Les traditions malgaches remises au goût du jour


Madagascar dispose d’une riche histoire et de belles traditions. Mais pour perdurer, celles-ci ont dû s’adapter à notre monde moderne. Voici un petit tour d’horizon de ce qui a changé pour certaines de nos traditions, en particulier le Moraingy, le Fanorona et le Hira Gasy, mais aussi l'artisanat traditionnel de l'île. [caption id="attachment_112025" align="aligncenter" width="640"] Source: Pixabay[/caption] Le Moraingy se féminise petit à petit Le jeu de Moraingy, ou Moringue, est une de nos traditions les plus suivies. On le compare souvent à la capoeira, car c’est un sport de combat qui peut se jouer en musique. Mais à l’inverse de la capoeira, il faut porter de réels coups de pied, de poing ou de tête, afin de mettre K.O. son adversaire. Le Moraingy peut se jouer en tenue traditionnelle, qui est composée d'une chemise large et d'un pantalon blanc. À son origine, le Moraingy est un jeu réservé aux guerriers de la royauté. Depuis ses débuts au XVe siècle, le jeu s’est progressivement ouvert à toutes les catégories de population. Mais il est longtemps resté une affaire d’hommes, les femmes étant cantonnées au rang de spectateurs. Ces dernières années, ce jeu strictement masculin s’est aussi ouvert aux femmes de Madagascar. Le Fanorona arrive sur Internet et les applications mobiles Nous connaissons tous le Fanorona, ce jeu de société local qui ressemble aux dames. Les règles du Fanorona ont longuement été transmises par tradition orale, avant d’être inscrites dans des ouvrages. L’arrivée d’Internet a également permis de démocratiser le Fanorona. Il existe maintenant de nombreuses applications mobiles qui permettent de jouer au Fanorona depuis n’importe quel endroit. Et le jeu a connu un regain d’intérêt lorsqu’il a été intégré au jeu vidéo Assassin’s Creed III, où le personnage qu’on incarne dispute une partie contre un autre personnage. Ce n’est qu’un exemple de la numérisation progressive des jeux de plateau dans le monde : l'Awalé a été parmi les premiers jeux africains à toucher un public plus large, grâce à son intégration sur les premiers téléphones Nokia. Côté jeux de table, des spécialités ancestrales comme la belote française ou le blackjack ont également dépassé les frontières. Et c'est avec une grande variété : on peut maintenant jouer au blackjack en ligne en version Spanish 21 ou Switch, alors que le jeu date du XVIIIe siècle. Le Hira Gasy intègre de nouveaux instruments Le Hira Gasy a souvent été surnommé « l’opéra de Madagascar ». Coloré et vivant, ce spectacle permet aux Malgaches de proposer des performances de chant et danses traditionnels. Il apparaît dans de nombreuses cérémonies et célébrations, par exemple pour le jour de l’an. Apparu à la fin du XVIIIe siècle, le Hira Gasy est pensé comme un divertissement, mais aussi une leçon : chaque spectacle a en principe une morale. Le Hira Gasy a progressivement intégré de nouveaux instruments. Au départ, seules les percussions (tambours langoraony et ampongabe) existaient pour accompagner le spectacle. Puis les lokangas, des violons malgaches qui se jouent avec des calebasses, sont arrivés. Aujourd’hui, le Hira Gasy intègre cependant une grande variété d’instruments, comme des violons « classiques », des trompettes et des clarinettes. L’artisanat traditionnel se pare de nouveaux matériaux L’artisanat traditionnel fait partie de la culture malgache, il est même historiquement au cœur des activités de l’île. À l’origine, l’artisanat avait surtout une vocation utilitaire : il était destiné aux tâches domestiques ou encore à l’agriculture. Mais l’ouverture progressive de Madagascar au tourisme a permis d’agrandir ce public. Les objets artisanaux ont maintenant vocation à être des pièces d’art autant que des outils. Fierté des Malgaches, ils permettent d’exporter la culture traditionnelle lorsque les touristes les achètent en tant que souvenirs. Les matériaux ont également évolué. Le plastique peut souvent remplacer le bois, même si ce dernier, lorsqu’il est travaillé, permet de créer des objets emblématiques comme les masques. Les bois nobles typiques de Madagascar, comme l'ébène, restent cependant bien représentés. Pour une île avec une culture aussi riche, il est crucial de préserver des traditions, tout en les adaptant afin d’assurer que les nouvelles générations continuent de les pratiquer. C’est pourquoi ces ajustements sont nécessaires : ils permettent à Madagascar de conserver son identité forte. Tout l'enjeu est donc de trouver l'équilibre entre des fondations stables, qui devraient perdurer encore dans les siècles à venir, et une nécessaire ouverture à la nouveauté. Madagascar continuera alors d'être visitée... pour le plus grand plaisir des voyageurs.
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