Noël ville


Un hélicoptère. C’est aujourd’hui le seul moyen de transport approprié pour parcourir la capitale d’un bout à l’autre. Pour partir d’Ampitatafika à Ankorondrano, d’Ambohiman­gakely a Ivato, d’Andoharanofotsy à Analamahitsy... il faut vraiment s’armer de patience et de courage, en particulier en cette veille de Noël qui sera logiquement plus animé que les jours précédents. D’une année à l’autre, la circulation devient de plus en plus difficile. Antananarivo est paralysée par la loi des marchands et surtout par une anarchie généralisée depuis la crise de 2009. Les mutineries des camps militaires ont fait tâche d’huile dans tous les autres domaines de la vie. Il est presque impossible d’appliquer la loi ou tout simplement de respecter la discipline ou le code de la route. Élection étant, clientélisme aidant personne n’ose se lever et prendre des responsabi­lités. Pire, la Cua a trouvé l’idée géniale de réinventer le zoma qui commence dès mardi sur le parvis de l’hôtel de ville mais qui déborde allègrement aux alentours. Le bazar de Noël qu’on avait décentralisé dans les arrondissements auparavant occupe tout le centre ville avec tous les désagréments possibles. On a du mal à croire qu’il reste encore une solution pour désengorger Tana étouffée par une surpopulation généralisée par l’exode rural et qui constitue, désormais, justement la principale masse électorale. On ne peut toucher ni aux marchands, ni aux constructions illicites, ni aux charrettes, ni aux camions, ni aux kiosques illicites, ni aux motards et bien évidemment ni aux autorités roulant en sens unique. Antananarivo est condamnée à vivre ainsi. Les problèmes d’évacuation d’eau dus à l’indiscipline d’une population, dont le niveau d’éducation ne permet pas de s’aligner aux exigences d’une vie urbaine. Les remblais sauvages et les infrastructures vétustes et inadaptées au nombre de la population constituent une autre paire de manche. Tana reste une vitrine déterminante dans la carrière d’un politicien. Un maire qui réussit à Tana trouve un excellent tremplin pour grimper à l’étage au-dessus. Un président qui arrive à maintenir Tana dans une tenue respectable est assuré d’un second mandat. Le nouveau président de la République a ainsi un pari à gagner. Visiblement, il est conscient du problème pour avoir été à la tête de la capitale et à en croire ses projets, il préfère laisser Tana en l’état et construire toute une autre ville dans les périphéries comme Tanjombato et Ambohidratrimo. Des projets salutaires et dont l’avènement est vivement souhaité. Le Grand Tana est, d’ailleurs, un projet datant de plusieurs années mais qui n’a jamais vu le jour. Faute de volonté ou de financement ? On ne le sait. Aujourd’hui les deux paramètres semblent enfin réunis à en croire les promesses électorales. On est ainsi en droit de s’attendre que, l’année prochaine, on n’aura plus affaire à ce Noël Ville infernale et hideuse et qui ôte toute joie à la fête.
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