Exactions militaires - Des gendarmes commettent quatre exécutions sommaires


Arrêtés, ligotés et sommés de se mettre à genoux, un individu est égorgé au couteau et ses trois compagnons abattus à bout portant par des gendarmes. Une vidéo tournée par les bourreaux eux-mêmes suscite émoi et colère collectifs. Des exécutions qui incarnent les pratiques bestiales de l’organisation terroriste islamiste Al-Qaida. Des gendarmes ont commis une quadruple exécution nourrie d’actes de torture, de cruauté et de traitements cruels inhumains et dégradants à Ambatofinandra­hana. Dans une vidéo tournée par les auteurs mêmes de ces graves violations des droits de l’homme, un gendarme a enlevé au couteau l’oreille d’un suspect arrêté pour ensuite obliger son compagnon d’infortune à le manger cru. Après cette pétrifiante atrocité, l’individu a été égorgé sous le regard impuissant et terrifié de ses trois compagnons, à leur tour abattus à bout portant un à un au pied d’un manguier, situé non loin d’un camion de transport de troupes. Devant ces scènes dépassant l’entendement, les bourreaux narguent les tabous et se délectent de la mort des quatre suspects en se permettant de prendre des selfies. Les faits remontent en 2018, lors d’une mission d’arrestation conduite par les forces de gendarmerie. Des éléments des Forces d’Inter­vention de la Gendarmerie Nationale (FIGN) au Fort Duchene, des hommes de la compagnie territoriale d’Ambatofinandrahana ainsi que des gendarmes venant de Fianarantsoa se retrou­vent cloués au pilori. Cette expédition punitive est la riposte à un guet-apens meurtrier tendu par des bandits de grand-chemin contre un peloton de gendarmes, dépêchés dans cette partie de la région d’Amoron’i Mania pour restaurer la sécurité, et pour contrecarrer la flambée d’actes de banditisme qui insufflait une terreur ambiante. Alors qu’une des sections quittait la zone du déploiement opérationnel après avoir accompli sa mission, des bandits prêts à en découdre lui ont tendu une embuscade, tuant ainsi deux gendarmes dans un déluge de balles, selon une source territoriale au sein même de ce corps. Après cette attaque outrageuse, la gendarmerie a élaboré une opération visant à identifier et à arrêter les auteurs de l’assaut sanglant qui visait à laminer les hommes de la section prise pour cible. En revenant à charge, les gendarmes ont arrêté les quatre suspects, abattus et torturés avec atrocité, toujours selon le même interlocuteur. Sept incarcérations Joint au téléphone et invité à apporter plus de précisions susceptibles de permettre de faire la lumière sur cette affaire épineuse, le commandant de la Circons­cription Inter-Régionale de la Gendarmerie Nationale (CIRGN) à Fianarantsoa a expliqué que ces faits troublants remontent du temps où il n’avait pas encore rejoint son actuel poste et a de ce fait orienté vers le commandement du Toby Ratsiman­drava. Un peu plus d’un an après les actes de barbarie commis, la vidéo est tombée entre les mains de défenseurs des droits de l’homme. Ces derniers ont saisi le secrétariat d’État en charge de la gendarmerie nationale il y a environ trois semaines. D’après les informations communiquées, la vidéo a été laissée aux bons soins du Secrétaire d’État en personne qui, à son niveau, a pris les mesures qui s’imposent. La semaine dernière, une enquête a été ouverte. « Les gendarmes soupçonnés d’être trempés dans cette affaire ont fait l’objet de signature d’ordre de poursuite. Traduits devant le parquet avant-hier (NDLR: lundi), sept d’entre eux ont été jetés en prison. Quatre des gendarmes incriminés sont placés en détention préventive à la maison de force de Tsiafahy et trois de leurs frères d’arme sont, en revanche, placés sous mandat de dépôt à la maison centrale d’Antani­mora », indique une source auprès du commandement de la gendarmerie nationale. Des gendarmes servant dans les rangs ainsi que des gradés seraient parmi ces éléments incarcérés. « Il n’y a pas de place pour le corporatisme au sein de ce corps. Le secrétaire d’État manifeste d’ailleurs une volonté affichée pour venir à bout de ce fléau et a déjà tracé le leitmotiv », conclut l’officier-supérieur.  
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