Transmort


Les drames à Soanierana Ivongo se suivent et se ressemblent. Celui de lundi n’est ni le premier ni le dernier. Cette traversée a coûté la vie à des centaines de personnes depuis des années dont le ministre de la Population en 2011. Le plus dramatique jusqu’ici aura été du bateau L’Express en 1996 qui avait fait plusieurs dizaines de mort dont toute l’équipe de Transept. Dans la plupart des cas la négligence, l’inconscience, l’irresponsabilité et la surcharge sont à l’origine de la tragédie. C’est encore le cas de Francia, une embarcation de fortune faite pour transporter des marchandises mais à bord de laquelle se trouvaient cent cinquante passagers. La responsabilité est partagée dans ce naufrage. D’abord l’APMF censée contrôler les transports en mer où qu’ils soient et quel que soit le moment. Ensuite le transporteur qui n’aurait pas du prendre ce risque. Enfin les passagers qui se sont suicidés dans cette aventure. Ils devaient savoir qu’il suffit d’une chiquenaude, d’un papillon en plus pour renverser le « drakkar ». Mais comme les routes sont impraticables, ils sont condamnés à risquer leur vie presque tous les jours avant que ce drame n’arrive. À l’arrivée seul le transporteur a été sanctionné lors du conseil des ministres. On lui a retiré sa licence. L’APMF est donc lavée de toute responsabilité dans cette affaire. Pourtant au-delà du nombre de victimes qui constitue certainement un record, c’est le contrôle de circulation en mer qui inquiète. L’APMF s’est empressée de tenir une conférence de presse pour dégager sa responsabilité. C’est comme un chef de gare qui affirme qu’il n’a pas vu passer le train. Ce n’est pas étonnant si tous les trafics passaient inaperçus il y a quelques années. À quoi bon créer un organisme de contrôle s’il est pire qu’une passoire? Ailleurs, tout le monde aurait remis son tablier à commencer par le ministre concerné. On se demande s’il y a eu au moins demande d’explication du premier ministre à son ministre. On a beau sanctionner le transporteur, cela ne constitue pas une garantie pour que d’autres n’en fassent pas autant. À preuve, les naufrages antérieurs n’ont jamais servi de leçon aux passagers de l’au-delà. Si les ports ressemblent à un moulin à vent, on n’est pas au bout de ses peines. Une petite accalmie, le temps qu’il faut au temps pour tout effacer de la mémoire et on aura à coup sûr une nouvelle hécatombe. Il ne faut pas badiner avec la vie des centaines de personnes. C’est trop facile d’affirmer que le transporteur n’avait pas d’autorisation. C’est justement pour traquer les transporteurs clandestins qu’un organisme de contrôle a été créé. Élémentaire.
Plus récente Plus ancienne