Portrait - Emma Ralalavola, le volley-ball pour la vie


Elle joue au volley-ball depuis 50 ans. Cette étoile de l’équipe nationale durant dix-huit années, âgée aujourd’hui de 63 ans, n’a jamais « perdu la main » pour le volley-ball. Emma Ralalavola ne joue plus officiellement au sein d’une équipe, mais ses expériences dans ce sport collectif sont plus que marquantes et lui permettent de livrer des conseils pour des jeunes volleyeurs d’aujourd’hui. F ara, comme tout le monde l’appelle, étant la dernière d’une fratrie, a sillonné le monde, par le biais du volley-ball et pour le volley-ball. Elle a connu ses premières rencontres internationales à l’âge de dix-sept ans. Par la suite, les victoires s’enchaînaient. Les équipes dans lesquelles elle a joué, ont raflé des médailles d’or pour ne citer qu’au festival panafricain de Lybie en 1982, aux deuxièmes et troisièmes Jeux des îles de l’océan indien en 1985 et 1990. Fara a appartenu à l’équipe nationale féminine de volley-ball pendant 18 ans, de 1973 à 1991 et a rayonné en tant qu’attaquante. Un début prometteur La volleyeuse a grandi dans une famille de sportifs. Elle a commencé à pratiquer le volley-ball de quartier avec ses frères aînés, dans l’équipe « Etoile filante d’Ampefiloha » en 1969. Elle n’avait que 12 ans. « A cette époque, une simple corde nous servait de filet mais cela ne nous empêchait pas de jouer et d’avoir de l’ambiance. C’était derrière l’hôtel Carlton d’aujourd’hui » décrit-elle. La petite Fara a connu les terrains des sœurs de Saint Joseph de Cluny, (championne FMS en 1970), de Maria Manjaka, de Saint Michel où son équipe a brillé pendant les tournois OSSUM (Organisation sportive scolaire et universitaire de Madagascar). En 1971, Fara suivait sa sœur, feue Léa Rasoambola, alors joueuse et passeuse de l’équipe de l’ASPTT, aux divers matchs organisés. « Un jour, le nombre de joueuses sur terrain manquait, qu’on m’appelait à la rescousse pour devenir la sixième joueuse. Ma mission principale pourtant, a été de porter les effets personnels de ma sœur qui devait affronter un match. Je n’avais pas de tennis et jouais pieds nus» poursuit la sportive en décrivant l’ambiance d’antan  au gymnase de Mahamasina. Fara devient titulaire d’une licence à 14 ans et jouait dans l’équipe de la Poste. L’ASPTT avait pu vaincre la championne en titre qu’était l’équipe « Hasindrazana », alors tenante du titre pendant des années. « Cette victoire m’a encore plus motivée à continuer et à faire mieux » ajoute Fara, dans son récit. Et chose faite, elle fut sélectionnée pour l’équipe nationale en 1973. Premier tournoi international au Québec Canada, lors d’un festival international de la jeunesse des pays francophones et revient avec une médaille de bronze. Corrigé par le Japon Alors étudiante au Centre universitaire régionale (CUR) de Toamasina en 1979, elle a été appelée à participer à l’Universiade de Mexico. « C’était une rencontre entre équipes universitaires du monde entier. Cette expérience nous a permis de comprendre à quel point, le volley-ball mondial se jouait à très haut niveau. On a été battu trois sets à zéro, (15- 0, 15-1, 15-0) par le Japon » évoque Fara, avec un rire. Mais, l’expérience de Mexique a donné du fil à retordre et en 1982, son équipe a été médaillée d’or au festival panafricain de Lybie, puis aux Jeux des îles de l’océan Indien, deux fois de suite, en 1985 et en 1990. Sans parler de la médaille d’argent lors des Jeux des villes de l’océan Indien de La Réunion en 1988 au nom de la BTM. De ses nombreux autres tournois internationaux, celui de 1974 au Canada l’a marqué. « Une spectatrice malgache, Mme Biki, est venue me voir à la fin du match et m’a dit que je jouais bien et que devais continuer dans cette voie » racontet-elle. Le volley-ball est un sport de famille, et c’est par le volley-ball, qu’elle a connu son mari, Samuelson Rakotonandrasana, alors joueur de l’équipe de l’ASSUM. La sportive (et non pas ancienne sportive), car elle l’est toujours du haut de ses 63 ans, raconte son parcours avec une aisance sans pareil. Fara est de nature très calme, très posée car c’est « celle qui ne crie jamais », raconte sa famille. « Ma mère est comme cela, sur terrain que dans la vie quotidienne. Toujours calme ! » révèle sa fille, Laura Rakotonandrasana, elle aussi volleyeuse de VBCD et élue meilleure joueuse en 2011. Outre l’ASPTT, ou encore l’équipe de la BTM (aujourd’hui BOA, où elle a passé sa carrière de banquière jusqu’à sa retraite), d’autres équipes comme ASSUM, CAVAGI, Hasindrazana de Toamasina, ou encore l’équipe de la Brasserie Star, ont eu l’honneur d’avoir Fara comme attaquante. Club Maman La mère de famille n’a jamais abandonné le volleyball. En 1998, avec d’autres joueuses dont l’âge commençait à avancer, elles ont rejoint le « Club des Mamans de Tananarive », ou Club Maman pour faire court. « C’est un club de feeling des femmes en âge mûr, adeptes du volleyball » explique gaiement Fara. « Nous prenons tout en charge nous-mêmes. Le ballon, les maillots ou encore les rafraîchissements. N’empêche que nous étions vice-championnes de Madagascar en 2002 ! » ajoute-t-elle encore qui enchaîne aujourd’hui avec d’autres sports tel que le lawn-tennis et la natation. Du temps de Fara, le fait qu’il y eut de nombreuses rencontres et de nombreux clubs, accomplissait la renommée du volley-ball. « Actuellement, je constate que ce sont les éducateurs physiques qui ne sont pas motivés à faire apprendre le volley-ball aux jeunes d’aujourd’hui. C’est peut-être qu’ils n’aiment pas trop ce sport au profit du basket-ball par exemple» regrette Emma Ralalavola. A elle de souligner également, que le processus de mutation des joueurs vers d’autres clubs, est trop compliqué, ou est rendu compliqué par les clubs, ligues et fédérations, rendant les fleurs de la relève quasi-inexistantes. Elle propose de faire revivre l’OSSUM, d’organiser autant de matchs que possibles. « Aux jeunes volleyeurs, ne soyez pas trop occupés par l’attaque lors d’un match, puisque c’est un sport collectif, c’est toute une organisation, donc, le service, la réception, la passe, l’attaque et même les contres, comptent. Soignez vos défenses basses. Ne misez pas tous sur le libéro, ce n’est pas un robot car il ne remplace qu’un joueur sur terrain » suggère-t-elle.
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