Salia Sanou - « Les jeunes ont besoin de s’exprimer à travers l’art »


Chorégraphe et danseur professionnel de renom, le Burkinabé partage sa perception de la danse contemporaine en Afrique et sa vision des danseurs malgaches. Présentez-nous Salia Sanou. Je suis danseur et chorégraphe, originaire du Burkina Faso, et je travaille beaucoup en France. Je jongle donc entre l’Afrique et l’Europe, ce qui se voit dans mes œuvres et mes créations. Ma carrière artistique s’est ainsi construite autour de ces voyages entre les deux continents, pour lesquels je crée un lien à travers la danse. Je me sers essentiellement de cet échange culturel entre l’Europe et l’Afrique pour nourrir mes créations. En tant que chorégraphe, vous avez aussi une compagnie. J’ai ma propre compagnie qui s’appelle « Mouvement perpétuel » en France, avec laquelle je me consacre à la création de mes spectacles. Là, on vient de finir une œuvre chorégraphique qui s’intitule « Du désir d’horizons » qui parle des conditions humaines des refugiés à travers le monde, notamment au Mali où j’ai pu les découvrir et m’imprégner de leur quotidien dans le cadre d’un projet qui s’appelle « The refugees on the move ». On contribue ainsi, grâce à la danse, à aider à leur développement personnel et à leur épanouissement, puisqu’ils sont invités à participer activement à ce spectacle inédit. J’ai aussi un centre de création chorégraphique qui s’appelle « La termitière », basé au Burkina Faso, qui se présente comme un lieu de rencontre et d’échange où l’on invite tous les jeunes danseurs et chorégraphes africains à se joindre à nous, pour créer. On fait en sorte que les créations chorégraphiques et l’art, en général, aident la population africaine ou les gens en difficulté à retrouver espoir et à avoir un avenir meilleur. En tant qu’artistes, il est de notre rôle d’être des veilleurs pour lasociété grâce à notre art. MAG2Êtes-vous à Madagascar pour rencontrer de jeunes danseurs ? Je me plais aussi à faire un travail d’accompagnement pour les jeunes danseurs, je vis pour ça. C’est en effet l’objet de ma venue ici à Madagascar. J’apprécie de collaborer avec Ariry Andriamoratsiresy et Lovatiana Rakotobe, tout en étant solidaire avec ce qu’ils font, car la danse c’est aussi la solidarité et la fraternité. Car la danse contemporaine, ici en Afrique, fait son petit bonhomme de chemin et gagne de plus en plus en intérêt auprès des jeunes. La danse contemporaine, c’est la danse de la création tout court et la jeunesse malgache et africaine actuelle regorge de créativité. Les jeunes sont actifs et ont constamment besoin de s’exprimer ; l’art et la danse sont d’excellents moyens pour s’exprimer autant sur la pauvreté, sur la démocratie fragile, ou même sur la liberté d’expression en soi. La danse s’affirme ainsi comme un témoignage pour eux, ça les aide à témoigner du quotidien, de l’actualité  et de leur vécu. Cela passe aussi bien autant à travers la danse urbaine que la danse traditionnelle ou la danse classique. Quels sont les thématiques les plus abordées en Afrique  ? Sincèrement, je pense que cela reste avant tout la violence sous toutes ses formes. On parle autant d’une violence économique ou politique que sociale. Comme on témoigne de beaucoup de choses, on ne peut rester les bras croisés sans en témoigner. Après, il y a aussi cette liberté d’expression souvent remise en cause, vous en savez certainement plus sur le sujet que moi. De plus, de part et d’autre du globe, de plus en plus d’artistes sont soumis à la censure, c’est donc là une thématique qui reste également importante aux yeux des danseurs contemporains. Il subsiste une grande variété de thématiques que les danseurs contemporains africains se plaisent à aborder, mais en général cela tourne autour de ces grands axes. [caption id="attachment_4283" align="aligncenter" width="186"]Une personnalité forte et charismatique sur la scène de la danse contemporaine africaine, Salia Sanou prône la solidarité à travers son art. Une personnalité forte et charismatique sur la scène de la danse contemporaine africaine, Salia Sanou prône la solidarité à travers son art.[/caption] Quelques mots sur les danseurs contemporains malgaches ?  Je travaille ici sur un travail d’accompagnement des jeunes danseurs dont s’occupe la fameuse chorégraphe Lovatiana Rakotobe et sa compagnie. Je salue personnellement son initiative de créer et de travailler pour de jeunes passionnés de danse qui sont vraiment particuliers. Elle a réussi à mettre en avant le talent de jeunes malvoyants pour la danse contemporaine et c’est pour moi des plus surprenants. Je suis très admiratif car elle aide à valoriser leur savoir-faire pour la danse en démontrant que tout est possible. Il y  a aussi ce travail tout aussi incroyable qu’Ariry Andriamoratsiresy fait avec les jeunes. Je suis ici pour redécouvrir, m’imprégner et communier avec eux à travers la danse. La danse contribue à forger la mentalité des jeunes d’aujourd’hui pour que, plus tard, on ait une nouvelle génération plus solidaire et créative pour notre société future.  Le fruit de cette collaboration, vous le découvrirez sur cette scène de l’Institut français de Madagascar (IFM) aujourd’hui même à partir de 15 heures.
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