Session parlementaire - Vent de fronde à Tsimbazaza


L’élection des représentants de la Chambre basse à la HCC a montré au grand jour la crispation qui couve dans les rangs de la majorité. Christine Razanamahasoa invite les responsables politiques à en prendre note. Une forte piqûre de rappel. C’est ainsi que des voix à l’Assemblée nationale qualifient l’issue de l’élection des deux représentants de cette institution à la Haute cour constitutionnelle (HCC). Un épisode qui témoigne du malaise qui règne dans les rangs de la majorité présidentielle, selon les indiscrétions. Les répliques de la secousse causée par le vote de mercredi, se ressent toujours à la Chambre basse. Une fois n’est pas coutume, Christine Razanamahasoa, présidente de l’Assemblée nationale, y a fait directement référence dans son discours de clôture de la session extraordinaire, hier. « Tel est le résultat. La démocratie a parlé et nous respectons cela. J’attire, toutefois, l’attention des responsables politiques afin qu’ils décortiquent ces résultats car il y a des failles à résorber », déclare-t-elle au Centre de conférences international (CCI) à Ivato. Durant l’élection des représentants de l’institution de Tsimbazaza à la HCC, des députés du groupe parlementaire majoritaire Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina (IRD), se sont rebiffés. Une partie des députés orange n’a pas suivi la consigne de vote. Ces députés ont mis sur le carreau l’un des deux candidats soutenus par le pouvoir, préférant à sa place celui proposé en coulisses par les indépendants rassemblés au sein du Groupe parlementaire républicain (GPR). L’IRD et GPR ont toujours accordé leurs violons afin de former une méga majorité derrière le pouvoir. Mercredi, toutefois, l’alliance entre les indépendants et une partie des députés de la majorité a ramé à contre-courant. Une faille dans laquelle le groupe parlementaire d’opposition Tiako i Madagasikara (TIM), s’est engouffré. Un coup de maître Les votes des députés TIM ont boosté les suffrages obtenus par le candidat soutenu en coulisse par le GPR et une partie de l’IRD. « Celui ou celle qui a réussi cette manœuvre politique a fait un coup de maître », reconnait un député orange contacté. Dans les rangs de l’IRD, quelques-uns affirment avoir été tenus à l’écart de l’opération. « La consigne de vote était claire. Je pensais que ça allait se passer comme d’habitude. J’ai été estomaqué durant la décompte des voix », confie un élu orange. Les députés approchés ou contactés concèdent que ceux qui ont été aux manettes de la gifle de mercredi, ont su surfer sur la frustration latente dans les rangs de la majorité. «Pour la plupart de nos pairs, ce vote a été l’occasion de faire passer un message à l’Exécutif », chucho­te l’un d’entre eux. Au-delà du sempiternel débat sur les avantages et privilèges des élus de l’Assem­blée nationale, « le manque de considération et le dédain », que subiraient la plupart d’entre eux, causerait cette crispation. Un malai­se vis-à-vis des membres du bureau permanent de la Chambre basse et du président du groupe parlementaire IRD, également. « Certains estiment que le bureau permanent et le président du groupe parlementaire ne défendent pas suffisamment les intérêts et le statut des députés. L’Exécutif, pour sa part, n’écoutent pas les députés, sans parler du manque de respect, voire du mépris affiché par les responsables locaux. Ce sont surtout nos pairs dans les régions et les localités reculées qui vivent cela », ajoute l’un des députés IRD contactés. Les mots de Christine Razanamahasoa, hier, pourrait être une manière d’indiquer qu’elle est à l’écou­te de ses pairs. Lors de la session ordinaire d’octobre à décembre 2020, le bras de fer entre députés et gouverneur, ou encore entre des représentants de l’État et des responsables des forces de l’ordre ont été évoqués dans les débats en séance plénière ou dans les couloirs. Une proposition de résolution invitant l’Exécutif à modifier le décret sur les règles de préséance protocolaire a même été discuté. Elle veut hisser les députés au sommet de l’ordre protocolaire au niveau des Collectivités territoriales décentralisées (CTD). Une séance à huis clos s’est tenue juste après la cérémonie d’hier. Des députés n’ont, visiblement, pas voulu attendre la prochaine session pour régler certains comptes. La Constitution interdit la transhumance politique des parlemen­taires. « Certes, mais au regard de la situation, on peut légitimement s’interroger sur l’avenir de la majorité », glisse un élu IRD.
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