La Réunion - Trafic d'artane sur ordonnance


Sept personnes ont été jugées au tribunal correctionnel de Saint-Pierre, jeudi dernier. Ce, dans le cadre d'une vaste affaire de trafic de médicaments. Sous couvert d'une fausse association, de multiples ordonnances prescrivant des boîtes d'Artane ont été prescrites entre 2015 et 2016. Au total, ce ne sont pas moins de vingt mille cachets qui ont ainsi circulé. «Aid a nou, sauv' a nou !» Derrière cet appel au secours, se cachait une association fausse et peu orthodoxe. Celle de Nathalie H. et de son compagnon Mohammad O. Le concept, tel que vendu par ses créateurs : alimenter en Artane des jeunes toxicomanes pour les aider à se sevrer. Un concept que leur aurait soufflé un médecin de Saint-André, le docteur Antoine C., absent lors de l'audience, jeudi. Ce qui va donner lieu à plus de mille ordonnances prescrivant le médicament. Parfois, sans la présence du patient. Il suffisait que Nathalie H. vienne au cabinet, avec un bouquet de cartes vitales, pour repartir avec les documents. «Des amis toxicos m'avaient remis leur carte vitale, l'objectif, c'était le sevrage !», se défend Nathalie, qui était elle-même accro à plusieurs drogues au moment des faits. Une fois les boîtes de médicaments récupérées, un lot était conservé par la mère de famille et les comprimés étaient ensuite redistribués. Médicament particulier À la barre, le docteur Jean C., qui a pris le relais du premier praticien parti en vacances, ne nie pas la méthode. «Je n'avais pas encore vu ces patients, je devais les rencontrer ensuite. Je n'ai fait que renouveler des ordonnances…», plaide celui qui exerce toujours aujourd'hui. Certaines consultations n'étaient même pas enregistrées par la Sécurité Sociale. «Il y avait pourtant nécessité de voir les patients ! C'est un médicament particulier. Certaines personnes entendues dans ce dossier n'étaient même pas accro et se sont vues délivrer des prescriptions ! Votre parcours montre pourtant une personnalité censée», s'étonne le président Philippe Bergeron. En tout, plus de huit cents ordonnances vont être rédigées par le docteur Antoine C. et plus d'une centaine par le docteur Jean C. Ce sont donc près de vingt mille soixante cachets – à raison de trente comprimés par boîte – qui vont circuler par le biais de ce trafic… © JIR
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