Toamasina - Les tireurs de pousse-pousse se révoltent


Les tireurs de cyclo-pousse sont descendus dans la rue. Ne bénéficiant pas d’indemnités spéciales comme les prostituées et les vendeuses, ils dénoncent une injustice. Sur le pied de guerre. Conduc­teurs de cyclo-pousses et de triporteurs de la ville de Toamasina ont fini par se rebeller. Privés de gagne pain depuis le début de semaine avec l’application des mesures de confinement, ils étaient plus d’un millier à être descendus dans la rue, hier, pour manifester leur inconvenance et dénoncer au passage un deux poids de mesure en ce qui concerne le traitement des travailleurs libres et les autres secteurs d’activités. Hier, en fin de matinée, la tension qui couve depuis quelques jours a dégénéré en altercation. Aux alentours de 11h30, plus d’un millier de conducteurs de triporteurs et de cyclo-pousses se sont massés dans la rue d’Antanambao Verrerie pour manifester leur ras-le-bol. « Nous nous retrouvons confrontés à une aberrante situation de traitement inégalitaire. Même les prostituées bénéficient d’indemnités et nous, tireurs de cyclo-pousses et de triporteurs, nous nous sentons délaissés. Cette crise frappe tous les foyers et tous les paniers. Nous aussi, nous avons des femmes et des enfants à nourrir. Nous suons pour gagner notre croûte et voilà qu’on nous en empêche. Comme si cela ne suffisait pas, nous voilà escamotés. Nous ne bénéficions d’aucune faveur alors que des personnes voguant dans la même galère sont mieux traitées », fulmine Basy Alexandre. Âgé de trente huit ans et père de trois enfants, ce chef de famille originaire de Vangaindrano est conducteur de cyclo-pousse depuis 2007. Pillages Dans cette vive tension, les éléments des forces de défense et de sécurité intervenus sur les lieux de la manifestation, ont été la cible de jets de pierres. Dans ce déluge de galet, le colonel Théodule Ranaivoarison, commandant du groupement de la gendarmerie nationale de la région Toamasina a fait une percée dans la masse pour entamer des pourparlers avec les leaders de manifestation. L’approche a eu pour effet de désamorcer la vive tension qui a sévi. De ce fait les manifestants se sont fait représenter par trois notables dont deux porte-voix de la région Sud-Est et du grand Sud. En fin d’après-midi aux alentours de 17h30, les trois émissaires ont été reçus par le Premier Ministre Ntsay Christian au siège de la commune urbaine de Toamasina. Les manifestants ont fait savoir que des distributions de produits de première nécessité à leur bénéfice seraient ressorties des négociations. Ce terrain d’entente est confirmé par les autorités locales. Toutefois, une tentative de pillage, dont les manifestants sont montrés du doigt d’être les auteurs a été perpétrée vers 14h30, soit une heure avant le début des négociations. Les forces de défense et de sécurité ont néanmoins fait preuve de vélocité. La casse d’un magasin de gros à Morarano a été repoussée in extremis et les pillards s’est fait la malle avant que les gendarmes et forces de police ne débarquent. Près de neuf mille conducteurs de triporteurs et tireurs de cyclo-pousses sont légalement enregistrés à Toamasina. Pendant les trois premiers jours de confinement, ils ont été tant bien que mal autorisés à emmener un passager à la fois. Hier, l’affaire s’est corsée lorsqu’ils ont été tout bonnement interdits de sortie.
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