L’utile ou l’agréable?


Une mère met ses jumeaux en vente. Un drame qui a outré l’opinion en général et les femmes en particulier. Une actualité qui a pour cadre le village d’Anklililaoka à Toliara. Elle a proposé ses progénitures pour 20. 000 ariary soit 10 kilos de riz. Voilà l’étendue de la pauvreté qui assaille les compatriotes dans certaines régions. Une situation commune à beaucoup d’endroits où les aléas climatiques et la mauvaise récolte qui en est la conséquence ont rendu l’existence difficile voire impossible. Beaucoup ont choisi de partir vers la terre promise vers le Nord en vendant ce qui leur restait d’économie. La pauvre mère estimait qu’elle ne pourrait pas élever convenablement ses jumeaux et a décidé de s’en séparer. Une attitude condamnable certes mais au moins elle ne les a pas tués et ou jetés dans une fosse d’aisance comme c’est souvent le cas. La faim n’est pas spécifique du Sud où le kere continue de frapper plusieurs régions. L’Etat a dépêché là bas plusieurs camions chargés de vivres à titre d’aide d’urgence. Une initiative qui permettra de soulager la population pour un moment mais l’opération ne pourra pas être maintenue à l’infini vu son coût. Il en va de même des Kaly Tsinjo instaurés dans plusieurs villes pour aider les plus vulnérables. Même à 100 ariary le plat et le dessert, beaucoup de gens sont réduits à vivre carême toute l’année. La solution reste la création d’emplois à travers l’industrialisation. C’est ce que l’Etat a l’intention d’entreprendre avec l’annonce de construction de soixante unités industrielles dans les districts. De petites unités de transformation des produits locaux. Un bon projet prometteur s’il se réalise. On ne voit pas pourquoi cela ne devrait pas marcher. L’objectif est surtout de créer des emplois et produire ce dont on a besoin sur place. C’est ainsi que l’économie pourra se relancer. La balance commerciale doit être positive si l’on veut atteindre un certain niveau de croissance et pour que la population ressente les effets des résultats réalisés. Le tout est de savoir prioriser les actions à entreprendre et s’occuper d’abord de l’utile avant l’agréable. Le développement est accompli quand la population peut joindre l’utile à l’agréable. Mais la conception du développement n’est pas obligatoirement pareille. Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on va se priver de construire des infrastructures de sport ou de spectacle. D’ailleurs depuis soixante ans, les priorités étaient toujours l’armée, l’éducation, la santé... Ou en sommes nous?
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