Mahanoro - De nombreuses maladies au stade avancé constatées


La mission santé de l’organisation non gouvernementale Médecins de l’océan Indien à Mahanoro, du 17 au 26 octobre, est l’une des rares occasions pour les habitants de ce district de la région Atsinanana, de bénéficier des soins et traitements adéquats à leur maladie. Les missionnaires dévoilent un « boom » de maladies déjà au stade avancé. [caption id="attachment_11303" align="aligncenter" width="300"]Une ophtalmologue redonne l’espoir de retrouver la vue a` cette séxagenaire. Une ophtalmologue redonne l’espoir de retrouver la vue a` cette séxagenaire.[/caption] Les missionnaires de Médecins de l’océan Indien (MOI) déplorent l’état de santé des habitants du district de Mahanoro. La plupart des maladies sont déjà au stade avancé. « Des fibromes de trois à cinq kilos, des diabétiques nécessitant de l’insuline, beaucoup de tumeurs.» Ce sont, parmi tant d’autres, des cas constatés par l’équipe médicale de MOI,  dans le Centre hospitalier de référence du district (CHRD), samedi. La pauvreté peut expliquer cette situation. « Les gens s’abstiennent de se faire soigner dans les centres de santé. Ils croient qu’ils doivent payer beaucoup d’argent et avec leur faible niveau de vie, ils préfèrent rester chez eux ou voir des tradipraticiens qui ne font qu’aggraver la maladie », explique un responsable du Centre hospitalier. [caption id="attachment_11307" align="aligncenter" width="300"]Le Doyen des missionnaires donne des cours apre`s  une intervention chirurgicale. Le Doyen des missionnaires donne des cours après une intervention chirurgicale.[/caption] C’est sans doute une raison, mais la vulnérabilité n’explique pas tout. Car une grande défaillance du système de santé dans ce district renommé dans la production de produits d’exportation comme le girofle, le café, le litchi, est également remarquée. « Mon mari et moi avons un problème cardiaque, mais le centre de santé de base de notre commune n’est pas doté de médicaments pour un traitement adéquat. Si nous voulons bénéficier de soins appropriés, nous sommes obligés de joindre le CHRD, dans le chef lieu du district, qui se trouve à 70 kilomètres de notre commune, Tanambao Tratranaingitra. Une distance que nous devons faire à pied, car aucun moyen de transport ne la relie à Mahanoro », regrette Noëline Razanasoa, une mère de famille habitant cette localité Et encore, même les services offerts au sein du CHRD sont insuffisants. Telles les interventions chirurgicales qui nécessitent une évacuation à Vatomandry, à quelque 80 kilomètres de Mahanoro. « Nous avons un bloc opératoire et un chirurgien, mais le bloc n’est pas fonctionnel, faute d’équipements», relate un responsable de l’hôpital. Danil Ismaël, vice-président de MOI, promet d’y laisser le matériel de chirurgie utilisés pendant cette mission. « Grâce à ces équipements, l’hôpital va pouvoir effectuer des interventions chirurgicales », conclut-il. [caption id="attachment_11304" align="aligncenter" width="300"]Jeanine Noe¨line et son fre`re viennent  de loin pour be´ne´ficier de soins. Jeanine Noëline et son frère viennent
de loin pour bénéficier de soins.[/caption] Explosion des demandes «Nous venons d’un village situé à 95 kilomètres de Mahanoro, pour une intervention chirurgicale voulant profiter de cette mission. Nous sommes venus à pied. Nous avons quitté notre village mardi, à 11 heures du matin, avons dormi en route, et sommes arrivés à Mahanoro mercredi à 15 heures. Arrivés ici, on nous a dit qu’on ne pouvait plus nous recevoir, car le quota des personnes nécessitant une intervention chirurgicale est rempli. Nous prolongeons malgré cela notre séjour à Mahanoro car, qui sait, un miracle peut se produire », nous explique Jeanine Noëline, une femme de 34 ans, présentant une tumeur au niveau du ventre. Ses prières sont exaucées. En entendant sa petite histoire, l’équipe de MOI a considéré son cas. Elle sera prise en charge, pendant cette mission. L’effectif des bénéficiaires a dépassé de loin l’objectif. Si au début, l’ONG a envisagé de prendre en charge 7 000 à 8 000 personnes, samedi, le nombre des patients a atteint les 11 000. Des centaines de personnes ont attendu leur tour, jusqu’à la fin de la soirée, samedi. Malheureusement, en raison de la hausse des demandes, certaines ne pourront pas être prises en considération pandant cette mission. [caption id="attachment_11305" align="aligncenter" width="300"]Dr Misa Navalona bien concentree´ sur cette extraction de dent. Dr Misa Navalona bien concentrée sur cette extraction de dent.[/caption] Des bénévoles malgaches Pendant une quinzaine de jours, les missionnaires de MOI travaillent d’arrache-pied pour donner aux villageois de Mahanoro les soins nécessaires. Parmi eux, Misa Navalona, une dentiste travaillant à Antananarivo. « J’extrais quelques 200 dents par jour. Je suis debout de 8 heures à 12 heures et de 14 heures à 17 heures pour pouvoir terminer mon travail. C’est fatigant, mais en imaginant la joie et la satisfaction de nos compatriotes grâce au peu d’aide que je leur apporte, je ne peux qu’être comblée », témoigne la bénévole qui ne peut pas se permettre de se reposer, tellement il y a du monde. De plus en plus de bénévoles malgaches comme le Dr Misa Navalona ont intégré l’équipe de la 53e mission de MOI à Madagascar. « Sur une cinquantaine de médecins effectuant cette mission, 63% sont des Malgaches. Auparavant, il y avait  plus d’étrangers que de Malgaches», appuie Akyl Cassam-Chenaï, président du groupe SCIM qui sponsorise la mission. [caption id="attachment_11306" align="aligncenter" width="300"]Une ope´ration de fente labiale. Une opération de fente labiale.[/caption] Maladies tropicales Les cas de filariose, une maladie qui se transmet par la piqûre de moustiques et typique des pays tropicaux, ont marqué cette mission de santé des MOI. Les médecins ont en enregistrés plusieurs cas. Les cas de bilharziose n’étaient pas moindres dans ce district où l’accès à l’eau potable est quasi inexistant. Jusqu’à samedi, une cinquantaine d’interventions chirurgicales ont été réalisées dont des opérations sur des femmes pour cause de fistules, de fentes labiales. Les missionnaires ont accordé la priorité aux enfants qui seront les acteurs du développement du futur. Cette 53e mission de MOI à Madagascar s’achève demain. Certains membres resteront quelques jours pour le suivi des malades. Moramanga sera la prochaine ville d’intervention envisagée par le département de La Réunion et l’association Cassam Chenaï, les principaux initiateurs de cette mission de santé. Textes et photos : Miangaly Ralitera
Plus récente Plus ancienne