Leçons de botanique dans les rues de la capitale


Après être passés à Analakely puis montés à Antaninarenina, Elie Jouve, qui se transforme en guide, et Rakoto, qui s’intéresse aux diverses espèces d’arbres visibles dans la capitale, descendent d’Ambohitsorohitra vers Ambohidahy pour rejoindre Mahamasina (lire précédente Note).
  • Rakoto : Sur le talus de l’escalier qui descend vers Ambohidahy, ces grands arbres à feuilles découpées, rouges à la fin de la saison sèche, qu’est-ce que c’est ?
  • Elie Jouve : Ce sont des Liquidambar, remarquables par leur port majestueux et la beauté de leur feuillage rougissant à l’automne. Viens maintenant, descendons à Mahamasina. Vois-tu le lac Anosy, entouré de sa ceinture mauve de jacarandas ? Au milieu de l’ile, entourant le Monument aux Morts, regarde la couronne sombre des thuyas du Canada ou Thuya occidentalis dont le port, en forme de globe, s’harmonise si bien avec ce cadre imposant. Isolés sur une pelouse, ces thuyas constituent un bel ornement. Sur la digue qui donne accès au Monument aux Morts, les touffes d’arbustes que tu remarques, sont constituées par des Érables negundo ou érables à feuilles de frêne, des Althea et Bauhinier aux jolies fleurs blanches ou roses, des Tephrosia aux fleurs jaunes…
  • R. : N’y a-t-il pas d’eucalyptus ici ?
  • E.J. : Si. Entrons à l’intérieur de la Place Richelieu et admirons les magnifiques eucalyptus d’espèces diverses qui la peuplent. Voisinant avec eux, des rotra dont les Malgaches recherchent pour manger les fruits noirâtres à saveur acidulée et qui ressemblent à des olives. Tu trouveras les plus beaux spécimens sur la Route circulaire, à Ambodirotra. Et voici, ici même, toutes sortes d’essences : de grands filaos, des Grevillea, des Liquidambar, des jacaranda, des chênes encore, enfin des lilas de Perse que vous, Malgaches, nommez voandelaka, mais dont le nom scientifique est Melia Azedarach. C’est un bon arbre pour le reboisement ici, car il résiste bien à la sècheresse en perdant précocement son feuillage. Quant à son bois d’une teinte jaune clair, il est utilisable en menuiserie et même en ébénisterie. Et puis, voici des pins de Jeffrey et même, assez rares à Tana, des platanes, le climat leur étant plutôt défavorable.
  • R. : Mahamasina et ses environs sont aussi très arborés.
  • E.J. Oui. Autour du stade de Mahamasina, les peupliers de Caroline ou peupliers suisses, les mêmes que ceux déjà vus Place de la Gare de Soarano, attirent l’attention par leur taille imposante et leur belle ramure. Leurs feuilles, malheureusement, tombent trop vite et nous laissent six mois sans ombrage.
  • R. : Et si nous allons Place d’Ambohijatovo, Vazaha ?
  • E.J. : C’est vrai, nous y retrouverons la plupart des espèces déjà citées, mais qui y sont prospères : eucalyptus variés, jacaranda liquidambar, Grevillea, filaos, camphriers et chênes. De nouveaux spécimens s’offrent, cependant à la vue : des cyprès de Lawson Pendulata aux rameaux pendants, un cyprès chauve à feuilles caduques, des cyprès de Lambert aussi qui peuvent atteindre de grandes dimensions. À côté d’eux, des pins de Jeffrey ; des Lagerstroemia appelés ici goyaviers-fleurs, charmants arbustes dont les inflorescences disposées en panicules à l’extrémité de nouvelles pousses, sont d’un beau coloris rose; des Catalpa, espèce américaine très ornementale par son large feuillage et ses grappes de fleurs aux couleurs tendres, blanche, crème ou mauve ; des peupliers d’Italie fusiformes, espèce rare à Madagascar ; des niaoulis à l’écorce ignifuge, originaires de la Nouvelle-Calédonie ; des palmiers Vonitra qui donnent en forêt du crin végétal.
  • R. : Et cet arbre aux rameaux épineux mais très branchu, garni en ce moment de grosses et belles fleurs rouges, comment l’appelle- t-on ?
  • E.J: Tu devrais le connaitre, Rakoto, il a un nom facile à retenir pour un Malgache, Hazom-boay ou arbre du caïman, car il abonde dans l’Ouest, sur les berges des fleuves. Et les caïmans s’étalent sous lui pour la sieste. Les botanistes l’appellent Erythrina Crus Galli. À côté, le bel arbre, épineux également, à frondaison très développée, au feuillage léger et qui porte de grosses gousses dont les graines, comme de petites fèves, sont bonnes à manger, est un févier : Gleditschia tricanthes.
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