Le Malgache en mal de héros


Nos athlètes essaient tant bien que mal de tirer leurs épingles des jeux des îles de l’Océan Indien. Personnellement, aucun de nous n’est en bonne position pour quelconques critiques négatives sur ce qu’ils essaient d’accomplir et sur ce qu’ils ont accompli jusque-là. Au sujet des agissements de quelques individus, c’est une autre paire de manches qui nécessiterait un réel débat de fond et de forme. Nous savons tous dans quelles conditions nos athlètes doivent s’entraîner. L’exemple très concret de nos jeunes coureurs est à fendre le cœur. Durant des semaines et des semaines, ils se sont entassés au stade d’Alarobia pour suivre leurs programmes. Certes, ils ne demandaient pas un palace, mais un minimum vital et viable pour pouvoir se préparer comme il se doit. Beaucoup sont venus d’autres Régions, loin de leurs familles. Les coaches ont fait ce qu’ils ont pu, mais il faut dire que ces jeunes gens ont souffert. La victoire, les performances dans tout domaine ont des coûts. Les coûts humains peuvent être les investissements personnels des gens en termes de temps, d’énergie, de matière grise, d’émotion, de séparations, d’effort physique et intellectuel. On peut et on doit aussi parler de tout l’espoir qu’ils mettent dans leur projet, de cette volonté d’atteindre la victoire, la perfection, les grands moments pour soi...mais surtout pour ce drapeau blanc, rouge, vert. Les coûts financiers ne peuvent pas directement propulser une équipe vers la réussite. Mais ils forment une base indéniable pour préparer les façonner les vainqueurs. Sept îles participent à cette dixième édition : Madagascar, La Réunion, Seychelles, Maldives, Comores, Mayotte et Maurice. Près de deux mille athlètes sur quatorze disciplines sont présents et feront leur maximum pour atteindre les trois premières places et le podium. On imagine que les îles sœurs comme La Réunion, les Seychelles, Mayotte voire les Maldives ont mis le paquet pour que ceux qui portent leurs drapeaux soient les meilleurs. Des infrastructures aux normes, des athlètes professionnels qui peuvent se concentrer sur leur métier, des accompagnements tout au long de l’année voire des années. Le hasard, les prières, la chance n’ont qu’une place infime dans la victoire. Dieu n’aide pas celui qui ne s’aide pas. Les bons résultats viennent avec la pratique, les essais, les échecs, les entraînements. Mais aussi avec de bons équipements, de bonnes conditions humaines, de bons soutiens de la part du système et des responsables étatiques à tous les niveaux. Quand on regarde l’engouement que nous avons eu pour les Barea et l’exploit qu’ils ont accompli, une analyse sociale assez simpliste pourrait supporter la thèse que les Malgaches sont en mal de héros. Et quand quelques braves personnes ont accompli un exploit, le sentiment d’appartenance nationale se réveille. La grosse communication autour de la Coupe d’Afrique des Nation a également permis de partager ces exploits dans tous les recoins de l’île qui a fait générer un égrégore national. Malheureusement, de nombreux exploits de nos compatriotes sont mis sous silence alors que ces héros méritent tout autant de gloires et nos remerciements afin de les encourager à toujours accomplir plus de grandes choses. Les Malgaches sont en manque de héros, mais qu’en est-il pour en faire naître, grandir et les garder chez nous ?
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