Sénat - Le Toaka Gasy reste interdit


La proposition de loi relative à la production et la commercialisation du Toaka Gasy ont été rejetées par le Sénat. Un des arguments martelés par les sénateurs est le risque que cela pourrait engendrer sur la santé. La douche froide. Le scénario au Sénat, dans la soirée de mardi, a refroidi l’éternel enthousiaste qu’est le député Brunelle Razafintsiandraofa, vice-président de l’Assemblée nationale. À l’issue de cette séance plénière nocturne, les sénateurs ont rejeté en bloc la proposition de loi relative à la production et la commercialisation du Toaka Gasy, initiée par l’élu d’Ikon­go. Un rejet motivé par les appréhensions vis-à-vis des risques que pourraient avoir le rhum traditionnel. Invité sur le plateau de la radio Antsiva, hier, le député Raza­fi­tsiandraofa n’a pas caché son amertume suite à la décision de la Chambre haute. « Tous les alcools importés commercialisés à Madagascar ne nuisent-ils donc pas à la santé des consommateurs », réplique le vice-président de l’Assemblée nationale. La proposition de loi relative à la production et la commercialisation du Toaka Gasy a déjà été adoptée par les députés, le 16 juin 2020. Une initiative qui a ravi une partie de l’opinion publique. Depuis, toutefois, le texte a été en suspens au Sénat. Les anciens sénateurs ont déjà fait par de leur réserve vis-à-vis de la proposition de loi défendue par le député d’Ikongo. Leurs successeurs n’ont pas hésité à rejeter le texte. Un rejet qui semble étonner Brunelle Razafintsiandraofa. « Il y a eu quatre travaux de commission. Au début nous étions au diapason. Au fur et à mesure que le temps a avancé, pourtant, les sénateurs ont changé d’opinion pour en arriver à ce rejet », indique-t-il. L’argument sur les risques sur la santé publique martelé par les sénateurs est discutable, insiste l’élu d’Ikongo. Effectivement, c’est pour encadrer le secteur en appliquant des normes sanitaires et commerciales est la raison d’être de sa proposition de loi. [caption id="attachment_122931" align="aligncenter" width="1024"] Brunelle Razafintsiandraofa, vice-président de l’Assemblée nationale, ne cache pas sa déception suite au rejet de sa proposition de loi.[/caption] Sanction ? Le texte initié par le député Razafitsiandraofa est perfectible, certes. De prime abord, toutefois, il prévoit un encadrement légal et réglementaire à toutes les étapes de la production du Toaka Gasy. « Le Toaka Gasy doit avoir une teneur en alcool inférieur à 44° », dispose, par exemple, la proposition de loi. Une procédure de contrôle avant la commercialisation y est prévue. La proposition de loi ajoute que les caractéristiques et spécifications techniques de la qualité du rhum traditionnel sera défini par un acte règlementaire. Outre les caractéristiques du Toaka Gasy commercialisable, le texte de l’élu d’Ikongo encadre le packaging, la vente, ou encore, le matériel destiné à la fabrication du rhum traditionnel. Il affirme son regret suite à la décision des sénateurs et souligne la dimension économique, sociale et culture du Toaka Gasy. « Le Toaka Gasy est au centre de presque tous les rituels traditionnels. Pour moi, cette décision est un rejet de notre identité nationale, de notre culture et nos valeurs », fustige le vice-président de l’Assem­blée nationale. Il ajoute que « cette filière peut booster l’essor économique de plusieurs localités rurales ». En réponse aux appréhensions des sénateurs, par ailleurs, le député d’Ikongo soutient qu’à part la consommation, il y a plusieurs possibilités d’utilisation du Toaka Gasy. Maintenir l’interdiction du Toaka Gasy est une hypocrisie politique, à une certaine mesure. Décideurs étatiques, élus, dignitaires politiques et civils, ou simples citoyens, tous ne manquent pas une occasion d’en rapporter quelques litres lorsqu’ils sont de passage dans les localités productrices. Tous en cherchent activement lorsqu’ils organisent des événements traditionnels. Aucune autorité locale ne réprimande les producteurs artisanaux de Toaka Gasy. Ils savent que la filière, bien que clandestine, fait vivre un village entier, ou toute une commune. Lisant les faits sous un autre angle, des observateurs estiment que la décision du Sénat pourrait être « une sanction », à l’encontre du vice-président de l’Assemblée nationale. Le député Razafitsian­draofa, bien qu’il soit une des figures du camp présidentiel, s’est toujours opposé à la modalité de scission de Vatovavy et Fitovinany, pour la création de la 23e région. Deux des principaux défenseurs de ce dossier siègent, pourtant, au Sénat. « Je parlerais longuement de ce sujet une autre fois. Je pense que ce rejet découle d’un manque de concertation entre les deux Chambres », réagit juste l’élu d’Ikongo, lorsque la question lui a été posée sur la radio Antsiva. Après le rejet du Sénat, mardi, la proposition de loi sur le Toaka Gasy sera à nouveau remise à l’Assemblée nationale pour une nouvelle lecture. Si après deux lectures chacune, les deux Chambres parlementaires ne s’accordent pas sur le texte, il revient à l’institution de Tsimbazaza de statuer définitivement.  
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