Changer de comportement pour mieux lutter contre les IST


L’étude menée vers la fin du siècle dernier, par Focus Development Association sur le sida à Madagascar, est réalisée dans quelques villes que l’on pourrait qualifier de destination touristique. Elle est d’ailleurs axée sur les infections sexuellement transmissibles (IST) dont le lien avec le VIH n’est plus à prouver. Cette étude se focalise aussi sur « les questions de genre dans la problématique du sida ». Selon les enquêteurs de Focus, le profil de genre dans la Grande ile est « constitué par des aires socioculturelles différentes et variées » aussi bien entre les six provinces qu’à l’intérieur de ces territoires. À l’époque de l’étude, la population malgache se caractérise par une majorité rurale, environ 77% contre 23% de citadins, et une légère supériorité des femmes en nombre (environ 56,50% contre 49,50% d’hommes). Elle est également à majorité jeune : 65% de la population a moins de 24 ans, et 31,5% ont entre 10 à 24 ans, « avec une frange importante de jeunes filles en âge de procréer, 23% ». Question égalité de genre, sur le plan économique et politique, d’importantes disparités défavorisent les femmes, précise l’étude de Focus. « Les plus visibles sont l’indice de participation féminine très faible aux décisions économiques et politiques (0,35% à l’époque) et un taux d’activités rémunératrices des femmes de 62,4% contre 73,30% pour les hommes alors que le pays compte 17,4% de femmes chefs de famille. » Cette « infériorité » se retrouve dans le comportement en matière de sexualité. L’étude relève, en effet, que les hommes seraient davantage enclins à se remarier ou à changer de partenaires que les femmes, en cas de rupture, divorce, veuvage, séparation… Cela peut expliquer en partie le nombre de femmes chefs de famille. En outre, quelle que soit la région ou le milieu, les hommes demeurent encore « les principaux décideurs » pour ce qui est des rapports sexuels et les femmes disposeraient d’une « faible capacité de négociation en la matière, même chez les prostituées qui sont fréquemment confrontées à des violences sexuelles ». Cette domination des hommes dans la gestion des relations sexuelles est plus marquée dans plusieurs régions rurales, notamment dans le Sud et le Sud-est de l’ile, où le patriarcat est conservé et maintenu, surtout à travers les chefs traditionnels qui restent reconnus par les populations locales. « Or, des études rapportent que le VIH se transmet plus facilement de l’homme vers la femme que vice-versa. » Aussi, cette situation exposerait-elle davantage les femmes que les hommes aux risques de contamination et expliquerait en partie le fait que « les femmes jusqu’à 29 ans sont 2,1 fois plus nombreuses à être atteintes du VIH (à l’époque) que les hommes ». Pour les enquêteurs, une telle situation suppose des approches différentes selon le genre, puisque les hommes et les femmes doivent faire face à des contraintes et priorités différentes. Cela ne doit pas les empêcher de changer de comportement « afin d’assurer l’efficacité et la durabilité des pratiques de prévention à promouvoir ». L’étude de Focus aborde aussi certaines options stratégiques en matière de prévention de la transmission sexuelle du VIH qui est le mode de contamination dans 97% des cas à Madagascar. Elle revient et insiste sur le change­ment de comportement qui doit primer. Et elle détaille ces changements recherchés qui consistent à fréquenter les centres de santé pour se faire prendre en charge en cas d’IST et surtout à pratiquer la fidélité et l’abstinence. Car il est, en effet, reconnu que la fidélité et l’abstinence ont autant de mérite, voire plus, que le préservatif dans la prévention des IST/sida, mais « les messages comparatifs seront toutefois à éviter ». Comme le comportement relève surtout de la personne qui vit en société, la sensibilisation doit également cibler les communautés villageoises en milieu rural du fait de leur influence sur le comportement de leurs membres. Elles sont à associer sur le comportement de leurs membres. Elles sont à associer à l’élaboration des stratégies et des messages pour les dimensions culturelles et sociales des groupes-cibles soient tenues en compte le plus possible. Enfin, dans la démarche, « la dimension genre sera constamment prise en compte tandis que l’abstinence et la fidélité seront démoralisées de la même façon qu’on a démédicalisé le sida ».
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