Malgaches, tous citoyens ? (première partie)


Très bonne question dont la réponse sonne, à la fois, comme une évidence mais également et paradoxalement comme une énigme. Revue à la loupe lors du séminaire annuel de la société civile organisé par l’Ambassade de France, la citoyenneté malgache a vu d’intéressants échanges, assez inhabituels. C’est quoi le citoyen, c’est quoi la citoyenneté, c’est quoi la nation et la patrie  Bref, qu’est-ce qu’être un citoyen malgache, est-ce la conception que la colonisation nous a léguée ou est-ce un concept qui nécessite une recherche, une conception que nous avons perdue ou que nous n’avons jamais pris la peine ni le temps de construire. Cet évènement est une occasion de remettre sur la table quelques réflexions sur notre société, la société civile : une société si vile Les institutions, leur fonctionnement et les personnes qui les administrent ne sont que l’image fidèle de la société dans laquelle elles existent. En effet, nous tolérons des agissements et des manières de faire à chaque sphère de la société car nous y trouvons un quelconque profit ou parce que nous nous identifions indirectement à la pratique, aussi controversée soit-elle. Il est vraisemblable que la société décrie tout bas des agissements des tenants du pouvoir mais en réalité, le moment venu où une occasion se présente à quiconque, ce dernier refera les mêmes choses qu’il trouvait exécrables, ou du moins qu’il disait exécrables du bout des lèvres. On a tendance à dire, qu’en fait, ce n’est pas les personnes qui sont mauvaises mais c’est le système qui les force à agir ainsi. Au contraire, les systèmes perdurent pour la simple raison qu’ils conviennent, en vérité, à un grand nombre. Car si la majorité se sent vraiment concernée et ne s’identifie pas au système dans lequel elle vit, elle opèrera une transformation immédiate pour se sentir maître de son élément. Bref, nous ne subissons que les tyrans que nous méritons ou qui nous conviennent. Car de tout temps, de toutes les sociétés humaines ou animales, les oppressés (par des personnes, des systèmes, des pratiques, etc.) se sont indignés. Par exemple, la corruption est si présente, pour la simple raison que chacun de nous l’encourage et la renforce par des manières qui nous servent quand cela nous arrange. L’éducation civique est tellement désuète car, de temps à autre, plus fréquemment que nous le pensons, aller au-delà des règles sociales sert notre intérêt immédiat au grand détriment de l’intérêt commun. Les écrits sur la société civile malgache contemporaine sont nombreux. Et comme d’autres dans de multiples pays, elle fait face à de multiples problématiques, notamment, les guerres de leadership et de représentativité. Il faut aussi le dire que, finalement, nos organisations de la société civile sont devenues des outils de captation de financement venant des bailleurs de fonds. Il est indéniable qu’avec des fonds, il est plus facile de mettre en œuvre des actions et d’avoir plus de largeur dans le fonctionnement des organisations. Cependant, les financements sont devenus le leitmotiv et conditionnent l’existence même de ces initiatives qui devraient pourtant être des actions plus citoyennes que lucratives. Force est de dire que ce séminaire a mis en exergue une nouvelle face de cette société civile plus ancrée dans l’importance de l’histoire, de la culture, de nos valeurs. Il faut également apprécier la grande valeur accordée par les participants à la diversité tant de nos organisations que de notre civilisation malagasy. Finalement, à noter aussi la volonté de collaborer avec les médias, surtout les radios afin de permettre un peu plus au Malgache de n’être plus un sujet dont on parle mais d’un citoyen qui parle. Mbolatiana Raveloarimisa
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