Une note du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche interdit l’exportation de crabes congelés. Les opérateurs liés à ce type de produit se trouvent dans une situation embarrassante actuellement. [caption id="attachment_77953" align="alignleft" width="300"] Les petits pêcheurs doivent respecter la saison de collecte pour préserver
la populaiton de crabes.[/caption] Les opérateurs de crabes congelés exportés doivent mettre en vente sur le marché local leurs produits qui, auparavant, s’exportait vers les pays de l’Union Européenne. C’est la conséquence de la Note du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche (MAEP), selon la décision n°136-19, qui interdit l’exportation de ce type de produits. Les conséquences d’une telle mesure ressemblent étrangement à « une condamnation », d’après les concernés, d’autant qu’il touche le secteur de l’industrie, pourvoyeur d’emplois directs et indirects, dans un contexte économique déjà en extrême difficulté. En revanche, une autre note (Décision n° 001-2019), émanant du MAEP autorise cinq opérateurs chinois à exporter des crabes vivants. Cette décision du ministère en charge de la gestion des ressources halieutiques est qualifiée d’injuste, car il en résulte une sorte de favoritisme manifesté au bénéfice de certains opérateurs et au détriment de sociétés implantées depuis près de vingt ans. L’exploitation de crabes vivants se présente comme une activité lucrative, mais destructrice avec 10 000 tonnes exportées vers la Chine en 2018. Soit 235% de plus. Le stock accessible à l’exploitation est de 4 250 kg selon l’arrêté n° 32102/14 sur l’exportation. Or, l’on constate de multiples infractions engendrées par ces opérateurs qui exploitent des crabes de petite taille (moins de 11cm), et des femelles ovées très prisées par la gastronomie asiatique. Il y a une concurrence qui, en outre, défie les mesures prises par les autorités, d’après les opérateurs locaux. « La profusion de l’argent, avantageux pour les pêcheurs/collecteurs n’est pas à discuter, mais l’on se pose également des questions sur le rapatriement de devises obtenues par ces exportations de crabes vivants, indispensable au développement de notre pays. Il n’est plus à démontrer la conséquence de l’extension du secteur informel depuis le début de l’exploitation des vivants en 2013. Les gros crabes ne sont plus visibles sur le marché. Près de 60% de cette belle taille ont pratiquement disparu », commentent des responsables d’entreprises locales. Environnement affecté [caption id="attachment_77954" align="alignleft" width="168"] Une écloserie de crabes pour protéger l’espèce.[/caption] L’environnement est également affecté car les ateliers de triage et de lavage du crabe se sont multipliés dans les quartiers de Mahajanga, en plein centre urbain. Aucun souci de l’odeur émanant de ces lieux. C’est même pire car les crabes sont lavés à forte concentration dans les eaux montantes (marée montante) de Mahajanga. La dissémination de la maladie du white spot (crevette d’aquaculture) n’est pas à exclure car le crabe est un porteur sain. Si on compare les deux modèles d’exploitation (crabe congelé et crabe vivant), il y a véritablement un choix politique à faire. L’exportation de crabes congelés a, le principal avantage, de préserver un tissu économique favorable au plus grand nombre (pêcheurs, mareyeurs, collecteurs, opérateurs, industrie local d’emballage, compagnie de manutention portuaire, compagnie maritime) tout en préservant la ressource, contrairement à celle du crabe vivant qui ne profite qu’à une minorité. «Ce n’est pas non plus la vocation des opérateurs de crabes congelés de commercialiser sur le marché local leurs produits destinés à l’export. Il y a une incompréhension totale de cette mesure prise par le MAEP», s’étonnent des opérateurs. Il n’est plus à démontrer la concurrence déloyale des opérateurs asiatiques, envers les entreprises agroalimentaires malgaches qui, exportent les crabes congelés. Les infractions de collecte et de commerce de crabes de petites tailles relayées par les médias, ne sont que la partie visible de l’iceberg. Les établissements le long des côtes, les responsables chinois installés sous les paillotes, tout cela laisse entendre une activité informelle, hors de tout contrôle administratif. Leur visa de tourisme leur permet de travailler librement sur le territoire malgache. La note 5 décision n° 13 est la goutte qui a fait déborder le vase pour les établissements exportateurs de crabes. Pour eux, c’est une façon d’écarter les entreprises malgaches et une discrimination manifesté par les autorités en faveur des Chinois.