Risque du métier - Les agents de santé encouragés à se mettre en sécurité


Les syndicats des professionnels de santé tapent du poing sur la table. Ils sont sidérés par la perte de deux de leurs collègues, un médecin et un personnel administratif, en l’espace de quelques jours. « Parmi les trois porteurs du virus de Covid-19 décédés, deux sont des agents du ministère de la Santé publique. C’est alarmant. Le fait de savoir que les premières victimes de cette épidémie sont des agents sensés préserver des vies, est très démotivant», réagit le Dr Abel Ranaivoson, président du syndicat des Médecins fonctionnaires. Ils n’étaient pas les premiers agents de santé infectés. Une interne et un médecin à Antananarivo ont été testés positifs au virus, au tout début de cette épidémie. Ils ont recouvert la santé. Le syndicat des Médecins fonctionnaires et celui des Paramédicaux ne vont pas par quatre chemins pour inciter leurs pairs à ne pas s’offrir en sacrifice. « La déontologie médicale souligne qu’un médecin ne doit pas travailler lorsqu’il n’est pas en sécurité, surtout lorsque le risque est élevé. Ce n’est pas le syndicat qui les encourage à ne pas aller travailler, c’est le texte qui le dit », enchaîne ce médecin. Pour Jerisoa Ralibera, président du syndicat des Paramédicaux, une telle mesure permettra de protéger aussi bien le professionnel de santé, que sa famille ainsi que d’autres patients. «Si jamais un agent contracte le virus, jusqu’à la sortie du résultat de l’analyse de son prélèvement, il risque de contaminer ses collègues, ses patients ainsi que des membres de sa famille. En tout cas, moi, je les encourage à ne pas exercer le boulot, si les équipements de protection ne sont pas appropriés», lance-t-il, par rapport à la faible protection des professionnels de santé dans la lutte contre cette épidémie. « Nous recevons plusieurs plaintes sur l’insuffisance des équipements de protection individuelle (EPI). Il y en a dans les hôpitaux, mais leurs acheminements sont très irréguliers», indique Jerisoa Ralibera. Un médecin travaillant dans le Centre hospitalier universitaire (CHU) Analankininina à Toamasina nous confie que leurs EPI sont très précaires. « La sur-blouse ne filtre pas du tout le virus », avance-t-elle. Des infirmières affirment qu’ils en achètent par leur propre moyen. Les professionnels de santé sont, pourtant, classés parmi les plus vulnérables, sachant qu’ils sont en contact direct et constant avec les patients. Ils réclament des EPI adéquats, des instructions techniques sur la maladie et du soutien. Une source au sein du ministère de la Santé publique affirme qu’il n’y a pas de rupture d’EPI. Le cargo transportant les dons de l’homme d’affaire Chinois, Jack Ma, arrivé la semaine passée, comportait des EPI à distribuer aux professionnels de santé. Une grande quantité est acheminée à Toamasina où l’épidémie sévit.
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