Lutte contre la corruption - La société civile s’inquiète


Des organisations de la société civile tirent la sonnette d’alarme sur les décisions récentes prises par l’Exécutif sur la lutte contre la corruption. Tolérance zéro. Telle est le défi posé par le président de la République dans les premières semaines de son accession au pouvoir. À travers le compte rendu du conseil des Ministres du 20 février, le Président de la République de Madagascar (PRM) a marqué sa volonté de lutter efficacement contre la corruption à Madagascar. Depuis, des affichettes sont placardées dans les bâtiments administratifs, des cellules anti-corruption sont mises en places dans quelques départements ministériels, des éléments des forces de l’ordre et de la sécurité sont jetés en prison pour corruption. Tout semble indiquer que le ton est donné pour la lutte contre ce fléau. Toutefois, avec l’analyse de l’évolution récente dans ce domaine, des organisations de la société civile (OSC) s’inquiètent de l’effectivité et de l’efficacité de la lutte contre la corruption. « Il n’est pas trop tard pour agir et pour redresser la barre de manière tangible, pour démontrer une volonté politique propre à réinstaurer la confiance de la population envers les institutions de l’État », indique-t-il. Baisse de budget Le Consortium des OSC engagées dans la lutte contre la corruption a constaté dans la loi des finances rectificatives une baisse conséquente du budget alloué dans ce domaine. À titre d’illustration, celui des Pôles anticorruption a été réduit de 44% soit de 7 milliards à 3,9 milliards ariary. « Nous sommes préoccupés par cette baisse, d’autant plus que le montant prévu dans la loi des finances initiale 2019 était déjà faible par rapport aux besoins exprimés par la Direction de la Coordination Nationale des PACs », notent-ils. Il en est de même pour les Orga­nismes de contrôle des finances publiques (OCFP) « Leur budget a globalement subi une baisse de 16%, affectant particulièrement la Direction de l’audit Interne amputé de 92,2% et la commission des marchés à 75,8% », continuent-ils. Lors de la révision de la loi des finances, des débats houleux auraient eu lieu sur l’arbitrage du budget alloué à chaque ministère. Les projets présidentiels auraient été priorisés en éliminant les dépenses farfelues telles que le banquet du 26 juin. Pourtant, le consortium des OSC a constaté que les indemnités des onze membres de la Haute cour de justice (HCJ) ont été maintenues. « Ces indemnités de quelques 20 millions d’Ariary mensuels pour chaque membre nous semblent anormalement élevées (…) par rapport à la charge de travail actuelle de la HCJ que le citoyen devrait connaître », s’insurgent-ils dans le communiqué. Tout récemment, Christian Ntsay, premier ministre a annoncé que des modifications vont être apportées sur la loi sur le recouvrement des avoirs illicites. Il s’agit notamment des dispositions relatives à la saisie avant jugement. Ainsi, comme les lois organiques relatives aux élections, ce texte va perdre son essence, rendant ainsi difficiles les tâches des PAC. « Ce texte doit préserver les principes fondamentaux d’impartialité dans le traitement des acteurs publics et privés. Nous réitérons par ailleurs notre demande d'accéder au texte avant son adoption, afin de pouvoir juger de son bien-fondé », concluent les OSC.  
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