Eau secours 


Antananarivo a -t-elle encore un avenir ? Les faits montrent jour après jour, que la capitale s’étouffe au point d’être complètement asphyxiée. Faute d’avoir adopté préalablement un plan d’urbanisme depuis l’indépendance, faute d’avoir éduqué la population sur la discipline de la vie citadine, faute de courage des divers responsables qui laissent faire en toute connaissance de cause, la capitale se trouve aujourd’hui dans un cul-de-sac dont on ignore comment elle peut encore s’en sortir. Lors de la journée des grandes villes célébrée la semaine passée, les conférenciers ont préconisé l’adoption d’une nouvelle vision pour pouvoir encore donner un avenir à la capitale. Une bonne ambition dont la concrétisation relève de l’utopie. Les décisions sont urgentes et incontournables si l’on veut encore sauver ce qui peut l’être. Depuis les années 60-70, plusieurs projets étaient annoncés à propos de la modernisation et de l’agrandissement de la capitale. Le projet « Grand Tana » passait d’une République à l’autre avec quelques retouches sans qu’aucun coup de pioche ait été donné jusqu’à maintenant. La situation empire d’un jour à l’autre. Deux cas l’ont illustré ces derniers temps. Mercredi, un imbécile comme il en existe des milliers dans la circulation, a laissé son gros camion trahi par sa mécanique au beau milieu de la rue à Ankadimbahoaka. L’embouteillage causé par ce comportement inconscient où la désinvolture la dispute à l’incivisme, a été monstrueux. Tous les axes connexes ont été bloqués dans cette périphérie Sud de la ville. Une telle inconscience mérite tout simplement la guillotine mais les usagers ont beau râler, le fauteur de trouble en était quitte. Il s’agit pourtant bel et bien, d’une perturbation de l’ordre public chère à l’Emmoreg. L’heure de circulation des gros camions est devenue obsolète. Chacun fait ce qui lui plaît sauf au moment où le Président de la République va passer. La voie est miraculeusement dégagée même s’il prend un hélicoptère. La nouvelle vision exige d’abord qu’on applique les dispositions en vigueur en matière de circulation et qu’on limite le poids et la dimension des véhicules autorisés à circuler. C’est inutile de tracer des plans sur la comète si on n’a pas le courage d’imposer les réglementations prévues par les textes. Et, bien évidemment, sévir et punir tous les hors-la-loi. Ce qui n’est pas évident dans une ville où toute tentative d’assainissement se heurte à une résistance farouche des concerts qui puisent leurs forces dans l’anarchie imposée par la crise de 2009 et qui a complètement affaibli l’autorité de l’État et de ses responsables délégués. Hier, la première grosse pluie a complètement paralysé la capitale tenue en otage par les remblais sauvages qui continuent de plus belle, l’indiscipline de la population révélée au grand jour par l’épidémie de la peste et confirmée par cette trombe d’eau que les vieux égouts de la ville, obstrués par les éléments en plastique de toutes sortes, ne peuvent plus ingurgiter. Le résultat est le même. La circulation est bloquée d’un bout à l’autre de la ville. Tout le monde essaye de se frayer un chemin pour se défaire de cet enfer mais il a fallu faire preuve de patience et de persévérance assortie de calme et de self contrôle pour s’en sortir au bout de quatre tours d’horloge. Le calvaire risque d’être quotidien jusqu’à la fin de la saison des pluies et surtout pendant les fêtes de fin d’année. La dépréciation constante de l’ariary qui renchérit les prix des biens et services, n’a aucune prise sur la propension à consommer et à circuler. L’enfer est de plus en plus insupportable au fur et à mesure que Noël approche. Eau secours ! Par Sylvain Ranjalahy
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