Courrier des lecteurs - Forêts, climat, reboisement : Mada à la une


1 billion d’arbres ou plus à planter, c’est ce que préconise une étude récente par des chercheurs européens pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Planter des arbres pour contrer le changement climatique semble tomber sous le sens. On savait que les forêts absorbent le gaz carbonique pour produire l’oxygène que nous respirons à travers la photosynthèse. Et pourtant, c’est bien la première fois que des calculs précis ont été faits sur combien planter, où et combien de gaz carbonique pourrait ainsi être absorbé. Selon cette étude donc, il y aurait encore sur la planète suffisamment d’espace, terrains dégradés et dénudés, pour planter et créer de nouvelles forêts sans pour autant empiéter sur les zones agricoles et les zones d’habitations nécessaires à l’humanité. Plus précisément, il serait possible de replanter une superficie de 9 millions de kilomètres carrés, à peu près la superficie des États-Unis d’Amérique. Les chercheurs ont calculé qu’il suffirait de quelques décennies pour que ces nouvelles forêts absorbent l’équivalent de dioxyde de carbone que nous avons émis au cours des 25 dernières années ! Ce serait la solution la plus efficace et la moins coûteuse pour lutter contre les changements climatiques… Toujours ce mois de juillet, une seconde étude a cartographié les régions du monde où la restauration des forêts tropicales, qui sont les plus touchées par la déforestation, serait le plus faisable et rentable et génèrerait le plus de bénéfices. En tout, six pays prioritaires ressortent de cette analyse, tous se trouvent en Afrique : le Rwanda, l’Uganda, le Burundi, le Togo, le Sud Soudan et Madagascar. Pour Madagascar, les bénéfices sont en effet multiples : lutte contre l’érosion, protection de la biodiversité, approvisionnement durable en bois énergie et bois d’œuvre, contribution à la productivité agricole, etc. Voilà, s’il faut encore des raisons pour justifier l’importance des forêts, de leur protection et de leur restauration, nous sommes bien servis. Il faut maintenant passer à l’action et préparer d’ores et déjà la prochaine saison de reboisements. Et en passant, un petit calcul pour nous faire réfléchir : de 2001 à 2018, Madagascar a perdu, selon le Global Forest Watch, 3.63Mha de couverture forestière, soit l’équivalent de 21% de réduction depuis l’an 2000. On se rappelle du chiffre effarant de 2017 – 510,000 ha de perte de couverture forestière et un record mondial ! Idéalement, il faudrait planter au moins l’équivalent. Et surtout maintenir l’existant. Devant nous s’ouvre une fenêtre d’opportunités sans précédent : volonté politique au niveau national, intérêt mondial, des expériences positives et des compétences sur le terrain. Il ne reste que le liant entre tous ces ingrédients pour faire tourner la sauce : une vision et un cadre politique clairs pour nos forêts, leur protection, leur valorisation et leur restauration pour guider et fédérer les actions de tous les acteurs maintenant et dans le futur. 1 Bastin et al., The global tree restoration potential, in Science 05 Jul 2019: Vol. 365, Issue 6448, pp. 76-79 2 Brancalion et al., Global restoration opportunities in tropical rainforest landscapes, Science Advances 03 Jul 2019: Vol. 5, no. 7, eaav3223 par Nanie Ratsifandrihamanana 
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