Environnement - La forêt Mikea en grand danger


L’une des plus grandes forêts du pays subit les conséquences des actes de l’Homme. Huit mètres carrés par jour y sont brûlés. L’alerte a été significativement donnée par le ministère de l’Environnement et du développement durable. La forêt Mikea abritant trois-cent dix espèces de plantes endémiques, des Baobabs Andasonia, des rats noirs, des lémurs catta, cinquante-neuf espèces de reptiles, brûle à une vitesse grand V. En 2018, huit mètres carrés de forêt par jour sont partis en fumée. « L’agriculture sur brûlis pour la culture de maïs et de légumineuses et surtout le charbon de bois s’y pratiquent clandestinement, et ce, depuis des années. Les habitants n’ont pas d’autres alternatives de survie que d’exploiter le charbon pour les besoins de la ville de Toliara », témoigne Nary Joseph qui travaille dans une ONG locale. « Les plantes endémiques, la faune sont sévèrement menacées. Mais la communauté Mikea, qui constitue un patrimoine pour le pays est surtout en grand danger », a souligné le ministre de l’Environnement et du développement durable, Alexandre Georget hier, au lancement du reboisement à grande échelle d’un objectif de 40 000 ha pour tout le pays, à l’intérieur de la forêt Mikea, dans le fokontany de Vorehe, commune de Basi­basy, et dans la commune de Befandefa, district de Morombe, région Sud-ouest. Le doyen de la communauté Mikea, dénommé Tsiavoniobe s’est d’ailleurs adressé au ministre et a demandé à ce que l’État apporte son soutien dans la protection de l’habitat des Mikea, d’où ils puisent l’essentiel de leur nourriture. Ardu La tâche s’annonce difficile. La forêt Mikea s’étale sur près de 300 000 ha. 184 630 ha sont gérés par Mada­gascar National Parks (MNP) dont 3 436 ha ont été brûlés l’année dernière, en consumant un nombre important de Baobabs « Reniala ». Le ministre a demandé à ce que le MNP règlemente l’accès à cette zone alors qu’outre les exploitants clandestins de charbon, les pratiquants de culture sur brûlis, des chercheurs scientifiques, des touristes et même les Mikea font le va-et-vient dans la forêt. « Les Mikea ont évolué et ne fuient pas la civilisation, tel qu’on le croit. Ils ne se contentent plus de la cueillette et se nourrissent d’aliments cuits. Aussi, est-il difficile de distinguer qui brûle et qui ne brûle pas la forêt », raconte Elien, journaliste basé à Ankililaoka, district de Toliara II. Hier, 1 500 petits baobabs, 1 000 plantes autochtones et 1 700 arbres fruitiers ont été mis en terre sur une superficie de 6ha dans la forêt Mikea. « Cette forêt a plus que besoin d’être restaurée. D’autres plantes seront introduites afin d’arriver à un reboisement à grande échelle. Le suivi des reboisements ne sera plus un vain mot », a ajouté le ministre. Il a été par ailleurs indiqué que le recours aux drones afin de mieux surveiller la forêt n’est pas à écarter.  
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