Affaire Soamahamanina - Deux leaders des contestataires à Antanimora


Deux des chefs de file de l'association Vona Soamahamanina sont placés sous mandat de dépôt. Quatre chefs d'inculpation ont été retenus contre eux dont l'atteinte à la sûreté intérieure de l'État. Expéditif. Les autorités n'ont pas perdu du temps pour sévir contre les leaders des contestataires de Soamahamanina. Après leur interpellation hier, à Soama­hamanina et les premières auditions à Miarinarivo, Pierre Robson et Tsihoarana Andria­nony, deux figures de l'association Vona Soama­hamanina ont été transférés à Antana­narivo hier pour faire l'objet d'une enquête au fond au tribunal d'Anosy. À l'issue de 2 heures d'audition, le Parquet a décidé de placer les deux prévenus en détention provisoire. À 19 heures, les deux chefs de file de la contestation populaire de l'exploitation aurifère, à Soama­ha­manina ont été directement conduits à la maison d'arrêt d'Antanimora, où ils attendront leur procès prévu se tenir la semaine prochaine. Quatre chefs d'inculpation sont retenus contre les deux accusés. Le fait que la Cour suprême a sorti un arrêt pour dessaisir la juridiction de Miarinarivo, pour le transférer à celle d'Antana­narivo, témoigne de la gravité des charges retenues, et indique que le dossier prend une envergure d'affaire d'État. « Atteinte à la sûreté intérieur de l'État, conduite d'une manifestation sans autorisation, destruction de bien commun » figurent notamment parmi les faits imputés aux deux leaders de l'association villageoise. Ils sont également tenus pour respon­sables de la disparition du fusil d'un élément des forces de l'ordre durant l'affrontement entre ces derniers et les habitants de la commune rurale de la région Itasy, jeudi. À l'échéance du délais de cinq jours donnés à l'État pour enjoindre la société d'exploitation minière implantée à Soamahamanina de quitter les lieux, et sans réponse favorable, les habitants de la commune ont tenu une mani­- fes­tation jeudi. Introuvable Une marche qui s'est soldée par un face-à-face brutal avec les forces de l'ordre sur une portion de la RN 1 au niveau du pont d'« Ikalarina ». Un affrontement durant lequel la végétation adjacente au champ de bataille a pris feu. Des proches des deux accusés racontent la manière dont ils ont été appréhendés par les forces de l'ordre. « Alors qu'il était en réunion, à l'issue de la manifestation, un responsable des forces de l'ordre a appelé Pierre Robson pour lui demander de discuter. (…) il s'est avéré qu'il a fait l'objet d'une arrestation et a tout de suite été transporté à Miarianarivo », narre la source. Une ruse, également, utilisée pour appréhender Tsihoarana Andrianony. Les deux scénarios ont une certaine similitude avec l'approche des forces de l'ordre venus au siège de la station Viva, à Ambodivona, pour « arrêter » Augustin Andriamananoro, membre du bureau national du groupe des partisans de Andry Rajoelina (Mapar). L'ancien ministre de la Transition serait également dans le collimateur des forces de l'ordre. Sa présence à Soamaha­manina, jeudi, pourrait en être la raison. Après de son intervention sur le plateau de la station privée, deux hommes en tenue civile l'ont abordé sur le parking pour lui demander de discuter, a-t-il narré jeudi. « Tout d'un coup un 4x4 de l'EMMO a déboulé plein phare et les deux hommes ont tenté de m'interpeller, mais j'ai pu m'échapper », a relaté l'ancien ministre. Une source auprès des forces de l'ordre confirme que l'ordre donné aux agents en tenue de combat et en civile dépêché à Ambodivona était de l'appréhender. Lors d'une conférence de presse, hier, à Ambo­divona, Augustin Andriamananoro a soutenu « J'ai été victime d'une tentative d'enlèvement car ils n'avaient pas de mandat d'arrêt (…) ». S'étant réfugié dans les locaux de Viva jusqu'à hier matin, l'ancien ministre serait jusqu'ici, « introuvable ». Du coté de la station privée l'on indique qu'Augustin Andriamananoro aurait quitté les lieux dans le courant de la journée. Les membres de sa famille politique affirment, toutefois, qu'il ne se cache pas. Son domicile à Ampitatafika a fait l'objet d'une perquisition hier matin. Aucune preuve compromettante, selon Jean Elie Andria­tseheno, témoin durant la fouille, n'a été trouvé par les enquêteurs. Le motif de l'arrestation de l'ancien ministre de la Transition n'est, pour l'heure, pas communiqué par les responsables. Même le mandat de perquisition de son domicile est muet sur la question. Garry Fabrice Ranaivoson
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