Election - L’anarchie règne dans la précampagne


Des dérives commencent à être constatées dans la précampagne pour la présidentielle. En l’absence de cadre légal, les présumés candidats et leurs partisans s’en donnent à cœur joie. Tout est permis. C’est visiblement l’état d’esprit qui prévaut chez certains prétendants déclarés ou pressentis à la prochaine élection présidentielle, qui s’adonnent à leur guise à la précampagne. Une expression décomplexée de leurs ambitions électorales, confortée par l’absence de cadre légal régissant l’avant match des joutes électorales. Les faits de ces derniers jours indiquent, toutefois, qu’en l’absence de règlementation de la précampagne, une certaine anarchie commence à s’installer. La plus visible est celle menée par Andry Rajoelina, ancien président de la Transition, qui devrait être le porte-étendard de son groupe politique le Mapar, à la course à la magistrature suprême. Le leader des Oranges sillonne Madagas­car depuis quelques semaines, au motif de vulgariser son Initiative pour l’émergence de Madagascar (IEM). Ses rendez-vous politiques ont toutefois des allures de show de propagande avec toute la panoplie, comme les artistes pour tenir la foule en haleine. Une formule reprise par le pasteur Mailhol, candidat annoncé. La traçabilité des fonds importants engagés dans ces meetings semble peu probable, étant donné que l’obligation de transparence des fonds de campagne ne s’impose que durant la période légale de propagande. Il y a aussi, la distribution de posters à l’effigie des prétendants à la présidence de la République. Jean Omer Beriziky, ancien Premier minitre, candidat annoncé à la présidentielle, entame déjà la distribution de tracts expliquant son programme. Ses affiches sont également déjà collées sur des murs et des poteaux un peu partout dans la capitale. Pour la période légale de campagne pourtant, il n’est autorisé d’apposer des affiches qu’à des endroits prédéfinis et mis à disposition des candidats par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Dérives Un autre ancien Premier ministre qui a annoncé sa candidature à la magistrature suprême, le général Jean Ravelonarivo, martèle à la dernière d’un quotidien de la capitale l’annonce de sa candidature. Bien qu’il l’ait dénoncé lors d’une tournée dans la région Androy, au début du mois, Hery Rajaonari­mampianina, président de la République, de prime abord, est aussi en pleine précampagne. Son statut de chef de l’État donne le droit à celui dont la candidature à l’élection présidentielle est réclamée à tue-tête par sa famille politique, de faire des tournées ou encore, de tenir des meetings d’inauguration d’infrastructure. La fréquence des sorties présidentielles, la multiplication des réunions publiques où il explique son Fisandratana 2030 et la teneur de certains de ses discours trahissent une teinte de propagande. Il y a ceux, comme Marc Ravalomanana, ancien chef d’État, qui surfent sur la vague religieuse. « La précampagne est un terme journalistique. C’est la raison d’être de tout parti politique, convaincre la population d’adhérer à la cause. Les candidats malheureux doivent se préparer dès le lendemain de l’élection. Il n’y a rien à polémiquer », a déclaré Jean Eric Rakotoa­risoa, président de la Haute cour constitutionnelle (HCC), au Carlton Anosy, le 12 juillet. Dans une conférence de presse à Nanisana, quelques jours auparavant, maître Hery Rakotomanana, président de la Ceni, a reconnu l’impuissance de cet organe constitutionnel face à la précampagne. « Sur le plan légal, la Ceni n’a aucune réponse à apporter. Elle est soumise à la Constitution et aux lois, et n’agit que suivant ce qui est prévu dans les textes », a-t-il regretté. Bien qu’il y ait un vide juridique, face aux dérives, Patricia Raharisoamalala du KMF/CNOE estime qu’un rappel à l’ordre ferme s’impose. Les discours sur terrain ou sur les plateaux des médias des candidats annoncés ou pressentis, et ceux de leurs partisans commencent à se durcir. Les invectives par presse interposée, ou encore sur les réseaux se font plus marquantes, jusqu’à s’en prendre à des enfants mineurs. Des partisans de chaque camp n’hésitent plus à transgresser des lois ou des normes déontologiques et flirter avec des délits pénalement répréhensibles pour s’attaquer ou répliquer à son vis-à-vis. À cela s’ajoute la stra­té­gie qui consiste à s’ériger en favori. Une démarche dangereuse pour la quiétude post-électorale, en cas de déconvenue du ou des favoris. La situation actuelle annonce une campagne électorale agressive.
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