Conférence des bailleurs - 3,4 milliards de dollar à mobiliser


La conférence des bailleurs se tiendra à Paris, les 1er et 2 décembre prochains. Un rendez-vous à l'issue duquel l'État espère repartir avec 3,4 milliards de dollar. Challenge. L'État a annoncé officiellement, hier, la tenue de la conférence des bailleurs de fonds et amis de Madagascar. Cet événement prévu depuis 2014, et récemment attendu pour les 24 et 25 octobre, se tiendra finalement à Paris, les 1er et 2 décembre. Il sera décisif pour la mise en œuvre du Plan national de développement (PND) pour les années 2016 à 2020. Il a été annoncé, lors d'une conférence de presse, hier, à Mahazoarivo, que la Grande île compte sortir des deux jours d'échange avec des accords sur une somme totale d'investissement à hauteur de 3,4 milliards de dollar. Cette somme devrait venir combler les fonds nécessaires « pour les besoins immédiats des projets structurants » à hauteur de 5 mil­liards de dollar. Les 2,6 milliards seraient déjà « acquis ». Le décaissement d'une partie de cette somme déjà « acquise » devrait aussi être au menu  de la conférence de Paris. Selon Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, l'enveloppe totale escomptée durant ce rendez-vous avec les bailleurs « sera nécessaire à l'intensification des efforts de réalisation de programmes d'investissement dans des domaines moteurs de croissance ». La manne internationale qui devrait se présenter sous forme de don, de prêt, ou encore d'investissement privé, concerne cinquante projets « structurants et prioritaires ». À l'écoute de l'exposée d'hier, le pouvoir mise visiblement sur la conférence des bailleurs pour donner un coup de fouet à la concrétisation de son programme de développement, notamment pour les deux dernières années de son mandat. Et à voir la période d'application du PND, l'administration Rajaonarimampiaina compte briguer un second quinquennat. Deux fronts Pour marquer le coup, le Premier ministre s'est présenté aux journalistes. Et pour sa première conférence de presse à Mahazoarivo, le locataire des lieux était accompagné de son ministre des Finances et du budget et de celui de l'Économie et de la planification. Les représentantes du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud), et de la Banque mondiale, ainsi que celle de la Banque Africaine de Développement (BAD), étaient également de la partie. L'importance des investissements étrangers pour booster le développement a été souligné par le numéro 2 de l'Exécutif. Certes, la conférence de Paris aura surtout pour objectif de séduire les investisseurs internationaux. Au regard des farouches contestations face à l'installation de société d'exploitations internationales, comme c'est le cas à Soamahamanina, pourtant, l'État devrait aussi songer à entamer une opération séduction envers les habitants des localités concernées et qui pourraient l'être par les grands projets d'investissements. Le cas de la commune de la région Itasy est la plus tonitruante actuellement, mais les oppositions commencent à se faire entendre dans d'autres endroits de l'île. Questionné sur le sujet, Solonandrasana, Olivier Mahafaly semble figé à l'idée que toute contestation et manifestation populaire soit synonyme d'acte de déstabilisation. Comme solution, le Premier ministre avance l'idée d'un « dialogue politique désintéressé et franc ». Un « dialogue », qui pourrait ne pas concerner l'opposition désavouée par le pouvoir du fait de son « intention séditieuse ». Un « dialogue » qui pourrait concerner directement l'État et la population locale. À entendre le chef du gouvernement, il pourrait toutefois ne pas être pour tout de suite. Interrogé sur le moment où ce « dialogue », sera entamé et la manière dont il sera mené, le locataire de Mahazoarivo soutient, pourtant, qu'il n'est pas nécessaire de le programmer car « cela se fait déjà au sein du Parlement qui est l'institution où devrait se faire le dialogue politique ». Dans son communiqué publié, jeudi, l'Observatoire de la vie publique (SEFAFI), souligne, toutefois, que « les institutions censées jouer le rôle de contre-pouvoir se détournent de leurs véritables missions. L’Assemblée nationale se fait plutôt l’avocat de l’exécutif, si elle ne se vend au plus offrant (…) ». Une situation qui fait que les débats parlementaires soient systématiquement biaisés. L'intérêt général et les intérêts locaux sont éclipsés par l'avidité financière ou politique de certains individus. Refonte du code minier et réforme Durant la conférence de presse, hier, le Premier ministre, a martelé la nécessité de réformer le code minier comme première solution face aux contestations des projets d'investissement miniers, par la population locale. Le texte y afférent est, pourtant, en gestation depuis plusieurs mois et semble connaître un accouchement difficile. Il a été déclaré également les réformes de textes légaux devant assurer un meilleur climat d'investissement. Bien que le chef du gouvernement affirme qu'il n'y aura plus d'impunité, les événements de ces derniers temps laissent, pourtant, perplexe sur l'existence d'une réelle sécurité juridique dans le pays. Pour le rapt d'un ancien chef de région à Fianarantsoa, par exemple. Il y a aussi le cas d'un détournement de deniers publics, constaté par des inspecteurs d'État dans la commune rurale d'Ambohimahamasina. Deux affaires sur lesquelles la justice reste stoïque. À cela s'ajoute les excès et actes de corruption de hautes personnalités et de leurs proches qui semblent systématiquement impunis. Il pourrait maintenant être temps de joindre la parole en acte. Garry Fabrice Ranaivoson
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