Émeutes à Ikongo - Tribunal et prison renaissent de leurs cendres


Les  affaires judiciaires reprennent peu à peu leurs droits après les émeutes suivies de casse de prison, survenues en plein chef district d’Ikongo dans la matinée du 13 décembre. Si la maison centrale du district est  fonctionnelle  depuis  le 4 janvier, après vingt-deux jours de fermeture,  le tribunal a par ailleurs repris ses activités depuis hier. « Pour ce qui est de la  situation de la prison,  tout l’effectif ayant assuré son fonctionnement a été  affecté dans d’autres localités de service. Un nettoyage complet du personnel a été préconisé. En effet, il est possible que des comportements non conformes incriminant certains de nos agents soient à l’origine du problème ayant embrasé  toute la ville », confie l’inspecteur de l’administration pénitentiaire Napou Jérémie, directeur de la communication auprès du ministère de la Justice. En saisissant la balle au bond, il souligne que le nouveau chef d’établissement a déjà été nommé ainsi que ses quinze collaborateurs. Sur les cent vingt-cinq détenus ayant été libérés par la foule en furie qui a pris d’assaut le pénitencier, une centaine sont, néanmoins,  toujours en cavale.  Vive tension « Le renforcement est en cours. Le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) a tenu une réunion la semaine dernière. Le retour à la normale des affaires judiciaires à Ikongo était au cœur des préoccupations », ajoute Napou Jérémie. Pour rappel, une horde de villageois déchaînés s’est abattue  sur la maison centrale dans la matinée 13 décembre pour sommer aux détenus de sortir. Les assaillants ont dans la foulée pris en otage trois agents pénitentiaires, lesquels ont été relâchés sains et saufs quelques heures après les émeutes. Sur base de rébellion contre une décision du parquet, cette débandade a  interrompu le fonctionnement du  tribunal de premier instance  à Ikongo. Le procureur de la République,  son substitut ainsi que le président du tribunal ont été placés sous haute sécurité jusqu’à ce qu’ils soient héliportés à Fianarantsoa quelques jours après. C’est une tentative d’acte de vindicte populaire qui a mis  le feu aux poudres. Présentés devant le parquet  d’Ikongo pour une affaire criminelle quelques jours plus tôt, une dizaine d’individus ont été placés sous mandat de dépôt. La décision judiciaire a été vue d’un mauvais œil par les tributaires de leurs actes, lesquels voulaient leur faire subir la vindicte populaire. La vive tension a alors viré à l’attaque de prison. Mis  au parfum que l’incarcération des dix suspects allait provoquer  un tollé  dans les rangs des personnes réclamant leur mort, le tribunal ainsi que les gardes pénitentiaires ont procédé au transfert à Mananjary des prévenus avant  que la casse de prison ne survienne. Dépêchés à Ikongo pour ramener l’ordre public, des éléments mixtes ont par ailleurs essuyé de  lourdes pertes en vies humaines 72 heures plus tard. Huit d’entre eux ont péri lorsque houle déferlante a fait chavirer leur camion de transport de troupes pendant la traversée d’un radier. Seth Andriamarohasina
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