Bas Mangoky - La production rizicole compromise par l’ensablement


Le fleuve de Mangoky est bloqué par le sable et les rizières souffrent de manque d’eau. Des solutions techniques et politiques sont attendues. La campagne rizicole s’annonce compliquée pour les riziculteurs du grenier à riz d’Atsimo Andrefana. « Nous lançons un SOS car bon nombre d’entre nous ont déjà commencé à planter les semis de riz mais voilà qu’il n’y a pas assez d’eau. Pour d’autres, le riz a déjà pris 10cm mais les lits des rizières se brisent carrément, tellement elles sont sèches. Nous courons vers la perte pour cette deuxième saison de la campagne rizicole » alerte Tovo Moza, riziculteur à Angarazy. C’est le fleuve de Mangoky qui ne produit pas assez d’eau pour des raisons d’ensablement. La distribution de l’eau s’avère ainsi très difficile. Le « tioka atimo », le vent du sud n’a pas été clément depuis près d’un mois. Le sable entrainé par le vent bloque le système de captage de la prise de Bevoay. « Depuis le captage, il y a une sorte de tamis qui filtre le sable et l’eau est ensuite déversée dans les avant-canaux. Le tamis laisse pourtant passer le sable fin. Il devrait normalement y avoir un dessableur qui absorbe le sable avant de rejoindre les canaux principaux. Mais le système de Bevoay n’a pas ce dessableur » explique Barthélemy Rabarson, riziculteur et connaisseur en hydrologie. Un autre technicien explique que l’emplacement de la prise n’aurait pas dû être à l’endroit où elle est en ce moment. « Le sens de l’écoulement de l’eau depuis Ambatomainty va surtout vers la rive droite et non vers la rive gauche où il y a le périmètre rizicole. L’eau va plus vers la droite que la gauche formant ainsi un ilot de sable. Il y a moins de sable vers la rive droite. Aussi, l’emplacement de cette prise devrait-il être réévalué en fonction de ce constat» propose-t-il. Redevances Des entretiens de canaux se tiennent pendant deux mois, entre les deux campagnes rizicoles. L’association des usagers de l’eau loue un engin Poclain pour draguer le sable entourant la prise d’eau et celui retenu dans les canaux principaux. Les riziculteurs ou groupes de riziculteurs qui ne paient pas de redevances ne bénéficient pas de ce service de dragage. Mais quand le vent est très fort, le sable retombe dans les canaux. « Il faudra un camion benne pour enlever le sable entourant la prise car le sable soufflé revient dans le canal. Il faut déplacer ce sable très loin. Mais c’est encore un surcoût de location et de carburant » avance Barthélemy R. La sècheresse, l’érosion, la déforestation et le changement climatique y sont également pour cet ensablement. Le flux du fleuve de Mangoky dépend des pluies de la côte Est, de Haute Matsiatra et d’Ihorombe. Aussi, en attendant la pluie, le fleuve ne peut-il pas donner beaucoup d’eau. Près de six mille ha pourtant ont été aménagés pour que ce périmètre de Morombe contribue à l’obtention de meilleur rendement rizicole.
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