Professeur Mara Edouard - « On ne donne pas assez de moyen aux chercheurs »


Le directeur de l’École doctorale « Sciences marines et halieutiques » de l’Institut halieutique et des sciences marines (IHSM) de Toliara, le professeur Mara Edouard, livre ses appréhensions et ses suggestions par rapport aux problématiques des ressources halieutiques. Interview. La filière Crabe a été secouée ces derniers temps. À qui doit-on octroyer des licences à votre avis? Mes réponses vont plutôt décortiquer la source de cet imbroglio. Je ne répondrais donc pas aux Malgaches ou aux Chinois ou à quiconque, c’est mieux de souligner les maux qui minent le secteur Pêche et les ressources halieutiques. Quels sont alors ces maux? D’abord, nous manquons cruellement de données sur le stock réel de ressources halieutiques et marines dont dispose notre pays. En 1979, c’est la FAO qui a effectué des suivis sur la situation de stock des crabes et des langoustes. À cette époque, il a été révélé que l’estimation de stock en production de crabes a été de 2,5t à l’hectare. La pression sur les mangroves et les crabes a fortement augmenté depuis. Aussi, actuellement, est-il difficile d’avoir cette estimation. Le défi réside dans la gestion responsable des ressources et dans la protection de leur habitat. Ce qui nécessite en amont des données ainsi que de profondes recherches par espèce. Autrement, nous avançons à l’aveuglette. Les opérateurs dans la filière crabe sont sélectionnés peut-être par souci de gestion durable. Je ne peux répondre. En quoi est-ce que les recherches arriveraient-elles à contribuer à développer le secteur Pêche? Nos expériences antérieures sur les recherches sur les concombres de mer ont permis d’élever la filière à un niveau industriel entre autres. Il s’agit notamment de recherche en aquaculture, d’étude sur la croissance, la mortalité, de la période de reproduction et du cycle biologique par espèce, de l’aménagement des champs de culture, des normes des bassins. Les paramètres de production et efforts de pêche sont à prendre en compte. L’inventaire et l’évaluation de stock dont j’ai souligné plus tôt, sont corollaires de la tenue effective des recherches en aquaculture. Pourquoi ces recherches n’aboutissent-elles pas ou ne sont-elles pas réalisées? Cela demande une forte volonté politique ainsi que des moyens financiers. Nous ne cessons de tirer la sonnette d’alarme sur l’importance de la Recherche pour mieux gérer nos ressources halieutiques et protéger à la fois l’environnement des fortes pressions que celui-ci subit depuis des années. Mais on ne donne pas assez de moyens aux chercheurs. Que suggérez-vous pour mobiliser ces moyens? Les redevances pour les licences de pêche, toutes filières confondues, suffiraient à reproduire le schéma du développement de l’aquaculture à grande échelle. Le gouvernement est aussi sollicité à collaborer avec des organisations non gouvernementales sur l’opérabilité de cette idée de vulgarisation de la Recherche sur l’aquaculture. Si elle est priorisée, elle contribuera à résoudre nos problématiques actuelles.
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