Crise sanitaire - Le maintien du confinement s’impose


L’Etat annoncera, ce week-end, des nouvelles mesures contre la propagation du coronavirus. La décision sur la suite ou la fin du confinement est très attendue. Qu'annoncera le Chef de l’Etat ce week-end ? Le décon­finement ou le prolongement du confinement ? La décision ne sera, certainement, pas facile pour l’Etat. Il se trouve entre l’enclume et le marteau. D’un côté, l’épidémie de coronavirus qui persiste et se propage. De l’autre, l’économie qui meurt à petit feu, à cause des impacts de la crise sanitaire. Malgré les trois semaines de confinement, le nombre de personnes nouvel­lement contaminées ne diminue pas à Antananarivo. Les laboratoires ont, encore, détecté trois cent vingt-et-un nouveaux porteurs de virus dans la région d’Analamanga, selon les chiffres officiels du 24 juillet. Ce qui rapporte à un peu moins de sept mille le cumul de cas confirmés à Analamanga, depuis le mois de mars. Beaucoup ont recouvert la santé. Mais ceux qui sont, encore, en traitement, ceux qui sont entre la vie et la mort, sont aussi nombreux. « C’est normal que les chiffres sur les nouveaux cas ne baissent pas encore à Antananarivo, malgré le confinement. La période d’incubation du virus est de quatorze jours. Ces nouveaux cas ont, probablement, attrapé le virus, avant le confinement. Les impacts de ce confinement ne seront constatés que dans une semaine ou deux », avance une source au sein du ministère de la Santé publique. Conséquences Elle reconnaît, toutefois, que la chaîne de transmission n’est pas encore interrompue, car les gestes barrières ne sont pas encore respectés par les personnes qui sont obligées de sortir de chez elles. Le virus circule à Anta­nanarivo. Il est aussi présent dans vingt régions. Seule la région Melaky n’est pas concernée par l’épidémie, pour le moment. A Boeny, à Vakinankaratra, à Matsiatra Ambony, à Itasy et à Atsimo Andrefana, la hausse des cas est préoccupante. Et l’arrivée du virus à Mandritsara, région Sofia, à Farafangana, région Atsimo Atsinanana ou encore dans la région Androy, inquiète vivement. Leurs infrastructures, leurs ressources humaines, leurs équipements sont limités. Le prolongement du confinement sera la décision la plus convenable, compte tenu de la propagation du virus et la hausse des cas, incessante. Huit mille sept cent cas depuis le début de l’épidémie. Plus de cinq mille sept cent cas ont été répertoriés en l’espace de trois semaines, plus précisément, entre le 6 et le 24 juillet. « Cette épidémie ne sera endiguée que si nous entrons dans un confinement quasi total. Plus personne ne sort de chez elle, plus personne ne travaille », suggère un observateur. Mais la population supportera-t-elle ce durcissement des mesures de res­triction ? Beaucoup ont déjà perdu leur emploi. Beaucoup ne mangent plus à leur faim. Et plusieurs sociétés ont déjà fermé leurs portes. Le groupement des entreprises de Madagascar (GEM) voit un avenir plus sombre si les mesures de confinement sont maintenues. « Elles entraîneront de graves conséquences sur le plan social et économique », selon l’explication du GEM. Il propose la réouverture des entreprises, sous condition du respect des mesures de sécurité santé. L’explosion sociale est, ainsi, à craindre, en cas de prolongement et de durcissement du confinement. La population a faim. Affamées, de plus en plus de personnes s’évanouissent dans la rue. Hier, un agent de police a donné à manger à un homme qui se trouvait mal dans la rue. Les marchands sur rue à Analakely, Soarano et Beho­ririka, reprennent leurs activités, ils n’ont plus le moyen de subvenir à leurs familles. Certes, comparer à la situation mondiale, l’épidémie à Madagascar est encore moins grave. Nous ne sommes pas encore au stade où des centaines et millier de morts sont recensés en vingt quatre heures, comme c’est le cas ou a été le cas aux Etats-Unis, au Brésil, en Inde, en Italie. Mais rien ne garantit que Madagascar n’arrive pas à ce stade si les mesures de confinement sont allégées. Au contraire, la situation pourrait s’empirer si l’Etat ne prend pas des mesures strictes. « Déconfinement ou confinement, la chaîne de transmission du virus ne sera pas interrompue tant que les gestes barrières ne seront pas respectés, qu’on se trouve dans un lieu public, dans notre quartier, ou chez notre voisin », conclut le Dr Fidiniaina Randriatsarafara, directeur général des Maladies transmissibles, au sein du ministère de la Santé publique.
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