Addis-Abeba, le président de la Commission de l'Union africaine a appelé les acteurs malgaches « à privilégier le dialogue, la concertation et le consensus pour assurer le bon déroulement et la conclusion paisible des prochaines échéances électorales, et ainsi préserver la stabilité du pays ». Dans ce sens, Ramtan Lamamra, Haut représentant de l'Union africaine « pour faire taire les armes en Afrique », est dépêché dans la Grande île pour « promouvoir le dialogue et la résolution pacifique de toutes les questions pendantes ». Une information confirmée par une source ecclésiastique indique, par ailleurs, que le Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) ont aussi décidé d'entrer dans la médiation du bras de fer politique. Il convie les deux camps belligérants, mais aussi, tous les acteurs politiques, civils et militaires du pays à assister à un culte qui marquera le début de son entrée en jeu, dimanche, à l'église anglicane Andohalo. Garry Fabrice Ranaivoson
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