BEPC, les adultes s’attendent à quoi ?


Sur les réseaux sociaux les commen­taires et publications concernant les résultats catastrophiques des derniers examens du BEPC rivalisent d’humour noir, de sarcasme et de culpabilisation. On dirait que ceux qui ont eu ce bout de papier au temps de grand-père ont trouvé le bon filon pour en mettre une bonne couche de mauvaises choses sur une jeunesse déjà en pleine crise…d’adolescence. Loin de nous l’idée de dire que la jeunesse d’aujourd’hui est angélique, qu’elle n’est pas rebelle, etc. La jeunesse d’aujourd’hui est juste terrible comme nous l’étions de notre temps d’ados. Beaucoup diront que non, c’était mieux avant, que de leur temps ce n’était pas comme ça. Alors, dites-vous que vos parents, les parents de vos parents, les parents des parents de vos parents ont dit exactement les mêmes choses. Année 2013, lors de la tournée européenne du groupe légendaire Mahaleo, avant de chanter «Jomaka» (le voyou en malgache), Bekoto l’un des chanteurs charismatiques prononce trois phrases qui remettent chacun face à ses respon­sabilités. «La délinquance est l’enfant des inégalités sociales. Il n’y a jamais eu de délinquant depuis le ventre de sa mère. C’est nous, la société qui les fabriquons». Extrapolation simpliste mais réaliste de ma part : il n’y a pas de jeunesse plus terrible que celle qui l’a précédée. C’est nous, la société qui la fabriquons. Il n’y a pas de jeune en âge de passer les BEPC qui ne devrait pas réussir à ces examens. Si tel est le cas, il faut se poser plus la question du pourquoi il y a eu échec et essayer d’y apporter des solutions. Le sarcasme qui est en débandade ici et là démontre fermement notre échec en tant qu’adulte responsable qui préfère pointer du doigt ces jeunes alors qu’en réalité, les quatre autres doigts qui sont pointés vers nous montrent les vraies responsables. Plusieurs questions doivent être posées : est-ce que l’actuel système d’enseignement est propice aux jeunes malgaches, à TOUS les jeunes ? Est-ce que la manière d’enseigner est adéquate à l’évolution de l’environnement dans lequel nos jeunes vivent ? Est-ce que les matières enseignées sont encore pertinentes ? Est-ce qu’enfermer nos jeunes de 7 heures du matin à 17 heures du soir puisse donner des résultats probants ? Est-ce que les outils mis à leurs dispositions sont suffisants ? Est-ce que les réalités culturelles, géographiques, sociales et économiques de toutes les Régions de Madagascar ont été prises en compte pour modeler les curriculums d’enseignement. La société malgache, c’est-à-dire nous les adultes qui la formons, est culpabilisatrice. Alors que nous, les grandes personnes, sacrifions toutes les générations futures car nous ne sommes même pas capables de définir une Politique Sectorielle de l’Éducation qui tienne la route. Nous amputons des milliards d’ariary sur le budget étatique pour l’enseignement et aucune réflexion digne de ce nom n’est faite pour améliorer les conditions d’éducation de la jeunesse malgache. Nous nourrissons un système qui entretient la médiocrité au lieu de la méritocratie. Nous tuons les talents de nos jeunes en voulant faire d’eux des produits «uniformes» alors qu’ils sont différents. Combien de parents, d’enseignants, de famille accepteraient que leur fils, à l’âge du BEPC, veuille devenir un danseur ou un peintre professionnel ? Alors, si nous nous attendons que les choses s’améliorent dans les années à venir, nous nous trompons sur toute la ligne. Pas besoin d’être devin ou de dire que nous jouons les oiseaux de mauvais augures qui ne voient que la faillite partout, qui ne sait que dire du mal des autres. Constatons, et que chacun, au lieu de stigmatiser un peu plus les jeunes se demande d’abord sa part de responsabilité avant d’aller se faire moralisateur. Nous avons été spécialement choqués en lisant ce monsieur affirmer avec vigueur (et soutenu par tant d’autres) que le résultat du BEPC est tel car on a interdit de battre les enfants. Voilà où nous en sommes !
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