La diplomatie féminine de l'IORA contée et comptée


Alors que la journée du 8 mars est dédiée chaque année à la prise de conscience et à la mobilisation pour affirmer la solidarité féminine. Alors que l’entrepreunariat féminin est un levier incontestable du développement économique par la création de richesses et d’emploi. Alors que les dirigeantes politiques restent sous représentées à l’échelle mondiale, Alors que les négociations diplomatiques piétinent quant à une résolution pacifique du conflit russo-ukrainien, Alors que, pour renforcer mutuellement les liens et la coopé­ration régionale, l'institution inter-gouvernemen­tale désignée comme l’Association des pays riverains de l’Océan indien-IORA (Indian Océan RIM Association) commémore son 25ème anniversaire, créée le 07 mars 1997. Alors l’occasion coïncide ce mois de mars, un focus associant Femmes et Diplomatie issues de cet espace géographique commun. Seule la situation de chacun des 23 pays membres est relatée; celles des 10 pays partenaires dits de dialogue ne sont pas abordées. Mais alors, il ne s’agit pas d’analyser ici leur rôle de diplomates actives. Il semble tout simplement opportun de rendre hommage à ces diplomates pionnières afin qu’elles ne demeurent dans l’oubli. Car chacune a apporté sa pierre à l’édifice. Alors si la diplomatie était un domaine exclusivement réservé aux hommes, cette diplomatie féminine issue de la sphère Océan indien a fait progresser l’accès des femmes au poste de Ministre des Affaires étrangères dont quatre (4) assurent cette fonction actuellement. L’australienne Marise Payne depuis 2018. L’indonésienne Retno Marsudi depuis 2014. La mozambicaine Verónica Macamo depuis 2016. La sud-africaine Grace Naledi Mandisa Pandor depuis 2019 Alors de formations variées aux parcours divers, enseignantes, chercheuses, médecins, juristes, avocats, militantes politiciennes ou diplomates de carrière, titulaire d'un ministère régalien et chef de la diplomatie, chacune a fait valoir ses convictions et la position de son pays dans un monde multi­- polaire. Femmes engagées, elles l'étaient respectivement pour: Afrique du Sud: Maite Nkoana-Mashabane (2009-2018), Lindiwe Noceba Sisulu (2018-2019). Bangladesh: Dipu Moni (2009-2013). France: Michèle AlliotMarie est la première française à détenir ce porte-feuille (2010-2011) bien que des femmes Secrétaires d'Etat (Catherine Lalumière, 1984, ...) ou des ministres déléguès auprès du MAE (Edwigw Avice, 1988,...) aient été nommèes auparavant. Kenya: Amina Mohamed (2013-2016), Monica Juma (2018-2020). Mada­- gascar: Lila Hanitra Ratsifandrihamanana (1998-2002), Yvette Sylla (2011), Arisoa Razafitrimo (2014-2015), Béatrice Attalah (2015-2017). Maldives: Dunya Maumoon (2013-2016). Seychelles: Danielle de SaintJorre d’Offay (1989-1997). Somalie: Fowsiyo Yusuf Haji Adan (2012-2014). Tanzanie: Augustine Mahiga (2015-2019) Alors que l’accent est encore mis sur l’inégalité du pouvoir politique entre les hommes et les femmes, ce territoire en partage peut s’enorgueillir d’avoir eu les deux premières cheffes d’État contemporaines, Premières ministres (devant l’israélienne Golda Meir) élues démocratiquement et impliquées sur la scène politique interna­tionale: Sirimavo Bandaranaike, accède à la tête du Sri-Lanka (1960-1965, 1970-1977, 1994-2000) tandis que sa compatriote Chandrika Kumaratunga Premier Ministre (1994) avant d’être Présidente de la République (1994-2005). Indira Gandhi Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de l’Inde (1966-1977, 1980-1984). Yingluck Shinawatra Premier ministre de la Thaïlande (2011-2014) Alors que Samia Suluhu Hassan est à la tête de l'Exécutif de la Tanzanie depuis un an (19 mars 2021). Alors même qu’un rôle symbolique leur est attribué, elles tiennent néanmoins une position très honorable sur l’échiquier mondial se hissant au plus haut sommet de l'État: Halimah Yacob exerce la fonction de Prési­dente de Singapour depuis son élection en 2017 et Ameena Gurib-Fakim a été la première Présidente de la République de Maurice (2015-2018). Alors que certains pays membres n’ont pas encore confié ce prestigieux portefeuille de ministre des Relations extérieures à la gente féminine, ils ont le mérite d’avoir nommé les premières femmes à des postes ministériels qui négocient et composent avec les partenaires multilatéraux, régionaux et bilatéraux pour la mise en œuvre des projets de coopération dans leurs secteurs d’intervention. La comorienne Sittou Raghadat Mohamed, ministre des Affaires sociales, du travail et de l’emploi (1994-1995). L’iranienne Marzieh Vahid Dastjerdi, ministre de la Santé (2009-2012). L’yeménite Amat Al-Aleem Alsoswa, ministre des Droits de l’Homme (2003-2005). Les femmes qui siègent au gouvernement du Sultanat d’Oman. Alors, bien que la pratique de la diplomatie contemporaine par des femmes de cette région semble récente, ces dernières s'emploient à consolider leur pouvoir et par­- viennent à évoluer dans l’arène des négocia­- tions tant internationales que régionales. Alors elles insufflent l’espoir pour la promotion des femmes en leaders ainsi que leur intégration réussie dans les organisations internationales. Asha-Rose Migiro, ministre tanzanien des Affaires étrangères (2006- 2007), a été la première personne originaire d’Afrique à occuper le poste Vice-Secrétaire général de l’ONU. Julie Bishop, ministre australien des Affaires étrangères (2013- 2018), a été la Présidente du Conseil de Sécurité des NU (2013). Annick Rabemanan­tsoa de Madagascar est la Représentante actuelle de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) auprès de la République démocratique du Congo. Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre sudafricain des Affaires étrangères (1999-2009), a été la Présidente de la Commission l’Union africaine (2012-2017). Stergomena Lawrence Tax, ex-première femme ministre tanzanien de la Défense, a été la première et unique Secrétaire exécutif de la Communauté de Développement d’Afrique Australe (SADC) (2013-2021). Nomvuyo Nontsikelelo Nokwe, ambassadeure sud-africaine a été la première femme dans les fonctions de Secrétaire générale de l'IORA. Si désormais la diplomatie embrasse tous les secteurs de la société; s'il est nécessaire d'adapter de nouveaux aspects protocolaires; Si cet art nécessite de plus en plus des diplomates aux profils inclusifs; si l'intégration des femmes émerge dans le métier; si la zone Océan Indien peut se transformer en vivier d'actrices diplomates; Si pour la première fois dans l'histoire, le Sommet des femmes ministres des Affaires étrangères s'est tenu à Montréal en septembre 2018 pour permettre un premier état des lieux sur la place de la femme dans la politique étrangère et répondre en partie à l'article de Rosemary Foot paru en 1990 demandant « où étaient les femmes dans l'étude des Relations internationales? «. Alors, les contributions féminines sur l'échiquier mondial feront bouger les pions pour faire face aux enjeux sociaux en particulier, l'éducation, la santé, la promotion et l'autonomisation des femmes. Avec force, pragmatisme et patience, le réseau sororal des femmes diplomates saurait s'imposer en faveur du progrès économique et de la paix.
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