Sans voix ni loi


Ni vu ni entendu. La semaine internationale des muets du 21 au 27 septembre est célébrée de façon silencieuse. Aucune manifestation particulière organisée à l’intention de cette catégorie de personnes qui fait partie intégrante de la société. Il est vrai que l’État a déjà du mal à s’occuper des valides qu’il n’a le temps de se pencher sur le cas de deux cent mille personnes, l’effectif estimé des muets. Néanmoins, l’État a choisi comme thème de cette semaine internationale « La langue des signes pour tous ». Un bien ambitieux objectif dans la mesure où parmi la communauté des muets, seul 1% sait communiquer avec la langue des signes soit deux mille individus. Il reste ainsi beaucoup d’efforts à faire même si la télévision nationale s’y met depuis longtemps du moins lors du journal télévisé. Ailleurs c’est tout le programme qui est traduit en langue des signes. Certains films sont mêmes « visibles » pour les non voyants. Certaines chaînes diffusent des initiations à la langue des signes dont les animateurs sont des enfants. On a la chance de compter quarante six enseignants diplômés en langue des signes. Ce n’est pas assez mais il faut vraiment avoir une sacrée abnégation pour s’y consacrer. L’objectif de la petite communauté des sourds est de faire de la langue des signes une langue officielle inscrite noir sur blanc dans la Constitution comme c’est le cas dans quarante six pays à travers le monde. Plusieurs pays africains comme le Zimbabwé, le Kenya et l’Ouganda l’ont déjà fait. En Afrique du Sud, la loi accepte la langue des signes. Le chemin est encore long pour y parvenir. En attendant, à l’image des autres handicapés, les muets éprouvent toutes les peines du monde pour trouver leur place dans la société. Le monde compte soixante-dix millions de muets mais 20% seulement sont scolarisés selon une source particulière. Il va sans dire que pour trouver un emploi, un muet doit prouver des qualités exceptionnelles. À Madagascar, quelques centres s’occupent des muets à l’instar de Akama 67 ha dont onze sur quinze candidats ont eu leur diplôme de CEPE. Un résultat encourageant pour les responsables de ce centre qui lutte tout seul dans l’éducation et la scolarité de ses pensionnaires. Les écoles spécialisées dans l’éducation des enfants muets ou sourds sont rares. Il n’existe que celles qui sont là depuis la nuit des temps avec la vétusté des infrastructures et du matériel. Les muets se réorientent surtout dans l’artisanat, la menuiserie pour gagner leur vie plus tard. Il leur est très compliqué d’envisager de faire des études supérieures avec leur handicap. Aucune université ni institut n’est équipé de matériel spécial pour étudiants muets. Mais à force de courage et de volonté, quelques uns y arrivent. En attendant que les choses changent, les muets doivent subir les affres d’un monde sans voix ni loi de la minorité silencieuse.
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