Délit de presse - De lourdes amendes pour une autocensure


Faramineux. Et le mot est faible pour qualifier le montant des amendes prévues par le Code de la communication pour punir les infractions et délits de presse. Des sommes colossales qui, certes, pour certains sont moins élevées que les salaires et avantages des parlementaires et membres du gouvernement, mais qui, par rapport au revenu mensuel d'un journaliste, équivalent à le mettre à la rue à l'issue d'un seul procès perdu. Tout comme elles peuvent contribuer à la fermeture d'un organe de presse, notamment, audiovisuel dont les chiffres d'affaires sont assez bas. S’il est vrai que ces sanctions pénales ont avant tout un caractère dissuasif, il n’en demeure pas moins que le simple fait pour les pouvoirs publics de les doubler, voire les quintupler dans certains cas, par rapport à ce qui a été prévu initialement, témoigne d’une velléité d’obliger le journaliste à s’adonner à l’autocensure. Autrement dit, à une rétention d’informations qui, il faut le reconnaître, n’est pas pour jouer en faveur du droit de la population à l’information. Pour des faits comme l'atteinte à la vie privée, au droit à l'image, ou la diffamation contre l'État, une institution étatique ou un corps constitué, et la diffusion de fausses nouvelles, par exemple, les amendes ont été revues à la hausse et fixées entre un et six millions d'ariary. Pour l'injure, le minimum est fixé à un million d'ariary et le maximum ira jusqu'à dix millions d'ariary. Comme l'explique Reporter sans frontières dans un communiqué, « certains articles de cette loi sont une atteinte fondamentale à la liberté de l'information. Le journaliste n'a pas pour fonction d'être un gardien de la paix sociale, mais de donner l'information, même si celle-ci dérange. La disproportion des peines envoie un message tout à fait menaçant aux journalistes qui risquent de tomber dans l'auto­censure. D'autant plus que les processus de qualification des faits restent flous ». La Rédaction
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