Protection sociale - Des détritus comme prime d’assurance


Gamal Albinsaid, jeune diplômé de l'École de Méde­cine de l'université de Braw­jaya à Malang (Java oriental) a dû se pincer pour y croire. Le mouvement qu'il a lancé dans son Indonésie natale – qui a permis aux personnes sans couverture santé d'accéder aux services médicaux en échange de collectes de déchets recyclables – l'a mené à un séjour à Londres, où il a remporté le prestigieux prix du Jeune Entrepreneur en Développement Durable de SAR le Prince de Galles, remis par le Prince Charles en personne. Gamal a eu l’idée d'établir un projet d'assurance par le déchet est après le décès pour une diarrhée non traitée d'un enfant de trois ans, dont le père faisait les poubelles pour survivre. Les parents, qui ne gagnaient guère plus que 10 000 roupies par jour (0,65 euro), n'avaient pas les moyens d'amener leur enfant à une clinique, encore moins à l'hôpital, effrayés par le montant des soins. Compte d’épargne Gamal n'était alors, en 2009, qu'un étudiant secoué par cette histoire sordide. Avec plusieurs de ses amis, il a installé un service de santé à la clinique Mawar Husada, devant leur université sur l'artère Jl. Veteran à Malang. Le seul paiement demandé était d'apporter des détritus recyclables. Les clients de l'assurance au déchet, qui compte désormais 500 familles, doivent simplement livrer une fois par mois leurs déchets ménagers non organiques, comme les bouteilles en plastique, les boîtes en carton et papier. À la clinique, les détritus sont pesés, estimés et considérés comme une sorte de prime d'assurance. La prime s'élevait en premier lieu à 1 000 roupies pour monter jusqu'à 10 000 par mois. Cette prime est utilisée comme un compte d'épargne qui sert à payer les coûts des soins médicaux à la clinique. Gamal a intentionnellement choisi les déchets car chaque foyer en produit : « Nous souhaitons mobiliser cette ressource, que les gens jettent », constate-t-il. Le système se porte bien à Malang. Les résidents voisins de la clinique ont salué avec enthousiasme le plan d'assurance au déchet et commencent à y voir les bienfaits sur leur santé. Les régions de Denpasar, Medan, Manado et Blitar font parties des prochaines extensions de cliniques fonctionnant sur l'idée de Gamal. Dahlia Irawati ( Kompas)
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