Affrontement entre manifestants et forces de l'ordre à Soamahamanina


La situation s'est enflammée à Soamahamanina, une commune rurale située à 68 km d'Antananarivo, la capitale de Madagascar. Les contestataires de l'exploitation aurifère et les forces de l'ordre ont bataillé sur la RN1. Embrase­ment. Au sens littéral, comme au figuré, la forte contestation par les habitants de l'exploitation aurifère opérée par la société chinoise Jiuxing Mines a enflammé la commune rurale de Soamahamanina, jeudi. Le délai de cinq jours donné par les contestataires afin que l'État enjoigne à l'entreprise chinoise de plier bagage et quitter Soama­ha­manina, a pris fin, hier. Une mise en demeure à laquelle le Gouvernement a, jusqu'ici, opposé le silence. En réaction, les habitants de la localité regroupés au sein de l'association Vona Soamaha­manina ont tenu une manifestation pour affirmer leur mécontentement et leur revendication. Vers 10 heures 30, plusieurs centaines de villageois, banderoles et méga­phones aux mains pour certains, ont fait le tour de la commune rurale et ont, ensuite, investi la route nationale numéro 1. Arrivé au niveau du pont dit d'« Ikalariana », ils se sont confrontés à une garnison d'éléments de l'État major mixte opérationnel (EMMO), conduit par le général Florens Rakotomahanina, commandant de la Circonscription interrégionale de la gendarmerie nationale (CIRGN). Solution  Après environ une heure d'échange d'amabilités, les bousculades entre les manifestants et les hommes de l'EMMO ont commencé. Vers 11 heures 30, les poussées se sont muées en coups de poing, et coups de pied. Les villageois ont, ensuite, assailli les forces de l'ordre de jets de pierre. Acculé, l'EMMO s'est décidé à faire pleuvoir les grenades lacrymogènes. Le face-à-face a conduit à l'incendie des broussailles et des quelques arbres attenants à la portion de la RN1, transformée le temps de la quinzaine de minute d'altercation, en un champ de bataille. Bilan de la journée, une femme blessée au visage, un manifestant appréhendé, mais finalement, relâché après négociation et, une végétation incendiée. « Nous ne cèderons pas. Nous ne reculerons pas, même si vous protégez les intérêts étrangers, nous savons que notre revendication est légitime car, nous protégeons la terre de nos ancêtres », a été scandé au milieu des manifestants. Pierre Robson, chef de file de l'association Vona Soamahamanina, pour sa part, a affirmé :
« La manifestation reprendra jeudi prochain. Nous allons appeler les communes des environs, les habitants d'Antananarivo à nous prêter main forte afin de déloger ces exploitants chinois de nos terres ».
En réponse, le général Florens Rakotomahanina a soutenu que plus aucun débordement ne sera toléré à Soamahamanina.
« Nous savons maintenant ce qui nous attend. Aussi, nous allons prendre des mesures plus strictes. Il n'est pas à écarter d'interdire toute manifestation, voire tout attroupement ».
À Mampikony, hier, Solonandrasana Olvier Mahafaly, Premier ministre, a essayé de tenir un discours conciliateur au sujet des hostilités face aux investisseurs étrangers dans le domaine minier. « Les représentants de l'État doivent jouer le rôle de médiateur et informer le gouvernement de la situation. Vous avez l'obligation de surveiller les activités des exploitants, de vérifier la légalité des documents en leur possession et d'en informer l'État central en cas de problème (…) », a-t-il déclaré. Certes, mais force est de constater que le pouvoir ne semble pas avoir de solution idoine et durable. La refonte du code minier, en tenant compte de la culture et des enjeux locaux, semble urgente. Un texte prévoyant, réellement, un partenariat gagnant-gagnant qui ne soit pas imposé à la population mais dont-il s'approprie. Début des arrestations Rafle. D'après les informations, les forces de l'ordre ont démarré l'arrestation de ceux qui sont considérés comme les leaders de la manifestation des habitants de Soamahamanina. Aussi, Pierre Robson de l'association Vona Soamahamanina aurait été appréhendé, hier, en fin d'après-midi et détenu à Miarinarivo. Le motif de l'arrestation n'est, pour l'heure, n’a pas été communiqué. Si l'on en croit la scène qui s'est déroulée dans la soirée d'hier, au siège de la station Viva, à Ambodivona, Augustin Andriamananaro, membre du bureau national du groupe des partisans de Andry Rajoelina (Mapar), natif de Soamahamanina et ayant pris part à la manifestation d'hier, serait, également, sur la liste de ceux à arrêter. À l'issue d'une interview sur le plateau de Viva événement, des éléments de l'EMMO ont tenté d'appréhender l'ancien ministre sur le parking de la station télévisée. S'étant débattu, il s'est ensuite, réfugié dans les locaux de Viva, où deux gendarmes l'ont poursuivi jusqu'à faire irruption en plein direct du journal du soir, avant de rebrousser chemin. Jusqu'à tard dans la nuit, Augustin Andriamananoro a refusé de quitter le studio de la station privée, tandis que les gendarmes l'attendaient, encore, sur le parking. Garry Fabrice Ranaivoson
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