Accès aux soins - Succès de la pharmacie communautaire


Sept-cent cinquante personnes ont adhéré à l’initiative de collecte, de partage des médicaments au sein de la pharmacie communautaire de Passy. La commune de Passy se réveille peu à peu en ce lundi d’avril 2016. Les femmes à bord de charrettes ou des motos-taxis se rendent au marché. Au centre de santé, des  personnes sont déjà dans des files d’attente. Ousmane Diallo, un homme de grande taille, la barbichette grisonnante,  enveloppé dans un pull-over, se pointe à la pharmacie du centre de santé. Il tend un sachet contenant le reste de ses médicaments. Une dame inscrit toutes les données sur un registre. « Je suis venu l’année dernière à deux reprises pour adhérer à la pharmacie communautaire, une initiative du projet Jokko Santé  mais on me disait que les fiches d’inscription étaient épuisées. Aujourd’hui, je viens pour leur remettre des médicaments », explique Ousmane Diallo. Il vient d’enrichir et d’augmenter le stock de médicaments de la pharmacie virtuelle communautaire de Passy. Il offre ainsi  plus de chances à ceux qui sont dans le besoin immédiat de se soigner. Mais Ousmane Diallo accroît également ses possibilités d’avoir un accès aux traitements dans le futur. « Les personnes qui étaient malades nous confient le reste de leurs médicaments. En contrepartie, nous leur donnons des points accessibles sur leur téléphone portable. En cas de besoin, elles peuvent utiliser leurs points pour se procurer d’autres médicaments. Si elles manquent de points, elles peuvent demander un prêt de points auprès de leurs voisins. Si maintenant, nous n’avons pas les médicaments, nous utilisons ces points pour payer des médicaments à la pharmacie privée que nous remettons à la personne qui est dans le besoin immédiat », renseigne Diama Ndiaye, la gestionnaire des outils à la pharmacie du centre de santé de Passy. Un ouf de soulagement     Dans les couloirs du centre  de santé on croise les membres de la pharmacie virtuelle communautaire dans les différents services. Lamine Sylla a reçu plusieurs fois des médicaments de la pharmacie communautaire. « Auparavant, lorsque le médecin ou l’infirmier prescrivait une ordonnance, c’était difficile de l’avoir surtout si elle coûtait plus de 8.000 F Cfa parce que nous sommes dans un milieu pauvre. Il fallait faire un choix entre assurer la dépense et l’achat des médicaments. Pour un chef de ménage, le choix est vite fait », déclare Lamine Syalla. L’ouverture de la pharmacie communautaire met fin à ce choix cornélien. Au centre de santé, les infirmiers et les agents de l’administration constatent des effets d’entrainement sur les consultations précoces et sur le suivi médical. Ndèye Marième Diallo, une des gestionnaires de « Jokko Santé » verse  ces consultations précoces sur le compte de la pharmacie communautaire. La pharmacie virtuelle est inspirée de la boîte à pharmacie familiale.  Plus de 750 personnes ont adhéré à cette initiative soit une personne par ménage dans cette commune de 600 foyers. Le concepteur du projet, Adama Kane cherche à la fois à lutter contre la péremption des médicaments et aussi à combattre l’automédication. « Il y a une disponibilité des médicaments  et leur accessibilité qui ont augmenté la fréquentation du centre de santé. Il y a une disparition de la vente des médicaments de la rue. Il y a un échange de médicaments de plus 2 millions de francs Cfa au bout d’un an d’expérimentation », note Adama Kane. Idrissa Sane ( le soleil )
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