Les recommandations de Georges IV à Radama Ier


Au lendemain du traité anglo-malgache d’octobre 1820, le prince Ratefy est envoyé en Grande-Bretagne par Radama Ier. C’est la première ambassade envoyée à l’étranger par un roi de Madagascar. Radama désigne les princes Ratefy et Andriantsimisetra, ses beaux-frères, afin d’accompagner les jeunes envoyés à Maurice et en Angleterre « pour être éduqué ». Le second ne doit pas aller au-delà de l’ile Maurice, mais rentrer aussitôt au pays. Au contraire, le prince Ratefy et Andriamahazonoro, conseiller venu de la Matitanana qui connaît l’écriture en caractères arabes, devront poursuivre jusqu’en Angleterre et conduire les jeunes gens qui y étudieront. Ils passent deux ou trois mois à Maurice qu’ils quittent au début de l’année 1821 pour la Grande-Bretagne, guidés par George Harrisson désigné par le gouverneur de l’ile, Sir Robert Farquhar. D’après l’historien Raombana, quelques années plus tard, leur arrivée en Angleterre provoque, sur la population de Londres, « un choc électrique ». Jusqu’alors, les habitants de Madagascar sont inconnus des Anglais. « Des mœurs et des coutumes malgaches, ceux-ci n’avaient aucune idée. » Avec deux ou trois compagnons, le prince est présenté au roi George IV qui les reçoit de « la plus obligeante façon » et offre à Ratefy de nombreux présents. Par l’intermédiaire de Verkey, qui parle le français créole, Sa Majesté britannique demande à Ratefy de transmettre ses recommandations au roi de Madagascar. Verkey, plus exactement Ravarika, est l’un des neuf jeunes gens choisis par Radama en 1820, avec Raombana et son frère jumeau, Rahaniraka, pour aller s’instruire en Angleterre. Esclave à Maurice, il est ramené à Madagascar en 1817, comme interprète, par le capitaine Lesage, second ambassadeur de Sir Robert Farquhar auprès de Radama. Les recommandations de Sa Majesté britannique portent sur plusieurs points : respecter et sans défaillance, le traité conclu avec lui-même, ce qu’en fait, Ratefy, au nom de Radama, vient exactement demander à George IV. Mais aussi bien gouverner ses sujets « dont il est le roi par la volonté de Dieu », « traiter avec bonté les peuples soumis ». Et surtout encourager la propagation de la religion chrétienne, car l’expérience prouve « que plus un peuple embrasse la religion chrétienne, plus sage, il devient et plus facilement, il est gouvernable ». Lui-même, Ratefy devra rapporter fidèlement à son roi les paroles prononcées et les conseils donnés par George IV. Ce dernier insiste sur un fait : de Ratefy aussi dépendra le bonheur de Madagascar parce qu’il aura fait le voyage d’Angleterre et vu ce puissant royaume. Et parce que « ses avis, bons ou mauvais, seront évidemment plus écoutés  et avec plus de confiance, par Radama que ceux d’aucun autre de ses courtisans, amis ou parents, jamais sortis de la Grande ile ». Ainsi, s’il donne constamment à son roi, de bons conseils, « il assumera le bonheur du peuple malgache et les générations à venir le béniront, lui et sa future descendance ». Et si, au contraire, il donne à Radama de néfastes avis continuellement, « les misères et les malheurs du peuple malgache ne feront que croitre ». Accompagné de quelques-uns des jeunes gens, le prince Ratefy est ensuite conduit à la Grande assemblée de la Société des Missions de Londres, qui se tient chaque année le 1er mai. À la foule rassemblée, on donne lecture de la lettre de Radama. D’après Raombana, les Anglais en sont surpris, mais très agréablement, et tout autant de l’aspect de ces étrangers. « Alors, unanimement, les directeurs de la LMS et le peuple d’Angleterre, plein de piété, résolurent de dépêcher à Tananarive, non seulement des missionnaires pour travailler et enseigner en liaison avec M. Jones, mais aussi des artisans, tels un forgeron-charpentier, un tisserand, un tanneur, un cordonnier, etc. Par la suite, ces hommes sont envoyés à Madagascar et bien accueillis du roi Radama et son peuple. »
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