André Rasolo - « Des opportunités pour l’avancée de Madagascar »


L’ancien membre du Comité des experts expose son analyse d’après élection présidentielle. Quelle est votre lecture de la défaite du Président Hery Rajaonarimampianina au premier tour de l'élection présidentielle ? Il faut remonter à celle de 2013. Que s'est-il passé entre le candidat de substitution Hery Rajaonarimampianina et Andry Rajoelina pour qu’ils en soient arrivés à une rupture aussi brutale et totale ? Ceci a donné une image populaire négative à l'un : « mitsipa-doha laka-nitàna » (repousser la pirogue qui vous a permis d'arriver à bon port) ; et une image de victime à l'autre, lequel a pris la décision de s’absenter du pays pour laisser le champ libre au Président élu. C'était un geste plein de sagesse, tout à son honneur. Mais les conséquences de cette rupture brutale ont fragilisé le début de la IVème République, sortie d'une crise pour entrer dans une autre. Elles ont également, à l’élection présidentielle de 2018, porté un coup dur au Président, déjà isolé et coupé des réalités par une cour royale paralysée par des intrigues du palais et des rivalités des clans. Il fallait s'y attendre. Comment voyez-vous l'alternance au pouvoir après la proclamation officielle de la HCC de la victoire d'Andry Rajoelina ? Pour la deuxième fois, l'alternance au pouvoir s'est déroulée démocratiquement à Madagascar. La première fois en 1993 entre le Pr Albert Zafy et l'Amiral Didier Ratsiraka. La seconde fois en 2019 entre le vainqueur Andry Rajoelina, le candidat battu Marc Ravalomanana et le Président sortant Hery Rajaonarimampianina. Quand on avait vu les mouvements de contestation des fraudes massives après le second tour, on ne s'est pas du tout attendu à la possibilité d'une alternance aussi paisible. La sagesse de tous les acteurs, pour ou contre le nouveau régime, l'a emporté. Félicitons le gouvernement, la HCC et la CENI qui ont su organiser une élection acceptée par l'ensemble des Malgaches, dans un contexte difficile. Remercions les sociétés civiles et la communauté internationale. Cette alternance a épargné à Madagascar de tomber dans une crise de plus. Des promesses, Andry Rajoelina en a fait. Va-t-il les réaliser ? Andry Rajoelina est un Président « TGV». Il va aller vite pour réaliser ses velirano (contrats et engagements). Il a dû prendre les mesures nécessaires pour éviter tout risque de déraillement. Il a repris, dans le sens des actions, des slogans de la première République : « Asa fa tsy kabary. Politikan'ny kibo ». (Des actes et non des palabres. Politique du ventre). Il sait que le peuple malgache attend du changement. Lors de la cérémonie de son investiture, la liesse populaire ainsi que la présence des chefs d'État, des représentants de pays amis et des organisations internationales, sont des signes de mobilisations interne et externe pour la transformation sociale, culturelle, économique et politique de la Grande île, dans un État de droit. Cette fois-ci, les conditions sont réunies pour que Madagascar puisse avancer afin de mieux vivre ensemble.
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