American Dream - Un pays entre mythe et réalité


« Le rêve américain est mort. Nous le ressusciterons en bâtissant une Amérique plus grande. » Ainsi pourraient être résumés le credo et le fonds de commerce de Donald Trump. C’est par ces deux phrases que Tom Andriamanoro ouvre sa chronique hebdomadaire. E n cette presque-veille des présidentielles, seuls les Américains eux-mêmes pourront jauger et juger s’il y a réussi. Ce rêve, ils en ont un besoin vital, plus même que de l’air qu’ils respirent, peut-être parce que leur pays, l’Amérique, a préexisté à l’état de rêve avant même qu’il ne soit matérialisé sur une carte. Même des auteurs de l’Antiquité grécoromaine en ont… rêvé. Et de tout temps, aujourd’hui plus encore qu’hier, la meilleure caricature de l’Américain serait celle d’un marcheur qui n’a dans son baluchon que son énergie et ses rêves, un pied dans la réalité, un autre dans l’imaginaire, et le regard vissé sur l’horizon. D’où vient au juste cette expression de « Rêve américain » devenue presque une institution ? C’est l’historien James Trustlow Adams qui l’utilisa pour la première fois en 1931, dans son livre « The Epic of America ». Son idée de base était de dire que peu importe la condition sociale à laquelle on appartient, ou le lieu où l’on est, aux États-Unis chacun peut atteindre le sommet s’il s’en donne les moyens. Cette conviction était déjà bel et bien présente dans la Déclaration d’Indépendance de 1776, où il était clairement stipulé que « nous considérons que ces vérités sont évidentes, que tous les hommes ont été créés égaux, qu’ils ont été dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables que sont notamment la Vie, la Liberté, et la poursuite du Bonheur ». Le rêve américain est porteur de valeurs qui incitent à viser le sommet, à se donner à fond, à ne pas s’arrêter sur un échec. Au fil du temps, il a été alimenté par les ressources quasi inépuisables du pays qui ont concouru à sa prospérité. Ouvert sur deux océans, l’Amérique a vu ses échanges et son ouverture sur le monde, pour ne pas parler de son hégémonie, facilités d’autant. Pour illustrer les valeurs américaines, Will Smith a pris l’exemple bien trouvé de son premier saut en parachute : « Pourquoi avons-nous peur ? Il est naturel de craindre un saut dans le vide, mais je ne comprends pas tout ce stress d’avant l’heure. Une fois en chute libre, je ne ressens plus que de la joie et de l’adrénaline. Tout ce dont j’ai eu peur auparavant n’a plus aucune utilité. » La morale de son histoire est toute simple, américaine : Ne laissons pas nos pensées négatives, nos peurs, prendre le dessus sur notre volonté. Retour sur les siècles passés, dont aucun n’a réussi à altérer le rêve américain. Pour les lointains « pères pèlerins », d’austères puritains partis se réfugier de l’autre côté de l’Atlantique, l’Amérique est la terre sacrée où ils pourront accomplir une mission confiée par Dieu : construire « la Cité sur la colline », comme l’invoque John Winthrop dans un sermon passé dans l’Histoire des États-Unis : « We must consider that we shall be as a city upon a hill. The eyes of all people are up on us. » Les « pères fondateurs » pour leur part se réunissent en Convention en mai 1787 à Philadelphie pour rédiger un document qui deviendra la Constitution des États-Unis. Parmi eux figurent George Washington, Benjamin Franklin, James Madison. Ils y consignent les attentes et les espoirs qui les habitent. Deux maîtres-mots reviennent dans le libellé des actes fondamentaux, ceux de Liberté et de Droit au bonheur. Rêves de richesse, de bien-être matériel, de réussite sociale, de liberté politique et religieuse, ainsi va la Cité sur la colline, aujourd’hui comme hier, et sûrement comme demain. En son temps déjà, Bernard Shaw avait imaginé un dialogue où le serpent dit à Eve : « Tu vois des choses et tu dis Pourquoi ? Moi je rêve de choses qui n’ont jamais existé et je dis : Pourquoi pas ? » That’s America, à la fois utopie et lieu de tous les possibles…
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