Nicole Ramalalanirina - « Le plus dur reste à faire »


De passage au pays, Nicole Ramalalanirina finaliste olympique du 100 m haies, a vu la ferveur populaire autour des Barea. Elle s’en réjouit mais estime que le plus dur reste à faire sur le plan sportif en général. De son physique de hur­dler, elle n’a rien perdu. Nicole Ramalalanirina, l’ancienne médaillée d’or du 100m haies des Jeux des îles 1990 et des Jeux de la Francophonie 1997, sextuple championne de Fran­ce passe quelques jours de vacances en famille au pays. Une opportunité qui coïncide avec l’exploit des Barea, objet d’une ferveur populaire sans précédent. Un événement qui ne l’a pas laissé indifférente. « J’étais à Nosy-Be et j’ai jamais vu une telle fierté à son équipe à son pays. Je me sentais heureuse étant donné que les gens ont fini par encenser le sport et les sportifs » révèle-t-elle. Un bel élan qui donne du baume au cœur pour la championne dont la mère a découvert les exploits à son insu dans la presse. Eh oui, Nicole pratiquait l’athlétisme en catimini. Sa mère avait raison de l’interdire dans un pays où la pratique du sport n’offre aucune garantie d’ascension sociale. Les études devraient passer avant tout. Vingt ans après rien n’a presque changé. « Je suis passée au stade d’Alarobia pour revoir les amis athlètes et j’ai constaté que les conditions n’ont guère changé par rapport à ce que j’ai vécu il y a vingt ans voire plus ». Une façon de dire que si l’on veut pérenniser la performance des Barea, il faut changer beaucoup de choses. « Le plus dur reste à faire maintenant si l’on veut maintenir le niveau des Barea. Il faut beaucoup de travail, préparer la relève, trouver un encadrement approprié pour que cette réussite ne soit pas un feu de paille ». Nicole apprécie l’engagement du président vis-à-vis des Barea mais souligne qu’il n’y a pas que le foot. « Désormais les gens seront exigeants quant aux performances des athlètes dans les compétitions internationales. Ils n’accepteront pas des performances en deçà de celles réalisées par les Barea, ils ne tolèreront pas que l’honneur du pays soit terni par des mauvais résultats. Les Barea sont plus que jamais la référence, le seuil minimum. Les responsables n’ont plus aucun droit à l’erreur. Il faut savoir qu’il faut beaucoup de paramètres pour pouvoir accomplir de tels résultats. Les athlètes doivent bénéficier de conditions optimales de préparation et de compétition. Ce qui n’est toujours pas le cas », précise Nicole. De ce constat aux Jeux des îles, le pas est vite franchi. Elle déplore les conditions dans lesquelles les athlètes se trouvent ainsi que la préparation un peu bâclée. Il y a du travail à faire pour pouvoir rester dans cette merveilleuse dynamique enclenchée par les Barea. « Il ne faut pas brûler les étapes. Le développement du sport obéit à quelques préceptes qu’il faut respecter. Il faut d’abord une réelle volonté de mettre le sport là où il doit se trouver dans la politique de développement du pays. Il faut que l’Etat définisse ce qu’il compte faire du sport. Le fait est que de par le monde, le sport est devenu une véritable économie, un levier de développement. En Jamaïque, l’Etat mise carrément sur le sport en général et l’athlétisme en particulier pour l’épanouissement des jeunes. Et c’est réussi pourtant la Jamaïque est aussi pauvre que nous. Les Jamaïcains ont fait de l’athlétisme leur diplomatie après le reggae. » Des messages assez clairs adressés aux décideurs respectifs que l’opinion attend désor­mais au tournant à chaque compétition internationale. Herisetra
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