Besakana et Mahitsielafanjaka, modèles des anciennes cases


Selon les témoignages de Chardenoux et des Tantara ny Andriana eto Madagascar, les cases de bois sous Andrianampoini­merina sont directement plantées en terre, alors que les constructions encore visibles     au Rova d’Antananarivo (années 1970) ont des soubassements. Vincent Belrose-Huygues dans son étude sur le Rova d’Antananarivo d’Andrianjaka à Radama Ier (lire précédente Note) explique ainsi que les différents palais encore visibles jusqu’à la moitié (sinon plus) du XXe siècle, ne sont plus des « originaux ». Et selon les Tantara du père Callet », Ranavalona Ire a entrepris différents travaux de réfection sinon de reconstruction sur les cases d’Andrianampoinimerina. Il cite, par exemple, le soubassement de Besakana qui « est en fait celui d’une construction de Ranavalona II, la Tranovato, détruite depuis ». « Mahitsielafanjaka » a dû être entièrement reconstruite en 1840, peut-être par Jean Laborde. « Elle n’est pas faite de madriers, mais de planches qui supposent  l’emploi de la scie  et cet outil ne semble pas avoir fait son apparition en Imerina avant 1820. » L’auteur de l’étude précise néanmoins que l’aspect général de ces deux cases est proche de ce que devaient être les dix-neuf ou vingt cases royales du Rova après 1800. Et de les décrire : « Rectangulaires, oblongues, mais parfois presque carrées, avec des dimensions verticales très élevées (6m de planches à Mahitsiekafanjaka, 18m de haut à Besakana)… Trois poteaux ou andry de même longueur, placés sur le grand axe, sont destinés à recevoir le faitage. Les deux extrémités sont reliées à la sablière par des rives de bois qui se prolongent au-dessus du faitage. Ces rives  forment un triangle dirigé la pointe en bas et ouvert à la partie supérieure : elles sont appelées tandrotrano, cornes de la maison. La forme dessine un angle très aigu, le toit est donc fortement incliné. » Les bardeaux  auraient été ajoutés par  Ranavalona Ire. Ces constructions répondent toutes  à des règles astrologiques et magiques, « longuement décrites par les Tantara ». La principale est l’orientation nord-est/sud-ouest de façon à présenter la façade sans ouverture aux vents dominants sud/sud-est et aux « esprits mauvais», et la porte et la fenêtre à l’ouest. D’après Vincent Belrose-Huygues, ainsi érigée et surtout si on l’imagine faite de bambou ou de madriers disposés en quinconce, « c’est le modèle de la demeure royale en bien des régions de Madagascar moins touchées par les influences européennes (chez les Sakalava, Bara, Antemoro) ». C’est aussi le modèle des « Tranomasina » dans le Rova. Il ajoute que Marcelle Urbain-Faublée  a été troublée par ces similitudes et écrit : « La demeure du chef de clan, ancienne case royale, correspond à la sépulture des princes d’autrefois. Cette similitude est normale. En effet, nous la retrouvons à Tananarive dans le cadre des anciens palais royaux. La seule demeure traditionnelle y est celle d’Andrianampoinimerina qui date de la fin du XVIIIe siècle. Appelée Mahitsielafanjaka, elle est de même type qu’une autre case, la Tranomasina (demeure sacrée), où l’on préparait le corps du souverain avant ses funérailles. » Toujours selon l’auteure de l’ « Art malgache - Les demeures sacrées » (1963), cette maison correspond aussi  au modèle des cases de circoncision que l’on bâtit sur la côte Est. Ce à quoi ajoute l’auteur de l’étude : « Cette double similitude témoigne de façon exemplaire des fondements sacrés du pouvoir monarchique : les rites funéraires qui maintiennent le contact avec la lignée ancestrale et les rites de circoncision qui, avec la fête du Bain, étaient destinés à ranimer la puissance sacrée du souverain, hasina. Elle prouverait peut-être aussi l’unité de certains concepts politico-religieux à Madagascar. » Mais les palais du Rova d’Andrianam­poinimerina témoignent « d’une évolution par rapport à ceux de la côte au niveau de la symbolique et de celui de la technique », souligne Marcelle Urbain-Faublée. Elle veut évoquer surtout d’une figure d’oiseau  placée  sur les cases de circoncision, mais aussi du triangle fait de perches de bois sur les tombes et les « lapa » » royaux, sur la côte orientale, « première forme des tandrotrano en Imerina ». Mais si l’association de l’oiseau au pouvoir royal a nettement régressé  à l’époque d’Andrianam­poinimerina, sous Radama Ier, le « Voromahery» deviendra symbole royal. Pela Ravalitera
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