Le kilo de la vanille est vendu actuellement à 100 000 ariary. Un planteur à la fois acheteur de vanille, natif de la région Sava, s’exprime sur les problématiques actuelles de ce produit. Il dénonce le prix dérisoire de l’épice ainsi que la venue des non professionnels qui monopolisent actuellement la vanille. Quelles sont vos principales activités dans la filière vanille ? Je suis planteur et acheteur de vanille. C’est-à-dire que nous achetons ailleurs quand les produits de notre plantation n’arrivent pas à suivre les demandes. Je suis vice-président de l’association «Mpamboly Mitsinjo Lavitra ho an’ny Sambava», association des planteurs et collecteurs de vanille de la région Sava et vice-président de la cellule de sécurité villageoise de la commune rurale d’Anjangoveratra. Je suis le fils d’un célèbre collecteur surnommé « Viky Lavanila ». Nous sommes dans la vanille depuis des générations. Comment se présente la c a m p a g n e p o u r v o u s cette année ? C’est catastrophique. Et le mot est faible. La vanille verte est vendue à 30 000 ariary si 200 000 ariary le kilo au moins il y a quelques temps. La vanille préparée est achetée par les collecteurs, à seulement 100 000 ariary le kilo. Le prix plancher à l’exportation, fixé par le Conseil national de la vanille est de 250 dollars pour cette année. Pour rappel, le kilo se vendait à 450 dollars en 2014, 600 dollars en 2015, 700 dollars en 2018, 350 dollars l’année dernière et 250 dollars cette année 2020. Vous pouvez comprendre que les exportateurs y trouvent des bénéfices, mais nous planteurs et collecteurs, non. Notre produit est acheté à un prix dérisoire mais vendu à pas moins de 250 dollars à l’étranger. Comment expliquez-vous cela ? Le prix d’achat de la vanille verte a commencé à descendre en 2019 alors qu’il n’y avait pas encore de Covid-19. Ce prix fixe imposé depuis l’année dernière ne rend pas la vanille malgache compétitive par rapport à la Papouasie, Brésil ou Tahiti. C’est une pratique inédite sur le marché mondial. Le président Andry Rajoelina a promis de tripler le prix de la vanille verte et de la vanille préparée mais, le prix a trois fois diminué cette année. Nous avons constaté que le nombre d’agréments d’exportation a changé depuis 2019 avec 140 noms dont la plupart sont inconnus par les professionnels de la filière ici dans la Sava. Pour cette année 2020-2021, le nombre a encore diminué pour se retrouver à 124. La plupart des agréées pour cette année et celle de 2019 sont des personnes physiques et morales proches du pouvoir et implantées à Antananarivo. Mais s’ils arrivent à exporter, où est le problème ? Le problème est arrivé depuis la fixation des prix en 2019, décidée par le gouvernement. Il n’y a pas de concurrence et c’est la loi de la mafia, du plus fort. Beaucoup d’entre nous, qui sommes dans la filière depuis des années par exemple, ont déposé des demandes d’agrément, mais ne les avons pas obtenu. Au profit en revanche de certaines sociétés sises dans la capitale ou de personnalités politiques qui n’ont jamais exercé dans cette activité. Pourquoi, au con traire, n’a-t-on pas multiplié le nombre d’exportateurs professionnels pour qu’il y ait réelle concurrence. Le prix à l’international a certes baissé pour cause de pandémie et on dit que le marché de la vanille n’est donc pas intéressant mais pourquoi ces « exportateurs » proches du pouvoir se ruent-ils alors dans l’exportation et pourquoi on les laisse faire ? Quelles sont les pertes en chiffres réels ? Les acheteurs et collecteurs ont effectué des prêts en banque dans cette activité mais peinent actuellement à les rembourse r. J’ai par exemple acheté la vanille verte à 40 000 ariary le kilo, et pour obtenir 1kg de vanille préparée, il me faut 5 kg de verte, soit 200 000 ariary. Les exportateurs achètent le kilo à 300 000 ariary grand maximum et ne lésinent pas sur la qualité. Mais tient on compte des divers coûts pour la préparation, le transport, les indemnités journalières et autres, se chiffrant entre 100 000 ariary et 240 000 ariary par kilo ? Je n’ai vraiment pas de marges mais seulement des pertes. Sans parler des problématiques d’insécurité qui nous poussent à dormir dans des champs de vanille pendant six mois, en attendant l’ouverture de la campagne. La vanille diminue en quantité et en qualité à force de stagner sur place. De plus, les exportateurs ne paient pas cash. Les planteurs sont pourtant contraints de les vendre à ce prix dérisoire car ne possèdent pas de chambre froide pour les stocker. Le prix de la vanille sur le marché international, selon des sources en Allemagne par exemple, se situe entre 310 et 450 dollars. Que reste-t-il pour les planteurs alors, qui perdent au moins 500 000 ariary par kilo. Les exportateurs gagnent en moyenne 150 dollars soit 570 000ariary par kilo. Que suggérez-vous alors ? Revoir le prix de la vanille depuis le planteur jusqu’à l’exportateur. Supprimer le prix plancher qui noie la concurrence, et fait dégringoler le prix. Réviser la liste des exportateurs agréés. L’association des planteurs et collecteurs, appuyée par des parlementaires élus dans la Sava, et soutenus par la population en général qui souffre également de cette détérioration de la filière vanille, organisera incessamment une marche pacifique. Un événement particulier qui a pour objectif d’inciter les diverses autorités concernées par cette filière, à tout remettre en question.
Le kilo de la vanille est vendu actuellement à 100 000 ariary. Un planteur à la fois acheteur de vanille, natif de la région Sava, s’exprime sur les problématiques actuelles de ce produit. Il dénonce le prix dérisoire de l’épice ainsi que la venue des non professionnels qui monopolisent actuellement la vanille. Quelles sont vos principales activités dans la filière vanille ? Je suis planteur et acheteur de vanille. C’est-à-dire que nous achetons ailleurs quand les produits de notre plantation n’arrivent pas à suivre les demandes. Je suis vice-président de l’association «Mpamboly Mitsinjo Lavitra ho an’ny Sambava», association des planteurs et collecteurs de vanille de la région Sava et vice-président de la cellule de sécurité villageoise de la commune rurale d’Anjangoveratra. Je suis le fils d’un célèbre collecteur surnommé « Viky Lavanila ». Nous sommes dans la vanille depuis des générations. Comment se présente la c a m p a g n e p o u r v o u s cette année ? C’est catastrophique. Et le mot est faible. La vanille verte est vendue à 30 000 ariary si 200 000 ariary le kilo au moins il y a quelques temps. La vanille préparée est achetée par les collecteurs, à seulement 100 000 ariary le kilo. Le prix plancher à l’exportation, fixé par le Conseil national de la vanille est de 250 dollars pour cette année. Pour rappel, le kilo se vendait à 450 dollars en 2014, 600 dollars en 2015, 700 dollars en 2018, 350 dollars l’année dernière et 250 dollars cette année 2020. Vous pouvez comprendre que les exportateurs y trouvent des bénéfices, mais nous planteurs et collecteurs, non. Notre produit est acheté à un prix dérisoire mais vendu à pas moins de 250 dollars à l’étranger. Comment expliquez-vous cela ? Le prix d’achat de la vanille verte a commencé à descendre en 2019 alors qu’il n’y avait pas encore de Covid-19. Ce prix fixe imposé depuis l’année dernière ne rend pas la vanille malgache compétitive par rapport à la Papouasie, Brésil ou Tahiti. C’est une pratique inédite sur le marché mondial. Le président Andry Rajoelina a promis de tripler le prix de la vanille verte et de la vanille préparée mais, le prix a trois fois diminué cette année. Nous avons constaté que le nombre d’agréments d’exportation a changé depuis 2019 avec 140 noms dont la plupart sont inconnus par les professionnels de la filière ici dans la Sava. Pour cette année 2020-2021, le nombre a encore diminué pour se retrouver à 124. La plupart des agréées pour cette année et celle de 2019 sont des personnes physiques et morales proches du pouvoir et implantées à Antananarivo. Mais s’ils arrivent à exporter, où est le problème ? Le problème est arrivé depuis la fixation des prix en 2019, décidée par le gouvernement. Il n’y a pas de concurrence et c’est la loi de la mafia, du plus fort. Beaucoup d’entre nous, qui sommes dans la filière depuis des années par exemple, ont déposé des demandes d’agrément, mais ne les avons pas obtenu. Au profit en revanche de certaines sociétés sises dans la capitale ou de personnalités politiques qui n’ont jamais exercé dans cette activité. Pourquoi, au con traire, n’a-t-on pas multiplié le nombre d’exportateurs professionnels pour qu’il y ait réelle concurrence. Le prix à l’international a certes baissé pour cause de pandémie et on dit que le marché de la vanille n’est donc pas intéressant mais pourquoi ces « exportateurs » proches du pouvoir se ruent-ils alors dans l’exportation et pourquoi on les laisse faire ? Quelles sont les pertes en chiffres réels ? Les acheteurs et collecteurs ont effectué des prêts en banque dans cette activité mais peinent actuellement à les rembourse r. J’ai par exemple acheté la vanille verte à 40 000 ariary le kilo, et pour obtenir 1kg de vanille préparée, il me faut 5 kg de verte, soit 200 000 ariary. Les exportateurs achètent le kilo à 300 000 ariary grand maximum et ne lésinent pas sur la qualité. Mais tient on compte des divers coûts pour la préparation, le transport, les indemnités journalières et autres, se chiffrant entre 100 000 ariary et 240 000 ariary par kilo ? Je n’ai vraiment pas de marges mais seulement des pertes. Sans parler des problématiques d’insécurité qui nous poussent à dormir dans des champs de vanille pendant six mois, en attendant l’ouverture de la campagne. La vanille diminue en quantité et en qualité à force de stagner sur place. De plus, les exportateurs ne paient pas cash. Les planteurs sont pourtant contraints de les vendre à ce prix dérisoire car ne possèdent pas de chambre froide pour les stocker. Le prix de la vanille sur le marché international, selon des sources en Allemagne par exemple, se situe entre 310 et 450 dollars. Que reste-t-il pour les planteurs alors, qui perdent au moins 500 000 ariary par kilo. Les exportateurs gagnent en moyenne 150 dollars soit 570 000ariary par kilo. Que suggérez-vous alors ? Revoir le prix de la vanille depuis le planteur jusqu’à l’exportateur. Supprimer le prix plancher qui noie la concurrence, et fait dégringoler le prix. Réviser la liste des exportateurs agréés. L’association des planteurs et collecteurs, appuyée par des parlementaires élus dans la Sava, et soutenus par la population en général qui souffre également de cette détérioration de la filière vanille, organisera incessamment une marche pacifique. Un événement particulier qui a pour objectif d’inciter les diverses autorités concernées par cette filière, à tout remettre en question.