Perception de la corruption - Madagascar a du chemin à faire


La pratique politique plombe la note de Madagascar dans l’Indice de perception de la corruption. Pour l’année 2019, la Grande île perd un point et recule de six places dans le classement mondial. Dégringolade. Les résultats de l’Indice de perception de la corruption (IPC), pour l’année 2019, porte un sérieux coup à la dynamique de la lutte contre la corruption à Madagascar. Avec une note de 24/100, la Grande île fait moins bien que pour l’IPC 2018, où elle a obtenu 25/100. Aussi, elle chute à la 158e place, sur les cent quatre-vingt pays évalués. Il s’agit de la pire performance de Madagascar depuis 2012. Une année référence où, un changement méthodologique du calcul de l’IPC a été opéré. Dans l’IPC 2012, la Grande île avait atteint la barre des 32/100. Depuis, son score et son classement n’ont cessé de reculer. Pour l’année 2019, elle figure dans la liste de celle qui font du sur place en matière de perception de la corruption. Elle se fait même dépasser par des États comme le Cameroun, le Mozambique, l’Ouzbekistan, le Tadjikistan et l’Azerbaïdjan. Initié par Transparency international (TI), l’IPC est une notation et classement de la perception de la corruption dans le secteur public de cent quatre-vingt pays dans le monde. Élaboré à partir d’enquêtes et évaluations faites par des institutions internationales, l’IPC établit une note allant de 0 à 100. Plus la note d’un pays est faible, plus son secteur public est considéré comme corrompu. Le score de chaque pays est la compilation des notations sur treize indicateurs. Au regard des détails des notes, le recul de Madagascar pourrait s’expliquer, notamment, par le mauvais score attribué par le « World justice project rule of law index ». Cette entité lui a attribué 16/100, contre 19/100 pour l’année 2018. « Cette note indique qu’il y a un recul en matière d’État de droit », explique Ketakan­driana Rafitoson, directeur exécutif de Transparency internationale initiative Madagascar (TI-M). Intégrité politique Durant la présentation de l’IPC 2019, hier, au Carlton, Anosy, elle a ajouté que « les appréhensions sur les relations d’influence entre l’argent, la politique et la corruption », ont également, torpillé la note de la Grande île. Ketakandriana Rafitoson a souligné, « la thématique choisie par le mouvement Transparency internationale pour porter l’IPC, cette fois-ci, est l’intégrité politique ». Le terme intégrité politique, selon les explications, regroupe les préoccupations et exigences quant à la qualité des élections et l’exercice du pouvoir. À entendre les prises de parole d’hier, les faits et inquiétudes inhérents aux sources des financements des campagnes électorales, notamment, la présidentielle a plombé l’IPC de Madagascar. « Sur le fond, le score de Madagascar et son recul d’un point sur l’IPC 2019, s’explique par le manque d’intégrité politique qui prévaut dans le pays (…) le manque de transparence et de redevabilité politique », affirme TI-M. Opacité du financement des activités politiques, non-plafonnement des fonds de campagne, non-publication des déclarations de patrimoine, sont présentés comme « des problèmes récurrents », mettant à mal la perception de la corruption à Madagascar. « L’omniprésence et influence de certains opérateurs privés », aux côtés des décideurs étatiques et « la persistance de la protection politique et du corporatisme », sont aussi, mis à l’index. Outre la lutte contre le copinage, une règlementation stricte, assurant la transparence des sources de financements politiques, ou encore, l’accessibilité des données publiques et politiques, entre autres, ont été recommandées par TI-M pour redresser la barre. Deux points sur lesquels, les acteurs politiques restent récalcitrants. La grande majorité des candidats aux élections successives, depuis la présidentielle, n’ont pas déclaré leur compte de campagne. Il s’agit pourtant, d’une obligation légale. La tolérance zéro face à la corruption est le leitmotiv de l’État. Il escompte, du reste, atteindre le score 50/100 dans l’IPC d’ici cinq ans. La débâcle de cette année indique, cependant, que beaucoup reste à faire.
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